Avec Georgette, Dea Liane signe un premier roman, aussi singulier que fort, aux éditions de L’Olivier. D’inspiration autobiographique, ce dense et court récit raconte l’enfance et l’adolescence de la jeune femme sur laquelle veille, entre Beyrouth, la Syrie et Châtenay-Malabry une bonne : Georgette. 

Avec Le Plus court chemin, Antoine Wauters signe l’un de ses plus beaux textes, sans doute l’un des plus puissants et singuliers de cette rentrée. Après le triomphe du beau Mahmoud ou la montée des eaux, Wauters surprend radicalement en délaissant les territoires chaotiques et ruiniformes de la fiction pour s’aventurer avec grâce dans le tremblé des souvenirs d’enfance.

Construit autour de la figure de Donato, le livre d’Éléonore de Duve crée un objet pris dans une écriture qui le fait apparaître et, dans un même mouvement, le dissémine. Il ne s’agit pas pour l’auteure de rédiger une biographie dont le récit manque mais de créer un agencement entre la présence de Donato et son absence. Entre cette présence et cette absence, dans l’articulation des deux, l’écriture a lieu.

« Ce qui n’est pas la même chose que de taire. » C’est probablement la seule position tenable pour le récit généalogique et archéologique qu’entreprend Kim de L’Horizon dans son livre de sang (Blutbuch). Le titre allemand referme comme un conteneur le hêtre pourpre que Rose Labourie, sa traductrice, a choisi pour la version française.

Eliot Royer est un comédien sacrément talentueux. La critique, plagiant habilement Lautréamont, est formelle : « Chaque fois que Royer est sur scène, c’est comme si on y déchiquetait la cervelle d’un jaguar. » Le personnage du nouveau roman de Thomas A. Ravier est en tous points fantasque et ne souhaite pas se poser ni même vous imposer la question éculée de la différence entre fiction et réalité.

Comme chaque été, alors que les aoûtiens sont tout à leurs vacances, et que l’ensemble du pays semble encore tourner au ralenti, des centaines d’articles et de reportages fleurissent comme des marronniers sur ce « rendez-vous incontournable » qu’est la rentrée littéraire. Et cette année, la presse est unanime : la rentrée 2023 est « resserrée », « sobre », avec seulement 466 romans au programme, du jamais vu depuis plus de vingt ans.

Avec La Source des fantômes, Yamina Benahmed Daho s’impose comme l’une des grandes voix de cette rentrée littéraire. Ce nouveau récit poursuit l’exploration autobiographique de l’autrice qui, cette fois, plonge dans son enfance vendéenne au cœur d’un lotissement des années 1980 où son père, harki hanté par la Guerre d’Algérie, a choisi de fixer sa famille.

Le livre de Sergio González Rodríguez est une enquête menée au sujet de l’enlèvement et du très probable assassinat de 43 étudiants au Mexique, en 2014, et dont les corps n’ont jamais été retrouvés. Les 43 d’Iguala est aussi un livre politique, un état des lieux politique, en même temps qu’un livre qui obéit à une injonction morale, un devoir qui s’impose et auquel on ne peut se soustraire.

Centré sur le rapport de Sonia aux chevaux, Cavaler seule développe ce rapport pour en faire le fil rouge par lequel la vie de celle-ci est racontée. Le parti pris de Kathryn Scanlan réside dans le fait que ce récit ne relève pas de l’imaginaire de l’auteure puisqu’il est élaboré à partir d’entretiens réels et réguliers avec Sonia durant une période de trois ans.

Diacritik a toujours eu à cœur de défendre la littérature étrangère et celles et ceux sans lesquel.le.s elle demeurerait inaccessible à une grande partie du lectorat français : les traductrices et traducteurs. Carine Chichereau, traductrice de très nombreux auteurs anglo-saxons, a accepté de tenir une rubrique régulière dans nos colonnes, pour évoquer, en vidéo, un texte dont nous lui devons la version française. Aujourd’hui, Les Âmes errantes, premier roman de Cécile Pin qui paraît aujourd’hui aux éditions Stock dans la collection « La Cosmopolite ».

Avec Triste Tigre, Neige Sinno s’impose comme l’une des révélations de cette rentrée. Véritable déflagration, son livre qui interroge le viol que le beau-père a fait subir à l’autrice durant son enfance, mobilise une rare puissance de diction et un saisissant pouvoir d’intellection des faits.