Et une fois de plus, écrivant non au fil de la plume, mais au crayon et à la gomme, le prétendu critique s’aventure du côté de la chronique. Il note en passant que ces deux mots ont six lettres en commun : crique, soit le lieu d’abordage qui ouvre sur les sentiers du terrain vague. Il fait attention de bien écrire crique, et non cirque – ou alors en accordant à ce dernier mot un sens lunaire, notre chroniqueur l’étant forcément un peu (dans la lune), surtout quand il esquisse ses “papiers” en marchant, ou en rêvant.
éditions l’atelier contemporain

Je crois ne pas me tromper en avançant que les écrits de Manuel Daull lui ressemblent, tout en ressemblant à… rien, soit à… quelque chose, de vraiment singulier, et d’assez durassien par moments : un mélange d’insistance et de fugacité, de fureur et de délicatesse, de largesse et de retrait, dans les sourires, la tristesse, la douceur, le silence, l’attention, le regard, le noir, la lumière, le murmure des eaux – des textes qui résonnent longtemps, et qui défient les genres : parole autobiographique tressée à des biographies fictives.
Sur L’Air Nu (Littérature Radio Numérique), retrouvez une mise en voix et en sons de Ricordi de Christophe Grossi, autre manière de découvrir ce livre qui déployait déjà un imaginaire pluriel, né de textes comme de dessins, une forme qui n’a de cesse de se recomposer.