Apparitions et éclipses des œuvres francophones au Goncourt, d’Antonine Maillet à Leïla Slimani

On sait, sans qu’il soit besoin d’y insister, que les prix littéraires sont un poste d’observation très intéressant de ce que les institutions reconnaissent et transmettent. Après tant d’autres, je me propose d’observer le Goncourt. Comme l’écrit Christine Marcandier : « Le Goncourt reste le Goncourt ce prix qu’on adore détester parce qu’il récompense trop souvent (voire quasi systématiquement) des livres mineurs. Ce prix que l’on est prêt à encenser quand il ose des choix plus novateurs et offre à des écrivains moins médiatiques une soudaine exposition (et des lecteurs) ». Ce qui m’y incite cette année, c’est évidemment d’approcher les raisons du choix pour Leïla Slimani.

Moi qui m’intéresse essentiellement aux écrivains francophones et, dans leur sillage, à d’autres périphériques des littératures homologuées, je me pose la question du rapport entre le nom de la primée et son origine, le contenu du roman et son écriture et l’attribution du prix. En effet, lorsqu’on observe depuis sa création en 1903, la liste des Goncourt, les romanciers francophones ne sont pas légions, c’est le moins qu’on puisse dire ! Est-ce comme « non francophone » malgré son nom « arabe », entre autres raisons, que Leïla Slimani a été primée ?

Aussi faut-il définir « l’écrivain francophone » pour que ce soit plus explicite, en ayant bien à l’esprit que les classifications sont une manière d’observer les mécanismes du monde littéraire et non une appréciation des performances esthétiques. Ce n’est pas seulement l’écrivain qui utilise le français comme langue de création mais celui qui le fait de façon particulière parce qu’il vient d’ailleurs et ne renonce pas à cet ailleurs, l’inscrivant dans la texture de son texte. Il adopte le français comme langue d’écriture en ayant dans son potentiel linguistique au moins une autre langue, cette adoption s’éclairant par un parcours personnel et une histoire collective. Même si, aujourd’hui, le qualifiant d’écrivain francophone englobe des exilés de pays qui n’ont pas été dominés par la France, il n’en reste pas moins que les « premiers » francophones sont ceux d’espaces colonisés. Ils écrivent en français en important dans cette langue leurs cultures, leur Histoire et leurs imaginaires. On voudra bien laisser de côté la réplique-réflexe : « mais tous les écrivains qui écrivent en français sont francophones »…

Pour le prix Goncourt, le décompte peut être fait assez rapidement ; l’alpha est, en 1921, René Maran, Guyanais, déclenchant une polémique énorme lorsqu’il fut primé par les jurés du Goncourt pour Batouala, véritable roman nègre à cause d’une préface virulente contre la mauvaise colonisation. S’il s’est plaint lui-même ensuite d’avoir été prisonnier de ce label, on peut rappeler que le prix ne fut obtenu qu’avec la double voix du président, provoquant un scandale, les jurés expliquant leur choix par « la dénonciation des méfaits de la colonisation ». On ne peut pas ne pas dire que l’orientation dominante de gauche du Goncourt ne se soit pas vérifiée alors. Mais cet ailleurs colonisé n’est pas nécessairement vu d’un bon œil. Il faudra attendre 66 ans pour que le prix soit attribué à cette catégorie d’écrivains avec la consécration de Tahar Ben Jellloun en 1987 pour La Nuit sacrée. L’onde de choc a été profonde… suivront en 1992, Patrick Chamoiseau pour Texaco, en 1993, Amin Maalouf pour Le Rocher de Tanios, en 1995, Andrei Makine pour Le Testament français ; en 2008, Atiq Rahimi pour Syngué sabour. Pierre de patience. Aujourd’hui Leïla Slimani que la presse présente le plus souvent comme « romancière franco-marocaine ».

