Vendredi 20 août 2021, les éditions Dupuis ont annoncé le décès d’un grand nom de la bande dessinée : Raoul Cauvin s’en est allé, après plus de 60 ans d’une carrière qui aura marqué le 9ème art et plusieurs générations de bédéphiles.

Figure incontournable de la bande dessinée depuis ses débuts de lettreur chez Dupuis jusqu’à ses dernières réalisations en tant que scénariste, Raoul Cauvin laisse derrière lui une oeuvre immense, avec des collaborations multiples, des récits courts, des séries à succès, des trouvailles et des gags à foison. C’est bien évidemment avec Les Tuniques Bleues que Cauvin a rencontré la célébrité en créant avec Salvérius le duo Blutch & Chesterfield, respectivement caporal et sergent de l’armée de l’Union, dont les déboires durant la guerre de Sécession ont duré plus de cinq décennies et 64 albums.
Scénariste prolifique, le nombre de ses succès et de ses collaborations atteste de la confiance que l’éditeur lui accordait et de l’inventivité dont il faisait preuve. Cauvin a abordé toutes les époques ou presque, des guerres napoléoniennes avec Sandron pour Godaille et Godasse, la prohibition avec Berck pour Sammy, la France de Louis XIII avec Mazel pour Câline et Calebasse et l’époque contemporaine avec Kox (L’Agent 212), Bercovici (Les Femmes en blanc), Nic (Spirou et Fantasio), Cédric avec Laudec, Les Psy (avec Bédu), Pierre Tombal (avec Hardy)…

Sans jamais se départir de son sens aigu du gag, Cauvin a toujours abordé les genres et les époques par le prisme de l’humour, du rire et de la dérision sous lequel pouvaient poindre des considérations sociales, anti-militaristes, humanistes. Le tout avec une grande tendresse pour ses personnages et l’amour de la bande dessinée et de son lectorat qu’il a eu à cœur de satisfaire encore et toujours.

Conteur infatigable, Raoul Cauvin a longtemps pâti d’une image réductrice liée à son statut d’auteur à succès. Ceux qui l’ont trop vite rangé dans la catégorie des scénaristes grand public ont oublié les histoires courtes, les mille et unes participations au journal Spirou, les récits à l’esprit mordant, à la nostalgie non feinte, à l’humour omniprésent. Mieux, traversant le temps sans jamais sacrifier à la qualité et à l’exigence de son art, qu’il s’agisse de décrire le quotidien d’un hôpital où l’absurde le dispute à l’humour noir, de raconter les affres de la jeunesse ou de mettre en scène des aventures comico-guerrières puisant à la source de l’histoire avec un grand H, Raoul Cauvin faisait déjà partie de l’histoire du 9ème art. La bande dessinée a perdu une figure populaire et tutélaire majeure.
La dernière aventure des Tuniques Bleues scénarisée par Cauvin paraîtra en 2021. C’était sa volonté, ses créations et ses héros lui survivront. Merci Monsieur Cauvin.