Mais qui donc aura le Goncourt ? (sondage inside)

La semaine des prix littéraires a été lancée hier avec le Grand Prix de l’Académie française et ses deux lauréats, Hédi Kaddour pour Les Prépondérants et Boualem Sansal pour 2084. Un prix en miroir comme deux rives de la Méditerranée primées — et jusque là, comment ne pas être d’accord ? — mais aussi le recto et le verso du livre : d’un côté, l’ampleur, la fluidité, un sens inné et merveilleux (au sens étymologique) du détail qui fait sens, de l’autre des métaphores pâteuses, un didactisme tout aussi étouffant et, disons-le, un très mauvais roman : en somme le meilleur (Kaddour) comme le pire.

Les prix, c’est l’acmé de la rentrée d’automne, des ventes assurées en librairies pour les auteurs et les maisons d’édition primées. Hier Gallimard a fait coup double (et, c’est important pour mardi, n’a pas eu le Goncourt depuis 2011).

Les prix, c’est aussi le calvaire des journalistes et critiques littéraires : pondre rapidement quelque chose, qu’on ait lu ou pas, avoir un avis, aussi éclairé et tranché que possible, répondre aux questions des amis, des voisins, du facteur qui a forcément repéré que vous appartenez à ce petit monde aux kilos de courrier qu’il déverse quotidiennement dans votre boîte, de la cousine du facteur, ad lib. Mais à ce petit jeu, rien ne vaut l’annonce du Nobel, sorte de galop d’essai d’octobre, destiné sans doute à tester la capacité de réaction des rédactions. Je me souviendrai longtemps d’un papier de Libé en 2011, expliquant benoîtement qu’il y a « de belles images » dans la poésie de Tomas Tranströmer. Puissant.

Les deux semaines à venir seront donc celles des prix tombant tous les jours ou presque — lundi 2 le Décembre, mardi 3 Goncourt et Renaudot, mercredi 4 le Femina, jeudi 5 le Médicis ; la semaine suivante, le Wepler le lundi 9, le Flore le mardi 10 — le carton d’invitation fait de l’humour, venir en « tenue de bobo arrogant », no comment — puis l’Interallié le 12 et je passe sur le Prix 30 millions d’amis le 18 et même le Prix Goncourt des Lycéens qui fait pourtant partie des plus prescripteurs. N’en jetez plus.

Résultat des courses ? des journalistes littéraires déjà exténués par la rentrée achevés par les prix, 99 % des auteurs présents lors de la rentrée littéraire en dépression profonde et sous valium, quelques heureux et… la fin des pronostics, bruits de couloir, rumeurs et autres paris. Ouf.

Capture d’écran 2015-10-30 à 15.55.51Livres Hebdo a donc demandé à « 16 critiques littéraires influents » — notre Boris Hubert Loyer doute de la pertinence de l’adjectif, puisqu’on ne lui a pas demandé son avis pourtant éclairé d’autoproclamé « épris littéraire » — de dire qui succédera à Lydie Salvayre. Quatre choix s’offrent à eux — ce qui réduit les possibilités, mathématiquement parlant — et Hédi Kaddour l’emporte à une large majorité ; sauf que le Prix de l’Académie rend la boule de cristal beaucoup moins nette… mais il est tombé après le bouclage du numéro.

Comme, chez DK, on considère nos lecteurs comme des critiques influents, on a décidé de jouer à ce petit jeu avec qui veut bien participer. Qui, selon les lecteurs de Diacritik — les membres de la rédaction peuvent jouer — aura le Goncourt ? Résultats publiés dimanche. Et on verra mardi si nos lecteurs ont du flair…

Capture d’écran 2015-11-01 à 08.51.13Un seul vote possible par IP, résultats masqués pendant la durée du vote. Vous avez 24 heures pour vous exprimer (jusqu’à samedi 17 heures, donc).
Edit : Votes clos.