Prenant acte de l’impossibilité de faire un « portrait complet » de Denis Roche, Jean-Marie Gleize, dans son Denis Roche – Eloge de la véhémence, suit les lignes plurielles d’une œuvre et d’un créateur définis par la mobilité et la multiplicité des positions. Entretien avec Jean-Marie Gleize.

Intermezzo. Il est un texte étonnant de Jacques Roubaud intitulé Denis Roche, classique pour tous, repris dans Poésie, etcetera, ménage (publié par Stock en 1995 dans une éphémère collection associée à la revue Action Poétique). J’en extrais cette phrase qui m’a toujours frappé : “Roche est celui qui a porté le coup de poignard de la démesure au vers dominant.”

L’Algérie a toujours été plus ou moins présente dans les romans publiés à ce jour par Kaouther Adimi : L’Envers des autres (2011), Des pierres dans ma poche (2016) et Nos richesses (2017). Avec ce nouveau roman, Les petits de Décembre (Seuil, 2019) l’Algérie est totalement au centre de l’histoire racontée.

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L’édition restaurée en Blu-ray et DVD chez Carlotta des trois premiers long-métrages en 35 mm de Jean-Claude Brisseau, Un jeu brutal, De bruit et de fureur et Noce Blanche, nous permet – il était temps ! – de reprendre lien avec une des œuvres majeures du cinéma français de ces quarante dernières années

Nous avons découvert Max Porter avec La Douleur porte un costume de plume, fabuleux livre, d’une poésie dense et rare, plus qu’une histoire une atmosphère et un ton. Et voici Lanny qui, tout en s’installant dans le même espace noir et poétique, ajoute une pierre singulière à l’œuvre, de celles qui promettent de beaucoup compter.

Les lecteurs français avaient découvert Nathaniel Rich via Paris sur l’avenir, sidérante dystopie réaliste, une alliance de mots qui n’a plus rien de paradoxal quand le climat se dérègle. Le sujet est bien de Perdre la Terre. Là est l’Histoire de notre temps, titre et sous-titre de l’essai de Nathaniel Rich qui vient de paraître en France.

Il y a deux manières d’aborder la lecture des Écœurés de Gérard Delteil qui paraît au Seuil le 9 mai : en réprimant un mouvement de recul devant le bandeau promotionnel jaune qui proclame qu’un gilet de la même couleur est mort ou, piqué par la curiosité, en espérant que ce roman noir n’est pas que le fruit d’un opportunisme éditorial en 25 actes de manifestations hebdomadaires en chasubles de haute visibilité.

East Village Blues de Chantal Thomas est tout ensemble une ballade et une balade, pérégrination dans un quartier de New York que la romancière hanta dans les années 70 et chant d’une « vie étrange » au croisement de Rimbaud et de la Beat Generation, célébration d’un « monde (qui) bénit les poètes ». Le livre prend doublement « la forme d’une ville », en ce qu’il est un véritable « poème en marche » et une ode inspirée à la liberté qu’inspire la vie new-yorkaise.

Tout récit de soi revient à sertir le « je » dans une époque. Quand il est celui d’un historien qui fut adolescent dans les années 80, le faire revient à enter une branche nouvelle sur le grand tronc autobiographique : une forme d’« ego-histoire » pour reprendre le terme qu’emploie Ivan Jablonka dans les dernières pages d’En Camping-car.

« Pigalle était mieux que la beauté. Pigalle est punk : sa laideur n’est rien ; son énergie fait tout — aujourd’hui encore » (Le New Moon)

David Dufresne aime à déplier les approches, formelles comme esthétiques, d’un même objet. Pensons ne serait-ce qu’à Fort McMoney qui fut successivement reportage dans la presse, journal dans le collectif Or brut (Lux, 2015), documentaire et même jeu vidéo. Cette fois, dans la foulée du livre New Moon (Seuil, 2017), un documentaire, diffusé ce soir sur Arte, nous conduit au cœur de Pigalle, de son histoire comme de ses mutations.

Même si la plupart des pères sont des salauds, d’aucuns pensent – et ceci est valable autant pour la réalité que la fiction – que le seul père valable est le héros, soit une figure mi-humaine, mi-divine, robuste comme Hercule, rusée comme Thésée, monstrueuse et sacrée, pourquoi pas combattante de guerre, incarnant des idéaux, des valeurs, ou qui s’est au moins distinguée dans un domaine particulier. Stefan Zagourski est le héros principal du roman Voyou, et c’est un salaud de première.

Jean-Pierre Martin est homme de passions et, comme il aime à dire, de « saisons ». Celles-ci se succèdent et se bousculent dans sa biographie, l’une reniant parfois les autres, et on lira à ce propos son audacieux et bel Éloge de l’apostat (2010) donné pour l’accès à une vita nova. Ces saisons-passions, il nous les a contées dans une quinzaine d’ouvrages dont plusieurs autobiographiques.