La voix résonne dans le casque. The return of the Thin White Duke. La voix est à la fois présente et absente, détachée, ailleurs. Throwing darts in lovers’ eyes. David Bowie est décédé le 10 janvier 2016. Pourtant sa voix est toujours là, au présent, lançant des fléchettes dans les yeux des amants. It’s too late to be grateful, it’s too late to be hateful. Comment la voix d’un mort peut-elle exister ? Voix après la mort ? Voix vivante d’un mort ? Et qui est mort si la voix est toujours là ?

Détruite au début des années 80, il ne reste de Haddon Hall que quelques photographies devant lesquelles pose un artiste aux cheveux longs encore méconnu, sinon incompris. Avant Stupor Mundi qui vient de paraître, en 2012 Néjib faisait de Haddon Hall le narrateur inattendu d’un roman graphique intimiste et pop. Pour raconter, entre 1969 et 1971, la vie de son illustre locataire et comment dans ce lieu David Robert Jones inventa Bowie.

Dans son ultime vidéo au terrible titre de « Lazarus », qui portait déjà sans le savoir pour nous la nouvelle inouïe de sa mort, dont le spectral décorum fut à peine révélé la semaine dernière, David Bowie, plus lynchien que jamais, de sa maigreur toute aristocratique mais déjà aux traits émaciés de mort, nous lançait un appel et nous prévenait : « Regarde-moi, je suis au paradis / Je porte sur moi des cicatrices que l’on ne saurait voir ».