La littérature serait-elle d’un bout à l’autre mensonge, imposture et mauvaise foi ? L’idée est dans l’air depuis Maurice Blanchot au moins. C’est qu’après tout, une fiction est une fiction, un montage d’artifices. Mais il n’y a pas que la fiction et, dans ses Confessions, Rousseau entendait être franc et vrai tout au long de son propos. Et pourtant il n’est pas malaisé de montrer que sa sincérité était largement suspecte.

« Tout ici semble écrit dans le langage d’un vent de dégel », s’exclamait impétueusement Nietzsche dans sa préface au Gai Savoir en une formule qui pourrait servir de préambule et de guide idéal à la lecture de Fraudeur et À la cyprine d’Eugène Savitzkaya.
Eugène Savitzkaya qui vient d’être couronné, mardi 1er décembre, par le prix Rossel, 2015, pour Fraudeur.

« Je voulais voir de l’autre côté de la frontière (…) le monde comme il ne va pas. » Ce « je » pourrait être celui de Laurent Mauvignier qui déploie une journée de la marche du monde, un certain 11 mars 2011. Son roman, Autour du monde, répercute l’onde de choc du tsunami au Japon à travers plusieurs vies, dans un feuilleté d’existences, liées par une même date. À l’origine du roman, une date, le 11 mars 2011, celle d’un tsunami qui a ravagé les côtes du Japon.

Jean Echenoz n’a de cesse de surprendre ses lecteurs : chaque fois qu’il a semblé se couler dans un genre, c’était pour mieux le subvertir – ainsi du roman policier, du récit d’aventures, des biographies imaginaires (Ravel, Courir ou Des éclairs) ou du roman de guerre avec 14. Caprice de la reine, est un nouveau détour, au sens tout autant géographique que formel : sept récits comme autant de lieux composent ce recueil, malgré son titre qui pourrait faire croire à un roman historique à la Chantal Thomas.