Longtemps attendue, espérée, désirée, longuement mûrie, La Petite Beune, suite magnifique à la non moins magnifique Grande Beune, parue il y a maintenant un quart de siècle (très précisément en 1996), sera donc venue, comme le roi, quand elle l’aura voulu, à son heure, l’heure juste de ce midi du désir qui constitue, du récit, le foyer et le thème. Venue à temps, mais un temps sien, et de ce fait à plus d’un titre intempestive.

Ce sont des projectiles. Ils sont massifs, pleins, ils font des choses, il leur arrive des choses, et pas que des belles. Un corps peut sortir dans le jardin et regarder une fleur jusqu’à l’extinction du soleil, mais il peut aussi rentrer en lui à coup de crosse sur le crâne. Tu n’as jamais été violé(e) et tu as un droit imprescriptible au planning familial parce qu’à ton corps on ne touche pas si tu ne veux pas, parce que ton corps consentant on suit ta décision

L’association Coup de Soleil a organisé à Lyon, le 4 mars 2023, un hommage à Assia Djebar avec des interventions (celle d’Afifa Bererhi est publiée ci-dessous) et la projection du film, La Nouba des femmes du Mont Chenoua. Décédée le 7 février 2015, cette écrivaine algérienne a vu sa renommée franchir les frontières jusqu’aux Etats-Unis d’Amérique où elle enseigna dans les prestigieuses universités de la Louisiane et de New York. Les traductions de ses romans sont nombreuses comme en rend compte Traduire Assia Djebar de Amal Chaouati, en 2018.

La silhouette frêle à la chevelure rousse ardente de Nan Goldin déambule nerveusement dans le hall du Guggenheim de New York. À son bras, une militante de son collectif, PAIN (Prescription Addiction Intervention Now), la rassure et lui donne le tempo. Une pluie de prescriptions d’OxyContin se déverse soudain depuis les étages circulaires ; des banderoles rouge sang se déploient et les cris de protestations, contagieux, résonnent dans la spirale monumentale du musée. Nan Goldin lève les yeux en scandant le slogan que les militants reprennent à l’unisson. Au cœur de ce cyclone de papiers et de lutte, fascinant, se niche l’émotion instantanée, presque photographique, d’une action déjà réussie : la performance politique fait comme effraction dans un temple autoproclamé de l’art, et soutient le combat de l’artiste et des gens qui se sont agglomérés autour d’elle depuis cinq ans au sein de son association.

Dans un récent entretien avec Johan Faerber, Christophe Manon caractérise “la force motrice” de Porte du Soleil, troisième volet de son cycle Extrêmes et lumineux, ainsi : “Écrire non pas à propos de ou sur la peinture, mais à travers ou avec.” C’est une des trois ou quatre antiennes qui reviennent de manière obsessionnelle dans ces chroniques : on écrit avec, comme on échange en compagnie.

Mélanie Menu, je me souviens très bien, il y a longtemps, je suis au cours Florent en première année, les élèves de dernière année présentent un atelier de fin de cycle, des mises-en-scène sans moyens pour dire au revoir à l’École, bonjour au grand bain de la dure vie réelle des comédiens et comédiennes…

Avec La Belle de Casa, paru en 2018 et désormais disponible en poche, In Koli Jean Bofane signe son cinquième roman. Y est brossé le portrait de personnages très divers qui évoluent dans une mégapole effervescente, livrés à eux-mêmes et au vent chaud du Chergui. Différents récits s’entremêlent autour du personnage d’Ichrak, dont celui d’une mort que le lecteur apprend dès les premières lignes, et qui est l’élément déclencheur et le fil rouge du roman.

La première chose que je voudrais affirmer, bien que cela puisse paraître quelque peu conventionnel, est que Des empires sous la terre de Mohamed Amer Meziane est un livre très important. Il est impressionnant d’érudition et de savoir mais aussi d’élan, de force et d’engagement. C’est un travail considérable qui ne veut pas se contenter d’assembler des connaissances, de raffiner des concepts, mais qui entend défendre une thèse et ouvre ainsi une discussion. Cette discussion a déjà commencé, en France et aux États-Unis, et elle va continuer*. Ce livre est impressionnant, il est provocant dans le meilleur sens du terme mais il est aussi, de mon point de vue, discutable et problématique. Les lecteurs comprendront que, pour moi, cette catégorie n’est pas une catégorie restrictive mais bien affirmative. Être problématique est ce qui est appelé par un travail véritablement philosophique. Un travail philosophique ne règle pas une question une fois pour toutes, au contraire il donne le moyen de refonder et de déplacer des problèmes.

Nous voici déjà à la 8e édition du riche Festival de Littérature au Centre qui, cette année, se déroulera à Clermont-Ferrand, du lundi 27 mars au dimanche 2 avril, toujours en partenariat avec Diacritik. Et comme chaque année, un thème est exploré, ou plutôt une discipline qui s’adosse à la littérature : cette fois, le festival se place sous le signe de la science et des sciences. Sylviane Coyault et Myriam Lépron, maîtresses d’œuvre du Festival, répondent aux questions sur le programme même de cette édition le temps d’un entretien.