Corto Maltese : héros, légende, symbole d’un certain âge d’or de la bande dessinée. Grâce à Martin Quenehen au scénario et Bastien Vivès au dessin, la création d’Hugo Pratt renaît pour la deuxième fois avec Océan Noir, roman graphique inspiré qui fait entrer le mythe Corto dans la modernité sans abîmer l’héritage du maître.

Manu Larcenet va bien. Enfin… mieux. Ou pas plus mal que si c’était pire. La preuve ? Alors qu’on l’avait laissé en pleine Thérapie de groupe en train de danser avec les étoiles, convaincu que le chaos en soi « c’est pas marrant tous les jours », revoilà Manu Larcenet dans un tome où tout se conçoit bien depuis les couloirs de la clinique des petits oiseaux « où si on met de côté quelques suicidaires, en général tout se finit bien. »

Boris Vian (pré)disait qu’il ne vivrait pas jusqu’à quarante ans. À l’occasion des 100 ans de sa naissance, les éditions Dupuis rééditent Piscine Molitor de Cailleaux et Bourhis (en tirage limité à 1 500 exemplaires, avec un dossier inédit de 16 pages). Son imagination était débordante, ses talents multiples, sa maladie était sa solitude : Cailleaux et Bourhis signent le portrait de Boris Vian dans un roman graphique d’une grande sensibilité où percent mélancolie et admiration.

Adoubé par Craig Thompson qui signe la préface d’In Waves, AJ Dungo signe le roman graphique américain de la rentrée. Un voyage initiatique, le récit d’un double apprentissage. La pratique du surf élevé en mojo (qui confère à ses adeptes un pouvoir quasi mystique) et l’expérience du deuil. Un livre graphiquement envoûtant et fascinant d’intelligence et de sensibilité.

Avec Herzl : une histoire européenne, qui paraît ces jours-ci aux éditions Denoël, Camille de Toledo livre, avec l’inventive compagnie d’Alexandre Pavlenko, son premier roman graphique. Plus que jamais attentif aux formes les plus contemporaines d’expression, Camille de Toledo choisit ici, de manière aussi inattendue que neuve, de déployer le sombre récit d’une figure historique du judaïsme, Theodor Herzl, en la donnant littéralement à voir par les noires illustrations de Pavlenko dans toute sa puissance tragique.

Les amours adolescentes de Bastien Vivès ont une grâce empreinte d’une gravité légère, à des lieues de ses dernières réalisations. Et pour cause : l’auteur du Goût du chlore, de Polina, d’Elle(s) et Dans mes yeux, a délaissé les rings virils et futuristes de Last Man pour réinvestir le champ intime des amours de jeunesse. Itinéraire d’un ravissement graphique et narratif.

En 1986, le parti de Jean-Marie Le Pen obtient 35 sièges à l’Assemblée et la jeunesse emmerde encore le Front National. Au plus fort de la première cohabitation, le président François Mitterrand refuse de signer plusieurs ordonnances ministérielles (sur la flexibilité du temps de travail notamment) et s’oppose publiquement à son premier ministre Jacques Chirac sur la loi Devaquet. Cette année-là décèdent Simone de Beauvoir, Coluche, Thierry Sabine et Daniel Balavoine. Et Malik Oussekine.