Entrer dans les proseries de Lambert Schlechter, c’est comme entrer par effraction dans une maison aux portes grandes ouvertes au petit matin.
Category Archive: Livres
L’actualité des publications françaises et étrangères ; fiction et non fiction. Sans exhaustivité, parce qu’elle est impossible et sans contrefaçon (mais pas que par des garçons). Des choix, des passions, de grosses colères aussi. La lecture des têtes de gondole que nous mettrons parfois au carré. Des portraits des acteurs du monde du livre. De longs entretiens parce qu’un livre ou une collection, ce ne sont pas deux ou trois phrases choc. Et parce que l’actu est trop souvent un diktat (et une course contre la montre perdue d’avance), de grands livres publiés dans les mois ou les années, voire les décennies et même siècles qui précèdent, parce que les grands livres n’ont pas de date de péremption.
L’âge est aux apocalypses. Il semble que le XXIe siècle dessoûle du culte du progrès qui enivra l’âge moderne et que la cuite soit sévère : au lieu d’aller vers son mieux, le monde va vers sa fin. Tous les marqueurs seraient au pire.
Le vendredi 7 février 2020, il y a bientôt un mois déjà, la tragique nouvelle est tombée : Pierre Guyotat venait de nous quitter. C’est peu de dire qu’avec lui, une des voix les plus magistrales de la littérature contemporaine venait de s’éteindre. Pour en évoquer la puissance aussi neuve qu’inégalée, Diacritik a désiré donner la parole, après Colette Fellous et Marianne Alphant aujourd’hui au romancier Pierre Chopinaud qui est le dédicataire de Coma car celui à qui Guyotat dicta le manuscrit durant de longs mois. Nous vous invitons à lire son précieux témoignage où se donnent à lire l’amitié des deux hommes, de deux écrivains. Que Pierre Chopinaud en soit ici vivement remercié.
L’écrivain coronaiste est un lointain descendant de l’écrivain ivoiriste. L’écriture s’étant démocratisée, et on ne peut que s’en féliciter, il ne se réfugie plus dans sa tour, mais dans son bureau.
Voilà, nous sommes arrivés au point de départ de notre circuit.
Doctorant-chercheur en philosophie à l’Université de Paris VII-Diderot, venant de terminer l’écriture de sa thèse de doctorat en Philosophie des mathématiques, professeur de mathématiques, poète, Mohamed Ben Mustapha a décoché un livre-ovni, Éden, l’été publié par les Éditions Arabesques.
Amplifiant une prodigieuse passion déjà à l’œuvre dans La solitude Caravage paru l’an dernier chez Fayard, Yannick Haenel dévoile aujourd’hui Déchaîner la peinture aux éditions Actes Sud : un travail considérable sur l’œuvre du plasticien roumain contemporain Adrian Ghenie, né en 1977 et installé à Berlin.
En donnant une suite au film qui eut un beau succès mérité en 2017, Il a aussi tes yeux, Lucien Jean-Baptiste a proposé, au mois de février 2020, sur la 2 à une heure de grande écoute, une série en six épisodes, sous le même titre : le bébé blanc adopté, Benjamin, a grandi et quatorze ans ont passé.
Comment j’ai vidé la maison de mes parents est de ces récits, rares, que l’on ne peut se contenter de lire : on le relit et reprend, on s’y reconnaît, on le conseille, on le partage. Il semble ne pouvoir connaître de fin en nous à l’image de son absence de point final, comme de ses suites textuelles désormais réunies en une Trilogie familiale ou de la série photographique « Pitchipoï & Cousu main ». La parution de la Trilogie aux éditions Points était le prétexte idéal à un grand entretien vidéo avec Lydia Flem pour évoquer avec elle les liens de la littérature, de la photographie et de la psychanalyse.
Spécialiste de l’œuvre d’Antonin Artaud et professeure de philosophie, Évelyne Grossman publie chez Minuit un ouvrage attrayant en ce qu’il déambule dans le XXe siècle français parmi des penseurs (philosophes et écrivains) confrontés à une crise existentielle qu’ils subirent ou qu’ils cultivèrent et dont ils retirèrent comme ils purent une inspiration spécifique.
Un des événements majeurs de cet été, au banquet de Lagrasse, fut indubitablement « Qui a fait le tour de quoi ? 20 minutes avec Magellan » de Romain Bertrand, remarquable feuilleton historique, beau comme du Conrad, faisant revivre chaque soir le premier tour du monde par Magellan. Qui a fait le tour de quoi ? L’affaire Magellan est désormais disponible en librairie, il paraît aujourd’hui aux éditions Verdier.
Prologue. Quand j’étais apprenti compositeur, dans le deuxième tiers des années 1970, donc peu de temps après les événements de mai 68 où la plupart des institutions avaient été remises en question, il n’était plus question d’aller étudier au Conservatoire de Paris, même si Olivier Messiaen y avait encore sa classe (s’étant clairement positionné du côté du pouvoir que nous combattions, ce dernier avait alors perdu de son aura).
— J’allais mourir. C’était dans mon âme amoureuse,
Désir mêlé d’horreur, un mal particulier
Baudelaire, « Le Rêve d’un curieux »
Pour bien lire un auteur, pour bien le comprendre, il faut avoir une vue d’ensemble de son œuvre, ce qui nécessite de pouvoir englober sa bibliographie. D’où l’importance de (bien éditer) des Œuvres complètes, surtout quand ce sont celles d’un de nos plus modernes écrivains d’aujourd’hui. Tentons une approche de cette estrella distante, qui a su créer dans son œuvre une constellation morcelée d’une impressionnante force magnétique.
Ardent et terriblement sensuel : tels sont les quelques qualificatifs qui viennent spontanément à l’esprit pour parler de Parler peau, nouveau et beau recueil de poèmes de Sabine Huynh. Déployés conjointement aux peintures de Philippe Agostini, les poèmes de Parler peau dévoilent un art poétique feutré où, autrefois blessure, le corps vient à s’apaiser dans la fureur de l’amour et trouver une ligne nue de langage pour venir dire l’autre. Dans ce tournoiement de formes et de forces, la poésie ne cesse de s’interroger entre parler peau, parler peu et parler cru. Autant de raisons pour Diacritik de partir à la rencontre de l’autrice le temps d’un grand entretien.