Comment donner forme à l’indicible ? Comment trouver une voie pour un récit quand se déploie la polyphonie d’un procès ? Tel pourrait être la double disjonction à l’œuvre dans V13 d’Emmanuel Carrère, recueil augmenté de ses chroniques du procès du 13 novembre 2015, parues chaque semaine ou presque dans L’Obs, comme dans d’autres organes de presse européens : Écrire malgré l’impossibilité de dire pleinement ce qui dépasse l’entendement, écrire depuis le foisonnement de voix comme de silences que le procès a laissés s’exprimer, jour après jour, de septembre 2021 à juillet 2022.
Bataclan
Le procès des attentats de janvier 2015 a commencé le mercredi 2 septembre au Palais de justice de Paris. Un procès pour l’histoire lit-on partout. Un procès pour les vivants, pour les victimes et leurs familles ; un procès qui fait resurgir la douleur, le souvenir, l’horreur, l’injustice. Cette semaine, Diacritik vous propose de revenir sur des œuvres qui, frontalement ou en creux, parlent de Charlie avant « Je suis Charlie », des traumatismes, de l’après et de la reconstruction impossible et nécessaire. Parce que ces livres, ces albums, ces dessins, ces entretiens sont à la fois témoignages, traces, mémoire, histoire(s). Aujourd’hui : La Légèreté, de Catherine Meurisse.
Extrait de l’album Joy as an Act of Resistance, du groupe de punk-rock anglais IDLES, « Samaritans » attaque la masculinité par définition toxique, violente, aliénante.
Olivier Steiner : Chère Frederika, tu le sais, je ne suis pas critique littéraire, et ce que je fais ici sur Diacritik est un journal dans le Journal, soit un espace de liberté que je veux totale, autant que possible. J’aimerais bien qu’on se parle en écrivant, sachant que ce sera lu, un tiers est donc « là », faisons ça ici sur Messenger.
Le Bureau des Légendes revient pour une troisième saison et mérite plus que jamais son surnom d’Homeland à la française, même si les premiers épisodes diffusés ce lundi 22 mai sur Canal Plus tendraient à montrer qu’il s’agirait plutôt d’un « outland » puisque l’action se situe majoritairement hors de l’hexagone comme celle son aînée à l’aube de la saison 4.
Plus d’un an bientôt après les attentats en chaine du 13 novembre 2015 et plus de deux ans après l’attaque de Charlie Hebdo et de l’Hyper-casher, dans une succession presque ininterrompue de crimes, le terrorisme n’a cessé de faire question, d’ouvrir des débats sans jamais véritablement parvenir, des questions religieuses aux explications psychologisantes, à convaincre. Sans doute faut-il lire sans attendre le remarquable et puissant essai de Laurent de Sutter Théorie du kamikaze pour avoir enfin autant de clefs neuves, fécondes et énergiques sur la figure prégnante de ces attentats, à savoir le kamikaze.
Cent vingt-neuf. Ils sont, ils étaient, ils sont, cent vingt-neuf. Une longue addition, cent vingt-neuf. Admettons que l’on mette deux secondes pour dire chaque nom et chaque prénom, ça fait quatre minutes et des poussières, quatre minutes et des poussières, c’est court, c’est long, trop court, trop long.
Yorick, « prince d’Aquitaine à la tour abolie » comme l’écrivait Nerval d’un autre désespéré, a tenu des chroniques dominicales dans les colonnes de Diacritik, commenté le monde et ses événements de sa prose noire et ironique, fragments et éclats d’un chaos qu’un regard et une vision viennent unifier.
Au lendemain des attentats de Charlie Hebdo, la dessinatrice Catherine Meurisse a été touchée dans son âme tandis que Charb, Tignous, Cabu, Wolinski, Mustapha et Honoré l’étaient dans leur chair. L’horreur l’a plongée dans un état d’abattement, de deuil, jusqu’à la dissociation. Un état qu’elle raconte dans un album qui tient à la fois du témoignage et de la quête, du manifeste et de l’hommage.
Camille Le Falher-Payat, à Paris.
Pervers et idolâtre de la musique rock et pop, j’ai passé dans l’enceinte du Bataclan de merveilleux moments durant ces 15 dernières années parisiennes qui sont les miennes.