Les corps flottants sont des fragments du corps vitré, des taches mobiles, présentes dans le champ de vision, difficiles à percevoir en elles-mêmes puisqu’elles se déplacent avec les mouvements de l’œil. Dans le récit de Jane Sautière, les corps flottants renvoient à un autre objet, le passé, à ceux et celles qui ont disparu, que l’oubli fait disparaître, qui persistent comme des ombres, opaques à la surface du souvenir.

En 1959, Raymond Queneau publiait Zazie dans le métro. Jane Sautière qui traverse rames et lignes dans Stations pour nous offrir des tranches de vie sociale, des éloges de la lecture et un voyage intérieur, pourrait être sa petite-fille contemporaine, une Zazie qui étend ses lignes à l’ensemble de nos transports en commun.

Cette semaine, alors que devait être décerné le Prix Nobel de la paix, un internaute disait, sur Tweeter, qu’il devrait être remis aux usagers de la ligne 13 du métro parisien… Manière, bien sûr, de souligner combien le métro peut être un espace de stress quotidien. Pourtant c’est aussi un lieu poétique, quand des artistes s’en emparent.