Extrait de l’album Joy as an Act of Resistance, du groupe de punk-rock anglais IDLES, « Samaritans » attaque la masculinité par définition toxique, violente, aliénante.
Mimant le langage constitutif de celle-ci, les paroles imitent les mots d’ordre imposés d’une virilité assimilée à un endoctrinement militaire : « Man up / Sit down / Chin up / Pipe down / Socks up / Don’t cry / Drink up / Just lie » – Debout / Assis / Redresse la tête / Tais-toi / Fais plus d’efforts / Bois / Mens. Et surtout : « Grow some balls » – Aie des couilles, grosses de préférence.
La masculinité n’est ici que l’obéissance à un ensemble de règles, d’ordres, forçant sous la contrainte d’une violence au contrôle de soi. La masculinité est une aliénation, un masque de fer, une prison interne : « The mask / Of masculinity / Is a mask / A mask that’s wearing me ». La MASCulinité n’est qu’un MASQue imposé et donc, en même temps, un masque que l’on peut arracher, que l’on a tout intérêt à arracher.
Il n’y a donc pas de masculinité naturelle. Si celle-ci existait, elle n’aurait pas besoin de mots d’ordre, d’une violence exercée sur les individus pour s’imposer. En mimant ces mots d’ordre, le groupe IDLES fait apparaître la masculinité pour ce qu’elle est : une construction qui est un carcan, une prison, un poison. Face à ceci, les paroles affirment l’envie d’autre chose, la découverte et l’invention d’autre chose : « I want to try ».
Les paroles affirment surtout une phrase qui fait voler en éclats la logique viriliste de la masculinité : « I kissed a boy and I liked it », défiant par là l’homophobie et le sexisme inhérents à la masculinité (et, grâce à la construction des lyrics, d’une manière bien plus pertinente et forte que le « I kissed a girl and I like it » de Katy Perry). Affirmant également le point de vue de l’individu, son plaisir, sa quête personnelle comme moyens de s’opposer à l’endoctrinement collectif et social.
IDLES sera en concert au Bataclan le 3 décembre prochain.