Avec Fou de Paris, Eugène Savitzkaya signe indubitablement l’un des plus beaux romans de l’année, et assurément l’un de ses plus remarquables récits au sein d’une œuvre déjà majeure de notre contemporain. C’est peu de dire que, porté par une langue d’une rare puissance, Savitzkaya donne à lire et livre à la sensation la plus sauvage un Paris que traverse un singulier narrateur. Hanté par la figure d’un poète méconnu, Hégésippe Moreau, Fou de Paris se lit comme le conte féérique d’une odyssée sensuelle dans la capitale française. Une odyssée qui, de Sarkozy aux confinements en passant par la tragédie des attentats, dévoile une résonance politique plus vive encore que dans les autres récits de Savitzkaya. Un très grand texte dont Diacritik ne pouvait faire l’économie d’interroger son auteur le temps d’un grand entretien.

2020 vit dans l’événement du grand retour d’Eugène Savitzkaya qui, avec la parution chez Minuit d’Au pays des poules aux œufs d’or, livre l’un de ses plus grands textes. Histoire fabuleuse d’un héron et d’une renarde, ce conte d’une beauté conjointement éthérée et tellurique ne cesse d’interroger son propre genre : fable ou roman ? Cinéma ou pur roman ? Dans ce texte d’une jouissance verte, où la nature revient aux hommes, Savitzkaya démontre encore combien, patient inventeur de notre littérature contemporaine, il s’affirme comme l’un des écrivains majeurs de notre temps. Autant de raisons pour Diacritik de partir à la rencontre le temps d’un grand entretien du romancier et poète qui signe l’un des textes déjà parmi les plus remarquables de cette année.

1. C’est en février 2009, alors que sortait en librairie une nouvelle formule de Lapin (la quatrième de cette revue de L’Association en perpétuelle métamorphose), que le nom d’Anne Simon a commencé à me faire signe (même si j’avais déjà survolé Perséphone aux enfers, publié en 2006 chez Michel Lagarde).

Celles et ceux qui sont nés dans les années 1950 forment une génération de précoces. Il est vrai que l’air du temps, dans l’immédiat après-mai-68 (et jusque vers la fin des années 1970), incitait nos aînés à ouvrir des espaces de création – publics ou privés – à des auteurs & artistes en herbe, encore mineurs, les plus hardis d’entre eux ne se privant pas de saisir ces occasions rêvées.

Vendredi 23 juin 2017, Eugène Savitzkaya nous a fait l’honneur de sa présence lors de la quatrième soirée Diacritik/Atout livre. Après la lecture de Sister (éditions L’œil d’or), il a répondu aux questions de Johan Faerber, évoquant les figures du fou et du fraudeur en littérature mais aussi la pêche à la ligne, déroulé magique d’un rapport esthétique et politique au monde, celui d’un « jouisseur de gouttes d’eau ».

Ce vendredi 23 juin se poursuit le cycle des « Soirées Diacritik » initié à la librairie Atout Livre qui est le partenaire de nos rencontres littéraires et critiques où, régulièrement, un auteur vient échanger avec la revue et le public autour de son œuvre. Ce nouveau rendez-vous, animé par Johan Faerber (Diacritik) et David Rey (Atout Livre) prend place vendredi à 19h30 pour recevoir l’un de nos contemporains capitaux : Eugène Savitzkaya.

Parues, chez Gallimard en 2013, des Lettres à Eugène (Savitzkaya) d’Hervé Guibert, seul volume de correspondance dont l’écrivain a autorisé la publication dans la dernière ligne de son testament littéraire, le 3 novembre 1991. Ainsi s’achève « la publication des œuvres inédites posthumes d’Hervé Guibert, telle qu’il en avait fixé le plan, avant sa disparition », comme le précise une note liminaire.

« Tout ici semble écrit dans le langage d’un vent de dégel », s’exclamait impétueusement Nietzsche dans sa préface au Gai Savoir en une formule qui pourrait servir de préambule et de guide idéal à la lecture de Fraudeur et À la cyprine d’Eugène Savitzkaya.
Eugène Savitzkaya qui vient d’être couronné, mardi 1er décembre, par le prix Rossel, 2015, pour Fraudeur.