Vu de France, Fox News est cette chaîne d’info en continu dont Quotidien s’est allègrement moqué quand un « reporter spécialiste des zones de conflit » avait martelé à l’antenne que certains quartiers de Paris étaient des « No-Go zones ».
11 septembre 2001
L’Europe n’a pas été donnée d’emblée à Valéry.
Jonathan Dee poursuit sa fresque de l’Amérique contemporaine avec Ceux d’ici, qui paraît aujourd’hui en poche chez 10/18 : prenant pour cadre une petite ville du Massachusetts, Howland, il raconte l’ascension politique d’un homme richissime qui n’est pas sans rappeler celle du locataire actuel de la Maison Blanche.
« Tôt ou tard, tout devient télévision », écrivait J. G. Ballard, en épigraphe de Par les écrans du monde de Fanny Taillandier, roman par ailleurs placé sous l’exergue de deux récits de création, le texte de Ballard (Jour de création) et le Coran (une sourate des Factions), comme si tout désormais n’était plus créé que pour être vu, selon les règles d’une culture du spectacle, d’une mise en images et d’une spécularité discursive généralisée dont le 11 septembre aura été l’acmé.
La série développée pour Hulu et disponible sur Amazon Prime n’est pas exempte de reproches ni de défauts mais force est de reconnaître que The Looming Tower (la tour qui se dessine au loin) possède des qualités indéniables au premier rang desquelles on trouvera une réécriture de l’histoire récente, une analyse à charge des méthodes du renseignement américain alors en vigueur et les conséquences funestes que l’on connaît.
Manhattan, mars à novembre 2001. Trois amis trentenaires sont déchirés entre leurs rêves, leurs illusions et le dur contact avec la réalité : Marina, écrasée par le modèle de son père, Murray Thwaite, journaliste qui règne sur l’intelligentsia new-yorkaise ; Danielle, qui travaille dans le cinéma, en plein désarroi amoureux et professionnel ; Julius et la confusion des sentiments. Leurs rapports sont singulièrement compliqués par l’entrée dans leur vie de deux personnages diamétralement opposés : Ludovic Seeley, séduisant Australien qui veut révolutionner New York en créant un journal indépendant, The Monitor, et Frederick Tubb, « Bootie », cousin de Marina.
Jay McInerney a passé une semaine à Paris pour la promotion de son dernier roman, Les Jours enfuis, paru le 11 mai aux éditions de l’Olivier, dans la très belle traduction française de Marc Amfreville.
En point d’orgue, une rencontre exceptionnelle avec ses lecteurs, à la librairie Atout Livre, animée par David Rey. Diacritik y était et a pu filmer l’événement.
Il y a des choses qui ne changent pas, qui ne changeront jamais, déclarait un personnage de Trente ans et des poussières de Jay McInerney, premier volume d’un massif romanesque centré sur les Calloway, les « fiancés de l’Amérique », émanation du New York bouillonnant des années 80. Mais, comme le sait déjà Russell, « la vie devient plus compliquée à mesure qu’on vieillit ».
Plus d’un an bientôt après les attentats en chaine du 13 novembre 2015 et plus de deux ans après l’attaque de Charlie Hebdo et de l’Hyper-casher, dans une succession presque ininterrompue de crimes, le terrorisme n’a cessé de faire question, d’ouvrir des débats sans jamais véritablement parvenir, des questions religieuses aux explications psychologisantes, à convaincre. Sans doute faut-il lire sans attendre le remarquable et puissant essai de Laurent de Sutter Théorie du kamikaze pour avoir enfin autant de clefs neuves, fécondes et énergiques sur la figure prégnante de ces attentats, à savoir le kamikaze.
Amy Grace Loyd est écrivain, elle fut éditrice pour Byliner, pour le département fiction du New Yorker, de Playboy magazine et la collection New York Review Book Classics.
« Mais c’était avant, maintenant c’est après. »
En 2006, Deborah Eisenberg publiait un roman implacablement titré Zwilight of the Superheroes (Le crépuscule des superhéros, L’Olivier, 2009). En 2011, Marco Mancassola lui donne la réplique (sismique) avec La Vita erotica dei superuomini (La Vie sexuelle des super-héros, Gallimard). Comme l’illustration romanesque des installations de Gilles Barbier, L’Hospice (2002) ou du passage des Heroes de David Bowie (1977) (we can be heroes / just for one day) aux Zeroes, dix ans plus tard, sur l’album Never let me down. « Ne tombe pas » sont derniers mots, murmurés, de La Vie sexuelle des super-héros, justement.
Amy Grace Loyd est écrivain — elle fut éditrice pour Byliner, pour le département fiction du New Yorker, de Playboy magazine et la collection New York Review Book Classics.
Septembre 2015. Quatre heures du mat’, air moite, pas de clim, jet lag, insomnie, Glenn Gould, sirènes hurlantes sur Amsterdam Avenue, échafaudages sur l’escalier de secours, une fenêtre sur cour, ma West Side Story commence.