« Il faut du temps pour comprendre ce qu’aimer veut dire ». Il aura fallu du temps à Mathieu Lindon pour parvenir à dire celui qu’il a aimé et perdu, Hervé Guibert, qui est certes ici l’écrivain et le compagnon des années romaines mais aussi et surtout Hervelino, ce surnom qui n’était qu’à eux, devenu le titre d’un livre bouleversant sur ce que l’amitié veut dire, ce qu’est un livre de deuil lorsqu’il célèbre la vie, l’intensité absolue d’une fin de vie. « Mais qu’écrire d’un mort aimé ? »
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La promesse d’amour d’Hervé Guibert, pour se dire vraiment, a toujours été assujettie à la pure transparence tout en passant par une certaine obliquité. Ainsi était Hervé Guibert, un ange noir, à la fois victime et bourreau des cœurs. Aimer est-ce « tout » dire ou bien se garder de dire « tout » ? Peut-on mentir et trahir par fidélité à l’amour ? Ou aimer dans l’infidélité mensongère et traîtresse ? Un magnifique, noir, lumineux, bouleversant documentaire de David Teboul, en ce moment visible sur Arte, maintenant en replay, répond à ces questions, les éclaire en tout cas. Je n’ai jamais voulu écrire sur Guibert, même si on me l’a déjà demandé, proposé, je n’y suis jamais arrivé. Et je ne vais toujours pas y arriver, ce texte, ce papier, ne sera fait que de notes, de bribes arrachées, questions ouvertes.
À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida et du trentième anniversaire de la mort d’Hervé Guibert, Arte diffuse un documentaire inédit de David Teboul, portrait de l’écrivain depuis des photographies, planches contacts, films super-8 de son enfance et séquences puisées dans les quatorze heures de rushes de La pudeur ou l’impudeur.
« Il faut du temps pour comprendre ce qu’aimer veut dire ». Il aura fallu du temps à Mathieu Lindon pour parvenir à dire celui qu’il a aimé et perdu, Hervé Guibert, qui est certes ici l’écrivain et le compagnon des années romaines mais aussi et surtout Hervelino, ce surnom qui n’était qu’à eux, devenu le titre d’un livre bouleversant sur ce que l’amitié veut dire, ce qu’est un livre de deuil lorsqu’il célèbre la vie, l’intensité absolue d’une fin de vie. « Mais qu’écrire d’un mort aimé ? »
En 1988, Hans Georg Berger publiait L’Image de soi, ou l’injonction de son beau moment ? aux éditions William Blake and Co. Ce beau livre, préfacé par Hervé Guibert, relatait par l’image l’amitié qui liait les deux hommes depuis 1978, date à laquelle le jeune Guibert, journaliste au Monde et auteur de La Mort propagande (Éditions Régine Deforges, 1977), avait été envoyé en Allemagne pour interroger Hans Georg Berger, alors directeur du festival international de théâtre de Munich.
L’écriture d’Hervé Guibert est en partie liée au passé : le reconstituer, retrouver sa trame, la « trace merveilleuse » d’un secret, le rendre présent. Parmi les événements réels mis en récit dans sa vaste entreprise de fictionnalisation du moi, l’enfance à La Rochelle, la passion du théâtre à « la Croco », Philippe.
Du 23 au 28 mai prochain, Marseille battra au rythme d’un nouveau festival, Oh les beaux jours !, dont le titre se veut « cri de ralliement ».
Vice est le second texte écrit par Guibert après La Mort propagande (éd. Régine Deforges, 1977). Du premier texte au second, une même démarche — l’expérience, le corps, le parcours de fantasmes, un travail sur les limites du représentable —, un même objet esthétique et politique au centre du travail : la mort.
Hervé Guibert est mort il y a vingt-cinq ans, le 27 décembre 1991. De sa mort, comme de sa vie, il a fait un texte, un laboratoire, une exposition. État des lieux et hommage, toute cette semaine dans Diacritik, du côté de la vie et d’un « Quoi? – l’éternité ».
La Mort propagande est une somme, celle d’une vie, autoportrait troublé et troublant en douze courts chapitres, celle d’une œuvre.
Parues, chez Gallimard en 2013, des Lettres à Eugène (Savitzkaya) d’Hervé Guibert, seul volume de correspondance dont l’écrivain a autorisé la publication dans la dernière ligne de son testament littéraire, le 3 novembre 1991. Ainsi s’achève « la publication des œuvres inédites posthumes d’Hervé Guibert, telle qu’il en avait fixé le plan, avant sa disparition », comme le précise une note liminaire.
« La marge, c’est ce qui permet aux pages de tenir ensemble » (Godard)
En littérature comme en amour, il est des « hasards objectifs », ces « faits-glissades» dont Mathieu Lindon tisse Ce qu’aimer veut dire. Ce qu’aimer entend nous dire, suggère et impose à un écrivain qui revient dans ces pages sublimes sur des rencontres fondatrices, des présences qui forgent une destinée.
« Les Coulisses de la rédaction » changent de formule pour quelques semaines, le temps de vous présenter, un peu plus en détail les membres de Diacritik, via abécédaires, auto-interviews, notices pré-nécrologiques et/ou portraits chinois, voire fiches de sites de rencontre que nos diacritiques vous livreront dimanche après dimanche.