On s’était habitué, avec Maylis de Kerangal, aux tambours et aux trompettes, aux incipits de parade, à ces œuvres aux frontispices vibrants, de l’odyssée de Georges Diderot, héros de Naissance d’un pont, à la vague mythique venue du fond des âges lançant le compte à rebours poignant de Réparer les vivants.

Elle a écrit Corniche Kennedy, Naissance d’un pont, Réparer les vivants, elle a consacré un court récit aux naufragés de Lampedusa (À ce stade de la nuit), a emboîté les pas d’un apprenti cuisinier dans Un chemin de tables, vient d’imaginer le parcours d’une jeune peintre en décor dans le très beau Un monde à portée de main, paru chez Verticales.

On s’était habitué, avec Maylis de Kerangal, aux tambours et aux trompettes, aux incipits de parade, à ces œuvres aux frontispices vibrants, de l’odyssée de Georges Diderot, héros de Naissance d’un pont, à la vague mythique venue du fond des âges lançant le compte à rebours poignant de Réparer les vivants.

Tout récit est procès, plus encore quand il s’attache à l’Histoire, à la place de la violence et du pouvoir dans l’Histoire : mais que peuvent plus précisément nous dire les procès, en tant que scènes judiciaires, d’un passé récent, le XXe siècle ?

Ne vous fiez pas à l’épaisseur de ce livre pour jauger son importance : A ce stade de la nuit est de ces textes majeurs dont aucun mot ne dépasse, sculpté à l’os pour dire l’essence d’un moment, d’une crise, autour d’un mot, un nom propre qui exsude de sens poétiques et politiques, nom propre devenu nom commun, martelé aux informations dans une forme d’indifférence générale que refuse Maylis de Kerangal : Lampedusa.