Cependant, comme l’empire colonial est un tout – colonisateurs et colonisés en interaction inégalitaire mais en interaction –, on peut s’intéresser aux romans primés qui ont à voir, d’une façon ou d’une autre, avec l’espace ou les acteurs des colonies. On peut lister les romans primés avant les années 1960, les années encore coloniales. Le premier prix en 1903 est décerné à un auteur, John-Antoine Nau (pseudonyme d’Eugène Torquet), marqué par le voyage et les séjours hors de France (Martinique, Alger), même si son roman, Force ennemie, n’est pas un roman colonial. En 1905, le prix revient à Claude Farrère pour Les Civilisés. En 1906, ce sont les frères Tharaud, racistes, antisémites et colonialistes, qui sont primés pour Dingley, l’illustre écrivain, qui se passe pendant la guerre du Transvaal et permet de brocarder la colonisation à l’anglaise et de s’en prendre à Kipling. En 1909, ce sont les deux cousins réunionnais, Marius-Ary Leblond, qui sont couronnés pour En France qui raconte le parcours de deux jeunes créoles venus y étudier. En 1930, c’est Henri Fauconnier, grand planteur en Malaisie qui emporte le prix pour Malaisie qui a eu un succès d’estime considérable qui ne se dément pas. Il y évoque sa Malaisie des années 30 avec ses clubs fermés de planteurs d’hévéas qui ont pratiqué ce que l’on a appelé la traite jaunière et l’ambiguïté des relations humaines en colonie. En 1956, c’est le roman « africain » de Romain Gary qui est primé, Les Racines du ciel. Cinq romans, la récolte n’est pas énorme mais elle reste significative, même si on voit que la littérature « coloniale » ou « para-coloniale » n’est pas promue par le canal légitime de l’institution. Dans sa rétrospective sur l’histoire du prix, Pierre Assouline dit que dans ces périodes, le Goncourt privilégie les romans documentaires et régionalistes, que le document porte sur la France ou sur les lointains. Le Goncourt à Marcel Proust en 1919 marque une rupture dont a bénéficié sans doute deux ans plus tard René Maran déjà évoqué.

Le Goncourt est-il plus généreux depuis les années post-coloniales, après 1960 ? En 1964, Georges Conchon est primé pour L’État sauvage qui raconte le voyage en 1960 dans une jeune république africaine ; en 1974, La Vie devant soi d’Emile Ajar (Romain Gary) où les personnages sont des traces à la fois de la colonisation et de la shoah ; en 1976, Les Flamboyants de Patrick Grainville qui imagine l’épopée d’un roi fou africain imaginaire, Tokor ; en 1984, L’Amant de Marguerite Duras qui dévie l’imaginaire vers l’Asie, en 1988, L’Exposition coloniale de l’Académicien Erik Orsenna ; et enfin en 2011, Alexis Jenni (né en 1963) pour L’Art français de la guerre.

On ne fera pas l’injure à Marie N’Diaye de la classer dans les francophones, écrivains que nous allons étudier maintenant : c’est elle qui est primée en 2009 pour Trois femmes puissantes. Elle inaugure le classement problématique que posent désormais certains écrivains entre la qualification de « français » et de « francophones » dont l’exemple récent est celui de Leïla Slimani. On peut aussi mettre le curseur sur les écrivaines primées par le Goncourt pour arriver à resserrer notre propos.

1944, Elsa Triolet pour Le premier accroc coûte 200 francs
1952, Béatrix Beck pour Léon Morin prêtre
1954, Simone de Beauvoir, Les Mandarins
1962, Anna Langfus, Les Bagages de sable
1966, Edmonde Charles-Roux pour Oublier Palerme
1979, Antonine Maillet pour Pélagie-la-Charrette
1984, Marguerite Duras pour L’Amant
1996, Pascale Roze pour Le chasseur zéro
1998, Paule Constant pour Confidence pour confidence
2009, Marie N’Diaye, Trois femmes puissantes
2014, Lydie Salvayre pour Pas pleurer

est donc la douzième écrivaine primée en 113 ans de prix Goncourt. Toutefois elle n’est pas la première francophone puisqu’elle a été précédée par Elsa Triolet, Béatrix Beck, Anna Langfus et Antonine Maillet, « francophones » par le jeu de langues ou par l’origine. Ce sont des parcours passionnants à étudier mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui. Enfin, fidèle à mon « syndrome » francophone, mon choix se serait porté pour le Goncourt 2016, dans la première liste, sur Négar Djavadi… Après tout à chacun son Goncourt et je choisis comme ce fut le cas l’année dernière avec Mathias Enard, ces romans qui savent brasser une autre culture que la culture franco-française, qui nous donnent de l’oxygène même quand ils sont tragiques, qui désenclavent et conjuguent l’intime, le collectif dans une complexité romanesque vertigineuse.

