Bien sûr il y a des fascistes, des racistes, des xéno en tout genre, des gens qui ont peur et font peur, mais je crois que la tentation Le Pen a désormais changé de nom…
Category Archive: Le journal d’Olivier Steiner
Olivier Steiner est écrivain. Il tient ici un journal dans le journal, intempestif.
La promesse d’amour d’Hervé Guibert, pour se dire vraiment, a toujours été assujettie à la pure transparence tout en passant par une certaine obliquité. Ainsi était Hervé Guibert, un ange noir, à la fois victime et bourreau des cœurs. Aimer est-ce « tout » dire ou bien se garder de dire « tout » ? Peut-on mentir et trahir par fidélité à l’amour ? Ou aimer dans l’infidélité mensongère et traîtresse ? Un magnifique, noir, lumineux, bouleversant documentaire de David Teboul, en ce moment visible sur Arte, maintenant en replay, répond à ces questions, les éclaire en tout cas. Je n’ai jamais voulu écrire sur Guibert, même si on me l’a déjà demandé, proposé, je n’y suis jamais arrivé. Et je ne vais toujours pas y arriver, ce texte, ce papier, ne sera fait que de notes, de bribes arrachées, questions ouvertes.
Moins une critique qu’une page de journal, des choses vues, notées, amassées, sans hiérarchie.
Un jour, il y a longtemps, elle s’est mise à chercher. Obscurément chercher. Au début elle voulait être comédienne, elle pensait que c’était ça pour sa vie : dire les mots des autres, leurs couleurs, leurs sentiments, puis non, elle a doucement arrêté, la réalité de l’actrice s’est effacée, elle a compris sans le comprendre, en ressentant plutôt, que sa recherche allait se faire ailleurs, autrement. C’est ainsi que Nathalie, mon amie du cours Florent, est devenue Vittoretti, un artiste peintre, dessinateur, plasticien. Vittoretti c’est un « il », c’est une « elle ». Une île, une aile. C’est neutre pour mieux embrasser.
C’est un de ces lieux de la nuit et du sexe quand ils se veulent illimités, c’est un bar qu’on pourrait dire un peu sordide ou glauque, dans le Marais ou ailleurs, Tel Aviv, Toulouse, à peu près partout, Paris. On peut dire bordel, on peut dire backroom, j’ai envie de dire le bar rouge, rouge. C’est un de ces lieux où l’on finit, la journée, la vie. On vient là comme un échoue, du verbe échouer, pour en finir, pour rencontrer ou retrouver quelqu’un, un corps et des corps, des morceaux de corps sans visages. On vient se vider, aussi bien. C’est vulgaire, et ça ne l’est pas. Il y a des pig, des cochons, des pigboy, et des solitudes. C’est sacré. Ce sont des frères qui se cherchent. Des tellement frères ensemble.
Chère Annie,
Vous n’avez pas eu le Nobel, mais sur mon bureau, à côté de la Recherche et sous la photo de Marilyn, trône toujours Écrire la vie, pour me donner du courage, de la hauteur, pour me redonner espoir et foi en la littérature quand il m’arrive de sombrer ou de douter. Annie, vous n’avez pas eu le Nobel mais ça reste si important, Annie Ernaux.
« Il faut prendre soin de ceux qui restent et enterrer les morts. On n’écrit pas autre chose. Des tombeaux.» Mathieu Riboulet
Tissage, reprise. Le beau rituel juif de la Queriah où il s’agit, après la mort d’un proche, de déchirer ses vêtements durant les sept jours du deuil. Lentement, délicatement. À l’issue de ces sept jours, l’endeuillé doit recoudre les vêtements en prenant soin de laisser visibles les reprises et les coutures. C’est ce que je fais quand je saute un paragraphe. L’axe du regard est une aiguille.
Cher Malik, Je ne sais pas écrire sur la musique, je ne crois pas… ce seront donc juste « quelques mots » vers ton nouvel album, celui de la consécration, celui du virage magnétique, Troie !
À propos de The Normal Heart, une pièce de Larry Kramer, mise en scène par Virginie de Clausade.
Bonjour Christine,
Je ne suis pas sûr que ce papier te fasse plaisir (voir mon nom apparaître je veux dire) aussi je vais faire court.
Au commencement – on connaît la chanson – Dieu créa les cieux et la terre. Dieu ? Mon Dieu ! c’est qui vous voulez ! Quoi, qui, quelle instance supérieure, quelle idée du bien, du beau, de l’être, Dieu de vérité ou beau menteur, un beau parleur aussi bien, et puis Dieu, le souffle, quel souffle ! c’est tout, voyez-vous, n’importe qui, tout ce qui est, vous, moi, Isabelle Adjani !
Je n’ai pas envie de parler de ce livre comme un critique digne de ce nom en parlerait, et de toute façon je ne suis pas un critique, je n’arrête pas de le répéter. J’ai plutôt envie de prendre le temps et de vous en parler, à vive et basse voix, comme dans un café ou confortablement installé sur un canapé dans un salon, un peu en retrait.
Cher Thomas Pesquet,
Un jour, dans le hall d’un hôtel, un ami m’a dit que j’étais petite et mondiale. J’apprends que je suis désormais universelle puisqu’un jeune homme, vous, va me lire au-delà du ciel connu, par-delà le bleu et le blanc des nuages, dans l’espace !
Attention, je vais tout mélanger. Non pas plaisir ou caprice mais parce que tout est lié, tout est lié car ça s’appelle un monde, le nôtre.
C’est con, il vient de réaliser un très beau clip de Sapho chantant psalmodiant « L’art d’aimer » d’après un poème de Mahmoud Darwich. C’est con, il a joué et dansé dans un petit film que j’ai fait pour Aides sur un texte de Bruno Boniface et une chanson d’Ulysse aka AJUQ. C’est con car dans un monde mieux foutu les media ne parleraient que de ça, ce clip et ce petit film, mais non, le monde n’est pas bien fait et les média ne font que partager la photo de son visage ensanglanté après s’être fait tabasser, lui et son amoureux, en Corse, il y a quelques heures.