Ces fleurs sauvages qui donnent son titre au nouveau roman de Célia Houdart, ce sont d’abord celles des Alpes suisses et de la Haute-Provence qui en forment le cadre – un cadre auquel la romancière donne toute son importance, tant ses personnages semblent imprégnés, déterminés presque par cette nature montagneuse. Mais les « fleurs sauvages », ce sont surtout les jeunes gens qui en sont les protagonistes principaux :
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L’actualité des publications françaises et étrangères ; fiction et non fiction. Sans exhaustivité, parce qu’elle est impossible et sans contrefaçon (mais pas que par des garçons). Des choix, des passions, de grosses colères aussi. La lecture des têtes de gondole que nous mettrons parfois au carré. Des portraits des acteurs du monde du livre. De longs entretiens parce qu’un livre ou une collection, ce ne sont pas deux ou trois phrases choc. Et parce que l’actu est trop souvent un diktat (et une course contre la montre perdue d’avance), de grands livres publiés dans les mois ou les années, voire les décennies et même siècles qui précèdent, parce que les grands livres n’ont pas de date de péremption.
Le Terrain vague est un lieu où on prend le temps de flâner. Où l’on peut chiner, quand le courrier se fait rare. On y trouve plaisir à affuter son regard comme un couteau, tout en se mettant à l’écoute de ce qui vient. Ici, la rentrée d’hiver ne captive pas davantage que celle d’été, mais le promeneur reste curieux de ce qui s’y entremêle d’inconnu et de retrouvailles. Dans cette deuxième chronique de l’année, le dessin étant à l’honneur, on en profitera pour rattraper quelques retards, tout en nous intéressant de près à trois quatre parutions du moment. Le temps de mettre un disque sur la platine (Mingus à Antibes, 1960 – face 2 : What Love ? avec Eric Dolphy à la clarinette basse) et c’est parti…
Comme dans son précédent roman, Real Life, Brandon Taylor, dans Les Derniers Américains, se concentre sur un microcosme composé d’un échantillon de jeunes américains, sur leurs relations, leurs aspirations et désirs, sur leurs actes. Dans les deux livres, l’auteur choisit moins un point de vue omniscient que celui d’une sorte d’entomologiste, celui d’un regard qui par son microscope devient capable de décrire, de contempler, d’examiner.
Sous l’influence des crônicas de Clarice Lispector, une série de textes du poète américain Guy Bennett publiés tout au long de l’année 2024.
Annelies Schulte Nordholt enseigne la littérature française à l’Université de Leyde (Pays-Bas). Spécialiste de Blanchot et de Proust, elle a écrit de nombreux articles sur la littérature moderne et contemporaine. Sur la littérature de la Shoah, elle a notamment publié Perec, Modiano, Raczymow. La génération d’après et la mémoire de la Shoah (Amsterdam, Rodopi, 2008) et le volume collectif Témoignages de l’après-Auschwitz dans la littérature juive-française d’aujourd’hui (Amsterdam, Rodopi, 2008). Son dernier livre, Georges Perec et ses lieux de mémoire. Le projet de Lieux (Leyde, Brill) a paru en 2022. Une édition brochée du livre a paru en novembre 2023.
Oui, Ocean Vuong, le temps est une mère, le temps est une Rose, le temps est ta Rose, le temps est notre Rose, merci pour tes livres à elle dédiés, à ta Rose dédiés, à ta mère, Lê Kim Hong, « appelée de l’avant », dédiés, merci pour ton bref instant de splendeur, ta lettre adressée à elle, par- delà l’absence, merci pour nous avoir appris que le temps est une mère,
Si Perec, dans La Vie mode d’emploi, occupait un immeuble, il s’agit pour Olivier Rolin, avec Vider les lieux, de le quitter. Sommation lui a été faite de déménager d’un appartement dans lequel il vivait depuis 37 ans, rue de l’Odéon. Au-delà des milliers de livres à emporter, c’est bien la moitié d’une vie qui s’achève avec ce départ, moins « une fin du monde au petit pied », pour reprendre la définition du déménagement par Michel Leiris, qu’un état des lieux, le déploiement d’un « atlas intime », puisque chaque livre, chaque objet raconte une histoire et que ces récits se bousculent en soi. Entre Biffures et (ré)Invention du monde, Olivier Rolin écrit pour reprendre pied.
