Cannes 2017 ne renonce pas à la sacralité du cinéma en salle et va jusqu’à annoncer l’exclusion du concours, à partir de l’année prochaine, de ceux qui auront l’audace de distribuer leurs œuvres en dehors de l’écran magique de la salle.
Almodovar, président du jury, renforce l’anathème en affirmant qu’il ne sera pas possible de songer à une éventuelle Palme d’Or pour des films produits par Netflix ou par des plateformes semblables essentiellement dédiées au streaming.

Depuis plusieurs jours, une stratégie de pinkwashing se met en place dans les médias. Quelques dizaines d’annonceurs, qui jusque-là avaient richement financé l’émission TPMP, se découvrent des valeurs, une morale, affirmant que l’épisode du piège tendu par Hanouna à des hommes gays serait contraire à ces valeurs. Ces entreprises qui payaient pour que leurs publicités soient diffusées durant l’émission se retirent, drapées dans un Rainbow Flag, mettant un terme au financement de TPMP. Pourtant, cet épisode n’est pas un « dérapage », selon le mot utilisé dans la presse pour atténuer la charge de la critique, un accident différent de ce qui se passe d’habitude dans l’émission : il n’est qu’un moment d’une série continue de propos et de mises en scène homophobes et sexistes.

Le Bureau des Légendes revient pour une troisième saison et mérite plus que jamais son surnom d’Homeland à la française, même si les premiers épisodes diffusés ce lundi 22 mai sur Canal Plus tendraient à montrer qu’il s’agirait plutôt d’un « outland » puisque l’action se situe majoritairement hors de l’hexagone comme celle son aînée à l’aube de la saison 4.

L’émission d’Hanouna, pourtant regardée par des millions de téléspectateurs, n’en est pas moins une vieille poubelle jouissant de ses propres remugles. La vulgarité permanente et gratuite – on est loin de l’art anarchiste du professeur Choron – y est omniprésente, les séquences machistes et homophobes s’y enchaînent, délivrant un discours qui, de manière primaire et « décomplexée », réactive sur le mode du langage et de la représentation la violence symbolique, matérielle et physique qui règne à l’égard de catégories de la population toujours objectifiées et infériorisées. L’émission d’Hanouna légitime cette violence – et n’en reste pas elle-même au niveau du symbolique et de l’image mais présente des passages à l’acte. On se souvient, par exemple, du « baiser » subi par une jeune femme forcée de se soumettre à Hanouna et à un de ses chroniqueurs. On pense aussi à la violence psychologique permanente qui est exercée sur certains des collaborateurs, contraints de se rabaisser chaque jour davantage pour exister quelque part dans le PAF et toucher leur chèque à la fin du mois.

Peut-être faudrait-il rappeler ici à Vanessa Burggraf, au regard de la terrible séquence qui l’a opposée à Najat Valaud-Belkacem dans On n’est pas couché, ces quelques mots très simples de Madame de Duras, et cela devant une nouvelle séquence de désinformation assénée avec la tranquillité de la bêtise à front de taureau : « Le vrai fait ce qu’il peut ; le faux fait ce qu’il veut. »

Voter Macron. L’injonction, de plus en plus répétée à mesure qu’approchait le second tour, reprenait une rhétorique éprouvée depuis près de 40 ans, celle d’un vote « utile », sur-légitimé lors de la dernière élection par l’opposition au Front National. A tout ceux qui se sentaient à l’opposé politique de ce que représente le candidat, aujourd’hui élu, de « En Marche », on a opposé la nécessité de refuser le parti de Marine Le Pen et la régression démocratique qu’il promettait.

Jay McInerney a passé une semaine à Paris pour la promotion de son dernier roman, Les Jours enfuis, paru le 11 mai aux éditions de l’Olivier, dans la très belle traduction française de Marc Amfreville.
En point d’orgue, une rencontre exceptionnelle avec ses lecteurs, à la librairie Atout Livre, animée par David Rey. Diacritik y était et a pu filmer l’événement.