Couronnant une écrivaine acadienne, écrivaine canadienne, le prix attribué à Antonine Maillet fait du bruit quand il est proclamé le 19 novembre 1979. Elle est la première écrivaine – mais aussi le premier écrivain –, à sortir le Goncourt de France et à sa réception, elle s’exclame : «  C’est un grand jour pour le Canada français, pour l’Amérique francophone, pour l’Acadie qui fête son 375è anniversaire… C’est comme si la France s’était agrandie, dans le temps et dans l’espace, à la francophonie d’outre-mer ».

On se pose souvent la question : que devient un écrivain après le Goncourt ? Si la plupart des lecteurs français ont oublié, s’ils ne l’ont jamais connue, Antonine Maillet a une grande notoriété chez elle et vient de publier un dernier ouvrage, à 86 ans, Lettres de mon phare, aux éditions Léméac. Le 13 octobre 2016, dans le cadre des causeries régulièrement organisées par la librairie Olivieri à Montréal, elle présentait ce dernier ouvrage. Vive, un brin malicieuse, devant un public nombreux et conquis d’avance, cette auteure dont la popularité est toujours grande, a parlé de ces textes courts qui, exception faite de quelques inédits antérieurs, sont des textes très récemment écrits. À coup d’anecdotes, elle raconte, commençant par souligner quelle importance eut pour elle la lecture, à l’école, par la maîtresse, de « La dernière classe » d’Alphonse Daudet qui la fit entrer en littérature. Son premier texte intitulé « Hommage » est dédié à Daudet : « Je salue ce premier mentor et lui envoie mes lambeaux d’algues marines du haut de mon phare, un faux phare planté sur pilotis dans les dunes du Fond-de-la-Baie ».

Évoquant ce moment particulier de son enfance, elle retrouve cette émotion qui l’habite lorsqu’elle convoque son Acadie, la douleur et la richesse de sa langue dont les mots roulent dans sa gorge d’amoureuse des mots, avec un vif plaisir partagé par la salle. Son ouvrage est fait de ces temps forts de sa vie qu’elle aime partager. Dans « La Track », elle se souvient du père Léopold, revenu d’Afrique et qui découvre le village coupé en deux et il songe : « Les Nègres blancs d’Amérique […] Au moins deux générations. Ces gens partagent pourtant avec la population d’en haut les mêmes noms, sont sortis de la même déportation, traînent le même traumatisme, et rêvent comme tout le monde de se refaire une vie ». Les héros obscurs de son pays sont tout aussi dignes d’attention que les personnages français : « C’est ça, Jimmy Lanteigne, le héros qui sortait tout crûment de la fable, au même titre que Pantagruel, d’Artagnan ou Henri à Gros-Jean. Un poète qui, plutôt que d’écrire son poème épique, se contenta de le vivre ». Elle raconte aussi avec beaucoup d’humour et d’auto-dérision sa recherche d’un phare pour y habiter. Il faut lire le savoureux conte-poème, « Un compte à régler avec Adam et Ève ». Généreuse, elle se livre, soulignant qu’elle n’écrira pas son autobiographie : quel intérêt, en effet, pour celle qui déclare : « je suis partout dans mes livres, je suis là dans ces lettres, dans mon prochain, je serai là. » Sous le charme, les auditeurs se pressent autour d’elle pour faire signer l’ouvrage que propose la librairie.

