Des jours et des nuits sur l’aire, d’Isabelle Ingold, est un film particulièrement beau et intelligent. Esthétiquement beau et intelligent. Politiquement beau et intelligent.
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Il y a une urgence qui se fait sentir dans le nouveau film de Pietro Marcello, Bella e perduta : celle d’un appel impérieux de circonstances qui infléchissent le cours des événements, qui forcent à prendre des décisions immédiates, et dont l’intrigue conserve la trace par strates successives.
Nicolas Winding Refn a du talent ! Beaucoup de talent. On le sait. Son problème c’est que lui aussi le sait et que depuis le coup d’éclat de Drive (prix de la mise en scène au festival de Cannes 2011), le cinéaste danois se regarde filmer et met beaucoup d’énergie à réaliser des films paresseux.
Probable transcription de l’engouement contemporain pour les chats, ces derniers semblent aussi prendre une importance grandissante dans les films. De celui qui filait systématiquement des mains de Oscar Isaac dans Inside Lewin Davis des frères Cohen, à la loufoque Pandora qui ne cessait de s’échapper elle aussi de celles d’Isabelle Huppert, dans L’Avenir de Mia Hansen-Løve, ils constituent un ressort scénaristique à valeur humoristique assurée. C’est avec un certain cynisme que Paul Verhoeven se réapproprie cette tendance en ouvrant son film Elle avec un plan sur le charmant animal de compagnie qui regarde, imperturbable, le viol de sa maîtresse Michèle (Isabelle Huppert) dans son salon.
Elle de Paul Verhoeven est un de ces petits miracles devant lesquels le cinéphile se sent humble. Non pas que le film soit un chef d’œuvre absolu, les coutures du cinéma de Verhoeven sont toujours aussi visibles. Mais à la sortie de la salle, on ne peut s’empêcher de penser que le film revient de loin, que Paul Verhoeven est très proche d’avoir réalisé un film irresponsable ou dégueulasse sur le viol. Miraculeusement donc, Verhoeven ne sombre jamais dans la psychologie de bazar misogyne, au contraire, débarrassé des contraintes des grosses machines hollywoodiennes, il réalise avec Elle son film le plus transgressif, le plus déroutant, son meilleur film.
Présenté avec succès au festival de Cannes en mai 2015, sorti en salle en France en janvier 2016, le dernier film de Todd Haynes, Carol, est depuis le 17 mai disponible en DVD. L’occasion de revenir sur un film aux enjeux plus complexes qu’il n’y parait.
Orchestrée depuis 1982, la divulgation de Visite ou Mémoires et Confessions (Visita ou Memórias e Confissões) ne devait se faire qu’après la mort de Manoel de Oliveira, survenue le 2 avril 2015 à l’âge de 106 ans. Revenu ainsi d’entre les morts, le réalisateur livre un film autobiographique en ouvrant les portes de la maison où il a vécu 40 ans.
Croyez-bien que j’en suis tout à fait désolé, mais le dernier Woody Allen, comme la grande majorité de son œuvre, est très réussi.
« Pourquoi vous… tu me racontes cette histoire ? » demande avec étonnement Caroline (Isabelle Carré) à l’exubérante et à peine connue Pattie (Karin Viard) qui vient de lui faire un second récit fort grivois et bien détaillé de l’une de ses nombreuses et ravissantes baisades. Et Pattie de répondre tout simplement : « Pour rien, je t’explique d’où vient le vin. ». Si on ne l’avait pas encore compris à ce stade du film, à savoir une quinzaine de minutes après le début, le moteur de 21 nuits avec Pattie est la parole.
Il y a quelques années, Batman – Dark Knight rappelait que l’on peut faire un beau film d’auteur avec un mec déguisé en chauve-souris. Nolan remontait au mythe du cavalier maudit, obligé de chevaucher sa monture jusqu’à la fin des temps. Un blockbuster peut-être une œuvre personnelle et audacieuse, ce n’est pas un scoop, mais il faut avouer que les franchises Marvel finissaient par nous faire douter.
On avait laissé Jérémy Sibony un peu énervé par le palmarès des César. Revoici son journal, notes d’un cinéphile parfois émerveillé, parfois énervé par les films vus. Mais pas seulement.
Les premières secondes du film sont presque silencieuses, la caméra frôle une équilibriste, on entend à peine la musique, quelques paroles, puis, le champ s’élargit, nous sommes sur la scène d’un théâtre itinérant. Alors la musique et les comédiens envahissent l’écran, une mariée kusturikienne est portée en triomphe par une bande de comédiens ivres ou jouant l’ivresse, on ne sait plus, ça gueule, ça crie, ça boit à la santé de la mariée, les spectateurs de la pièce sont invités à vider leur verre de vodka, la caméra passe d’un acteur à un autre, on suit dans le même mouvement une actrice sortir de scène, un acteur se préparer dans les coulisses qu’un simple rideau sépare de la scène.
Le DVD d’un chef d’œuvre japonais de 1959, les polémiques des César, les Oscars, Éperdument et Saint-Amour : c’est le journal d’un cinéphile de Jérémy Sibony.
Entretien avec Antoine Gaudin, autour de Jacques Rivette, de la Nouvelle Vague et du cinéma.
Serge Gainsbourg aurait eu 88 ans le 2 avril prochain. Mais il est mort il y a 25 ans, le 2 mars 1991. On l’imagine mal, de toute façon, atteindre cet âge respectable, eu égard à sa diététique à rebours, à base de nicotine et de 102… Hommage en quelques livres qui reviennent sur un parcours d’exception ou, comme Johan Sfar, font de la légende Gainsbourg une part de leur univers.