Il y a quelques jours, répondant à la remarque d’un lecteur à propos de son texte De la frustration, Olivier Steiner a eu cette phrase, magnifique et qui pourrait, peut-être, dire la manière de Bohème : « Le seul élément fictif est le fait que je ne dis pas tout ».
Auteur : Christine Marcandier
« Mon père était un ordinateur, ma mère une machine à écrire.
oi, j’étais un cahier vide et maintenant je suis un livre » :
Le Centre Pompidou expose l’œuvre de Dominique Gonzales-Foerster jusqu’au 1er février 2016, un labyrinthe temporel (« Dominique Gonzalez-Foerster. 1887-2058 »), spatial (une trentaine d’œuvres entre la Galerie Sud, les terrasses du musée et l’atelier Brancusi) et intertextuelle tant l’œuvre de l’artiste est nourrie de cinéma, de littérature, de musique et d’architecture. Extension de l’exposition et œuvre à part entière, Marienbad électrique d’Enrique Vila-Matas paraît aux éditions Bourgois. L’ensemble forme un diptyque fascinant, jeux de miroirs entre deux artistes, deux univers, deux manières d’interroger la création, en conversation, dans une double mise en espace de strates qui se superposent, se conjuguent, se répondent.
Que serait le monde vu à travers les seuls titres de presse ? C’est la question que pose le Tout va bien, relevé de ces gros titres par lesquels les journaux attirent notre regard et cherchent à fixer notre attention. La seconde édition (2015) du Tout va bien vient de paraître au Tripode. 136 titres comme un condensé de la folie et de la bizarrerie de notre époque, telle que la presse la représente, telle qu’elle se dit entre absurdité et poésie, tragédie et stupidité.
Premier roman de Violaine Schwartz, La Tête en arrière (P.O.L, 2010) est une longue mélopée, une « voix humaine », sur le fil, en panique, le monologue en exil intérieur d’une femme qui perd pied.
Linda Lê est un écrivain qui aime à descendre Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau (Bourgois, 2009). Lecteurs et narrateurs y sont et « trompe-la-mort » et « déterreur de vestiges » : « soulever la dalle des mots, c’est rentrer en soi-même tout en côtoyant un autre ». Tel est, encore, le programme de Lame de fond.
Tout naît d’une demande éditoriale adressée à Erri De Luca, choisir et traduire du yiddish quelques œuvres d’Israel Joshua Singer, frère du Nobel, inconnu du lectorat italien.
« Daho !
M’avez-vous déjà vu quelque part ?
Rafraîchissez-moi donc la mémoire
Extasié devant une toile de Witsen
A Rome, Londres ou Rennes
Vous m’appeliez Étienne… » (Des Attractions Désastres)
Amy Grace Loyd est écrivain — elle fut éditrice pour Byliner, pour le département fiction du New Yorker, de Playboy magazine et la collection New York Review Book Classics.
Par quel phénomène, souvent inconscient, décide-t-on d’ouvrir un livre ? Pour Amy Grace Loyd, ce furent deux citations en exergue du Bruit des autres. Comment ne pas avoir envie de lire une auteure américaine qui place son premier roman sous le double signe de Marguerite Duras et de Grace Paley ?
Alors que paraît L’Autre journal d’Hervé Guibert (L’Arbalète Gallimard) — rassemblant les articles que l’écrivain publia en 1985-1986, mais aussi des entretiens et photographies —, retour sur le premier volume de ces Articles intrépides, paru en 2008 chez Gallimard et regroupant les papiers culturels de Guibert dans Le Monde (1977-1985).
C’est l’histoire d’un Précis de conjugaisons ordinaires, de drôles de verbes à tous les temps à partir d’un infinitif qui sonne comme un néologisme arrêtant le regard, croisés sur des murs de Paris, vers Belleville.
Les travaux de Sophie Calle sont un partage de la souffrance, du manque, du vide, de la perte. Des enquêtes. Une manière singulière de puiser dans l’intime la matière même d’un partage. De croiser le quotidien et la fiction. De faire des contraintes, des rituels l’exercice d’une liberté insolente. Du pied de nez considéré comme un des beaux-arts.
Peut-être vous souvenez-vous de David Foenkinos, en 2012, vantant les mérites d’un café en capsule, « pour ne plus jamais rompre avec le plaisir ». De Véronique Ovaldé, en 2012, écrivant une nouvelle pour Twingo. On reste dans le rayon automobile avec Joël Dicker qui roule pour Citroën…