Quel public se pressera autour de Leïla Slimani quand elle aura 86 ans… Quittons cette fiction pour regarder, dans différents entretiens, ce que la nouvelle lauréate dit de son Maroc natal et de son effacement voulu dans ses deux premiers romans. « Née à l’étranger » ont titré plusieurs articles : le fait qu’elle soit née au Maroc et la seconde lauréate, après Tahar Ben Jelloun à être franco-marocaine a été souligné plusieurs fois, l’aîné étant membre de l’Académie Goncourt. Mais alors que le célèbre romancier marocain entrait dans la liste des primés du Goncourt avec une grande part de sa culture arabe et maghrébine et un espace totalement marocain, Chanson douce contourne cette marque en proposant un roman franco-parisien, essentiellement domestique. Jusqu’à 17 ans, Leïla Slimani vit à Rabat, dans un milieu aisé, scolarisée au lycée français (comme Fouad Laroui par exemple), ce qu’elle appelle « une bulle protégée ». Pour son premier roman, Dans le jardin de l’ogre, elle a obtenu le prix littéraire de la Mamounia et affirme que cette réception très favorable venait du fait qu’elle mettait en scène une héroïne et une histoire non marocaines. Ne pas choisir des personnages maghrébins, c’était opter pour du « très anodin ». Elle veut se dérober à cet impératif imposé aux Maghrébins de disserter sur des sujets socio-politiques autour de l’islam et de l’actualité : « J’essaye de lutter un peu contre ça, de botter en touche, de ne pas forcément répondre… » Son nom fait que dans les rayons de librairie, elle est classée dans l’étagère « Maghreb Moyen-Orient ». Son héroïne s’appelle bien Myriam, version light de « Meriem », prénom qui l’aurait tout de suite assignée à une sphère de référence. Elle ne renie pas le Maroc mais n’entend pas y être emprisonnée. Et elle annonce que son prochain ouvrage, ensemble d’entretiens au Maroc commentés, doit sortir en janvier 2017, sous le titre Sexe et Mensonge. Car elle veut étudier – mais pas dans un roman semble-t-il –, cette culture de la dissimulation. Elle pense que c’est une des sources de son attrait pour des personnages à double entrée : « Il y a une chanson marocaine qui s’appelle  » Blad Schizo » (pays schizophrène) et je crois qu’on en est là. Et on est tous élevés dans cette schizophrénie. On dit des choses et on fait le contraire. On ment, on dissimule pour garder une apparence de moralité et de probité ».

Les critiques ont également remarqué la marque générique du conte, du conte noir, dans son écriture : elle reconnaît volontiers être influencée par l’univers du conte qui lui vient du Maroc. A Sophie Pujas dans Le Point Afrique, Leïla Slimani déclare : « J’interroge un peu ce que disait Kamel Daoud autour de la misère sexuelle dans le Maghreb. Pour moi, toute la question est de savoir si une société peut longtemps tenir ainsi en interdisant l’adultère, l’homosexualité… » Leïla Slimani évoque parfois sa difficile adaptation à l’univers parisien, à 17 ans, après sa vie marocaine. Elle retourne au Maroc comme journaliste mais plus pour y vivre car elle bénéficie d’une liberté de mouvement, d’habillement, de pensée à laquelle elle ne peut plus renoncer. Au Maroc, « quand on est une femme, on est obligé de vivre dans le mensonge perpétuel ».

Elle avait publié dès la fin du mois d’août 2016 un entretien titré « L’ultramoderne solitude des femmes », pour parler de Chanson douce « contant la dérive délirante d’une nounou meurtrière ». La romancière dit s’être inspirée d’un fait divers ayant eu lieu à New York en 2012, alors qu’elle venait elle-même d’être mère : « J’avais été très marquée par l’histoire d’une nounou portoricaine, à New York, qui avait assassiné les deux enfants dont elle avait la garde. J’ai suivi le procès, qui m’avait fascinée à cause du mystère de cette femme qui n’a jamais véritablement donné d’explication », déclare-t-elle. Cherchant une nounou pour son fils de 6 mois, elle a voulu sonder cette relation étrange et mystérieuse entre des parents et la femme à laquelle ils confient leurs enfants. L’objet du roman n’est donc pas l’acte meurtrier en lui-même puisqu’il est posé dès le début mais les chemins empruntés pour arriver à cette tragédie. La romancière rend son lecteur, sa lectrice, complices de cette plongée dans la mystérieuse étrangeté des relations humaines qui fait que l’on confie ce que l’on a de plus cher à une parfaite inconnue sur une impression d’entretien et de maigres informations la concernant. On ne connaît rien de sa vie. Mais le lecteur complice partage l’angoisse de la narration à l’insu des parents.