Une nouvelle année commence et, comme c’était déjà le cas les années précédentes, le titre de cette chronique (à suivre) change tout en restant sensiblement le même. À la frontière devient Terrain vague, du nom de ce lieu inlassablement arpenté, où les choses, vues, lues, entendues, circulent librement, sans jamais devoir justifier leur présence. Si l’on devait représenter le Terrain vague, on y trouverait des traces de blanc cézannien, déposé en réserve dans une toile à jamais inachevée.
12 octobre 2019. Yannick Haenel passe dans la plus scintillante des solitudes une nuit entière au sixième étage du Centre Georges-Pompidou, au contact des quarante-deux tableaux exposés sur les huit salles de l’aile hermétiquement close de l’exposition Bacon en toutes lettres.
Finir dans le feu : voilà le projet du dernier livre d’Antoine Volodine, qui vient terminer, ou presque, un édifice commencé en 1985 avec Biographie de Jorian Murgrave. Beaucoup de chemin parcouru, bien évidemment, des transformations, une transhumance éditoriale, l’édification d’une somme romanesque sans équivalent dans la littérature mondiale – qui se signale au lecteur attentif par sa radicalité, son étrangeté, sa densité, son obscurité, son humour noir, son tragique mâtiné d’ironie douce, et la très grande douceur de sa poésie. Que l’on se rassure cependant : si c’est bien le dernier Volodine, ce ne sera pas le dernier livre post-exotique. Mais assurément ce moment décisif qu’est Vivre dans le feu n’est pas à négliger : plongeons donc avec son créateur dans cette bouffée de l’espace noir.
Deuxième partie de l’entretien avec Jørn H. Sværen à propos de son livre Musée britannique, mené par Emmanuèle Jawad et traduit par Emmanuel Reymond.
Pour Diacritik, Jean-Michel Devésa est allé interroger, le temps d’un grand entretien, Nina Mueggler autour de la parution du Journal de voyage en Italie par la Suisse et l’Allemagne de Montaigne à laquelle la chercheuse a activement participé.
Alors que cette chronique commence à s’esquisser un 5 décembre, jour de naissance de Jacques Roubaud, je constate qu’elle porte le numéro 31, soit le nombre exact de syllabes (ou de sons) qui caractérise le tanka (poème en cinq lignes : 5 – 7 – 5 – 7 – 7). Après vérification, je me rends compte qu’il en avait été de même l’an dernier, pour le trente-et-unième épisode de Choses lues, choses vues (sous-titré : Brocante de fin d’automne) qui s’intéressait à 13 ouvrages. Mais rien de volontaire dans cette répétition. Impossible décidément d’atteindre le nombre 32, réservé aux Sonates pour piano de Beethoven ou aux Rhumbs pour Charles Fourier de Michel Butor.
Que dire de cette très belle et stimulante première livraison des Cahiers Pierre Michon sinon qu’il faut se précipiter pour la lire ? Fondés par Agnès Castiglione et Denis Labouret, ces Cahiers Pierre Michon s’inscrivent dans la suite logique de l’Association des Amis de Pierre Michon en offrant aux lectrices et aux lecteurs un espace de réflexion et de création venant à la fois prolonger et nourrir les échanges autour de l’auteur de la Vie de Joseph Roulin. Ainsi ce premier numéro, placé sous la direction de Stéphane Chaudier et Guillaume Ménard est-il largement consacré à la place qu’occupe le 19e siècle chez Michon. Dossier riche, pertinent et indispensable pour mieux saisir l’écriture de celui que d’aucuns désignent comme le contemporain capital. Autant de pistes stimulantes qu’on ne pouvait qu’évoquer avec les deux fondateurs de ces indispensables Cahiers.
« Construit comme un projet de body poetry, au carrefour de l’écrit, du sonore et du visuel, ce livre rend hommage, par poèmes et tatouages, aux signes de ponctuation et de typographie oubliés, mal nommés, réservés à certains métiers ou encore partagés par tous·tes mais de façons différentes. Il parle de leur histoire, de leur forme, de leur usage, mais aussi, en creux, de mon histoire, notamment celle de mon corps. » C’est ainsi que la poétesse Camille Bloomfield présente son dernier livre, paru en juin 2023 aux éditions les Venterniers.