Les éditions Le Lombard offrent aux lecteurs la possibilité de découvrir en accès gratuit Le Minimalisme, coécrit par Christian Rosset et Jochen Gerner.
Retour sur ce livre (et Éclaircies sur le terrain vague de Christian Rosset) et lien bonus, en fin d’article, vers deux autres livres de la collection « Petite bédéthèque des savoirs » en libre accès, le temps du confinement.

Des sites des éditeurs aux profils Instagram et Twitter des artistes, la bande dessinée se mobilise et conjugue ses efforts pour proposer des contenus accessibles en ligne. Ajoutons les offres des plateformes, les blog BD, les journaux spécialisés ou la presse en ligne. Des initiatives à saluer pendant cette période de confinement.

Boris Vian (pré)disait qu’il ne vivrait pas jusqu’à quarante ans. À l’occasion des 100 ans de sa naissance, les éditions Dupuis rééditent Piscine Molitor de Cailleaux et Bourhis (en tirage limité à 1 500 exemplaires, avec un dossier inédit de 16 pages). Son imagination était débordante, ses talents multiples, sa maladie était sa solitude : Cailleaux et Bourhis signent le portrait de Boris Vian dans un roman graphique d’une grande sensibilité où percent mélancolie et admiration.

L’heure n’est plus aux interrogations. Que l’on soit informé ou fataliste, climatosceptique, collapsologue ou tout simplement de bon sens : il faut avoir une poutre dans l’œil pour ne pas se rendre compte qu’il se passe quelque chose. Avec Coloc of Duty, Jul utilise la légèreté et l’humour potache pour (r)éveiller les consciences, pour (re)parler de la crise climatique, parce que l’urgence est là.

L’album de l’année 2020 (voire de la décennie qui s’ouvre) est signé Manu Larcenet, il compte 56 pages avec plein de jolies couleurs, une couverture magnifique avec un titre en 3D au-dessus d’un auteur de BD à gros nez assailli par les affres de la création, il est drôle, tendre, terrible et d’une ironie désespérée. Il s’appelle Thérapie de groupe (L’étoile qui danse).

Jeudi 5 décembre 2019. Le brouillard recouvre la banlieue parisienne. De la fenêtre de mon atelier, je vois à peine la forêt en face, et encore moins les trains passer (peu devraient relier la capitale en ce jour de grève générale). Je note : lire, ce n’est pas s’évader ; c’est, au contraire, chercher de l’air dans une prison imaginaire où on s’est soi-même enfermé pour échapper à l’obscuration que dispense le monde.

Il m’arrive d’écouter The Unanswered Question de Charles Ives tout en écrivant. Parfois j’enchaîne avec The Answered Unanswered Question de György Kurtàg qui, loin d’apporter une réponse définitive à cette question restée sans réponse, lui offre un supplément d’énigme où les mots n’auront jamais le dernier mot : silence “habité” par une forme sans contours et pourtant précisément dessinée (soit un mix d’indicible, de retenue, de non-dit, par ennui du verbe et refus de la démonstration). Une semaine a passé. C’est l’heure de reprendre la balade, emportant pour tout viatique une petite pile de bandes dessinées.

En adaptant librement La ferme des animaux de George Orwell, Xavier Dorison et Félix Delep se sont attaqués à un Everest. Leur représentation du monde anthropomorphique Orwellien est éclatante et ce château sur lequel règne un taureau despotique est un havre terrible où la cruauté des puissants est à la mesure de l’espoir des faibles.

Résumé de l’épisode précédent : le suspense est à son comble et à la mesure du héros, tandis que Largo Winch, coincé dans le cœur du Chicago Board of Trade (la bourse du commerce pour les non-initiés) appelle à l’aide, au bord de l’asphyxie… Suite et fin du premier épisode post-Van Hamme, Les voiles écarlates paraît ce 15 novembre et vient clore une aventure commencée avec L’étoile du matin avec toujours Philippe Francq au dessin et Eric Giacometti au scénario.

En mettant de côté les jeux de mots faciles qui promettaient une « montée d’Adrénaline » et les rancœurs récurrentes des puristes marris devant l’implacable plan marketing de la machinerie Astérix, proposons une autre lecture de La fille de Vercingétorix, 38e album des aventures du célèbre Gaulois, signé Conrad et Ferri (sous la houlette voire la férule d’Uderzo si l’on en croit les articles lus ici ou sous-entendus ). Un opus empreint d’un sous-texte très ironique, un plaidoyer pour la jeunesse et l’indépendance. 

Deuxans après L’héritage de Jason Mac Lane et le voile (enfin) levé sur les origines du plus célèbre amnésique de la bande dessinée, XIII revient pour une  nouvelle aventure toujours aussi sérielle avec un scénario signé Yves Sente et Iouri Jigounov au dessin. Un nouvel album qui ne se contente pas de puiser dans le patrimoine du héros mais l’ancre résolument dans le présent de la fiction autant qu’il annonce le futur du feuilleton treizien.