Le Quartier, O Bairro, est un espace créé par Gonçalo M. Tavares et habité par des écrivains. Là vivent monsieur Valéry, le premier à s’être installé, et ses voisins, Brecht, Henri, Juarroz, Breton, Calvino, Eliot, Swedenborg, Kraus et Walser. Désormais ils cohabitent aussi dans un livre qui vient de paraître aux éditions Viviane Hamy, rassemble ces Messieurs et offre quelques inédits aux lecteurs français qui, comme moi, auraient dévoré les précédentes publications, un « monsieur » après l’autre.
Mathias Enard
Diacritik a évoqué ces livres lors de leur parution en grand format. Mais les poches font aussi leur rentrée littéraire. Revue des sorties, par ordre alphabétique d’auteurs, 1.
On sait, sans qu’il soit besoin d’y insister, que les prix littéraires sont un poste d’observation très intéressant de ce que les institutions reconnaissent et transmettent.
Tout récit est procès, plus encore quand il s’attache à l’Histoire, à la place de la violence et du pouvoir dans l’Histoire : mais que peuvent plus précisément nous dire les procès, en tant que scènes judiciaires, d’un passé récent, le XXe siècle ?
Le 42e prix du livre Inter 2016 vient de dévoiler sa première sélection. Les 24 auditeurs-jurés délibèrent cette année sous la présidence d’Agnès Desarthe. Ce prix, créé en 1975, est l’un des plus prescripteurs et ses choix sont souvent d’une grande pertinence — il a récompensé, ces dernières années et parmi d’autres, Céline Minard, Alice Zeniter, Olivia Rosenthal, Cloé Korman, Nina Bouraoui, Frédéric Boyer, Laurent Mauvignier, Mathias Enard, Nathalie Léger. Sont cette année en lice les romans suivants :
Ce soir, ce ne sont pas moins de trois écrivains que la librairie Folies d’Encre de Montreuil, rassemble à 18 h 30 : Alexandre Civico, Mathias Enard et Mathieu Larnaudie. Gageons qu’il faudra pousser les murs pour faire entrer tout le monde.
Nos dialecteurs ont un flair littéraire certain, eux qui ont décerné, dès samedi, leur Goncourt à Mathias Enard, pour Boussole, un roman exigeant, littéraire, foisonnant, un récit des frontières, comme celle qui scinde et unit les deux rives d’Istanbul : « se promener dans Istanbul était, quel que soit le but de l’expédition, un déchirement de beauté dans la frontière — que l’on voie Constantinople comme la ville la plus à l’est de l’Europe ou la plus à l’ouest de l’Asie, comme une fin ou un commencement, comme une passerelle ou une lisière, cette mixité est fracturée par la nature, et le lieu y pèse sur l’histoire comme l’histoire elle-même sur les hommes. »
La semaine des prix littéraires a été lancée hier avec le Grand Prix de l’Académie française et ses deux lauréats, Hédi Kaddour pour Les Prépondérants et Boualem Sansal pour 2084. Un prix en miroir comme deux rives de la Méditerranée primées — et jusque là, comment ne pas être d’accord ? — mais aussi le recto et le verso du livre : d’un côté, l’ampleur, la fluidité, un sens inné et merveilleux (au sens étymologique) du détail qui fait sens, de l’autre des métaphores pâteuses, un didactisme tout aussi étouffant et, disons-le, un très mauvais roman : en somme le meilleur (Kaddour) comme le pire.
Tour du monde du livre en moins de 80 jours dans les pages culturelles de nos confrères, par la rédaction Diacritik. Des choix, subjectifs, volontairement lacunaires, souvent orientés, parfois énervés.