« Si la nounou de mon roman s’appelle Louise, c’est à cause du cas Louise Woodward, cette jeune fille au pair anglaise qui avait secoué un bébé dans une famille de médecins américains. Son procès avait fait grand bruit car la ligne de défense de son avocat consistait à dire que la mère travaillait beaucoup et qu’en délégant l’éducation de ses enfants elle ne pouvait pas se plaindre de ce qui arrivait ». Ce statut particulier de la nounou dans une famille semble aussi avoir été nourri de la présence de nounous au Maroc où elle a grandi. « C’est une espèce de monde périphérique et quasi invisible dont on parle très peu. J’avais aussi envie de braquer le projecteur sur cet univers de la petite enfance ». Le braquer aussi sur la culpabilisation des mères qui « abandonnent » leur enfant à une « étrangère ».

Je fais mienne cette appréciation de Jean-Claude Raspiengeas qui écrivait, le 16 septembre dans La Croix, après avoir annoncé le roman comme un des « grands livres de la rentrée » qu’« avec un style nerveux et sec, un sens de l’observation, des scènes magistralement reconstituées, Leila Slimani compose une suite de non-retours, une fascinante dérive des continents. Et referme, avec une redoutable efficacité, le piège jusqu’à l’horreur. Elle dissèque une nouvelle forme de lutte des classes et d’exploitation feutrée, parée des meilleures intentions, grâce à laquelle cette néobourgeoisie, découvrant l’aisance, se déleste du poids de ses enfants, tout en leur vouant un culte inédit dans l’histoire de l’humanité ». La performance littéraire de Leïla Slimani ne fait pas de doute. Ce qui ne fait pas de doute non plus, d’abord à la lecture de son roman, ensuite à la lecture des entretiens, c’est que son imaginaire entend mettre de côté l’espace marocain avec tout ce qu’il peut entraîner dans le rapport au sociologique et au public.

Dans ce positionnement, on ne peut pas ne pas percevoir une stratégie – sans mettre dans ce mot quoi que ce soit de péjoratif –, pour échapper au qualifiant d’écrivaine francophone, trop marginalisée, même si un temps folklorisée dans le champ littéraire français, et s’imposer de plain pied et de plein droit comme écrivaine française. On peut penser – mais bien évidemment il faudra suivre son parcours en création –, qu’elle se retrouve dans le positionnement d’une Nina Bouraoui qui avait commencé « dangereusement » avec La Voyeuse interdite pour s’éloigner de ces rives et récupérer sa position d’écrivaine française, au-delà de son nom. Malgré son nom, c’est bien à une écrivaine française que le Goncourt a été donné. Lorsque que Leïla Slimani évoque ses livres d’inspiration, elle parle de Thérèse Raquin pour le basculement dans la folie et d’Octave Mirbeau pour Le Journal d’une femme de chambre. On peut (lui…) indiquer aussi un roman marocain prenant, Le sommeil de l’esclave de Mahi Binebine (Stock, 1992) mettant en scène Dada dans un « monde qui refuse le droit d’exister et d’aimer à ses humiliés et à ses offensés » et qui avait obtenu le Prix Méditerranée ; Le désespoir est un péché de la Libanaise Yasmine Khlat (Le Seuil, 2001), Prix des cinq continents de la francophonie ; et, sous peine de me faire juger avec condescendance pour cette référence à un roman populaire, La couleur des sentiments de Kathryn Stockett (2010 pour la traduction française).