Les gens arrivent, les gens partent, restent, ils sont là, puis ils s’en vont définitivement. C’est banalité que de le dire, mais n’est-ce pas le sujet de tous les livres, de tous les films ?
le journal d’Olivier Steiner
Bien sûr il y a des fascistes, des racistes, des xéno en tout genre, des gens qui ont peur et font peur, mais je crois que la tentation Le Pen a désormais changé de nom…
C’est un de ces lieux de la nuit et du sexe quand ils se veulent illimités, c’est un bar qu’on pourrait dire un peu sordide ou glauque, dans le Marais ou ailleurs, Tel Aviv, Toulouse, à peu près partout, Paris. On peut dire bordel, on peut dire backroom, j’ai envie de dire le bar rouge, rouge. C’est un de ces lieux où l’on finit, la journée, la vie. On vient là comme un échoue, du verbe échouer, pour en finir, pour rencontrer ou retrouver quelqu’un, un corps et des corps, des morceaux de corps sans visages. On vient se vider, aussi bien. C’est vulgaire, et ça ne l’est pas. Il y a des pig, des cochons, des pigboy, et des solitudes. C’est sacré. Ce sont des frères qui se cherchent. Des tellement frères ensemble.
Chère Annie,
Vous n’avez pas eu le Nobel, mais sur mon bureau, à côté de la Recherche et sous la photo de Marilyn, trône toujours Écrire la vie, pour me donner du courage, de la hauteur, pour me redonner espoir et foi en la littérature quand il m’arrive de sombrer ou de douter. Annie, vous n’avez pas eu le Nobel mais ça reste si important, Annie Ernaux.
Cher Malik, Je ne sais pas écrire sur la musique, je ne crois pas… ce seront donc juste « quelques mots » vers ton nouvel album, celui de la consécration, celui du virage magnétique, Troie !
Bonjour Christine,
Je ne suis pas sûr que ce papier te fasse plaisir (voir mon nom apparaître je veux dire) aussi je vais faire court.
Je n’ai pas envie de parler de ce livre comme un critique digne de ce nom en parlerait, et de toute façon je ne suis pas un critique, je n’arrête pas de le répéter. J’ai plutôt envie de prendre le temps et de vous en parler, à vive et basse voix, comme dans un café ou confortablement installé sur un canapé dans un salon, un peu en retrait.
Cher Thomas Pesquet,
Un jour, dans le hall d’un hôtel, un ami m’a dit que j’étais petite et mondiale. J’apprends que je suis désormais universelle puisqu’un jeune homme, vous, va me lire au-delà du ciel connu, par-delà le bleu et le blanc des nuages, dans l’espace !
Attention, je vais tout mélanger. Non pas plaisir ou caprice mais parce que tout est lié, tout est lié car ça s’appelle un monde, le nôtre.
C’est con, il vient de réaliser un très beau clip de Sapho chantant psalmodiant « L’art d’aimer » d’après un poème de Mahmoud Darwich. C’est con, il a joué et dansé dans un petit film que j’ai fait pour Aides sur un texte de Bruno Boniface et une chanson d’Ulysse aka AJUQ. C’est con car dans un monde mieux foutu les media ne parleraient que de ça, ce clip et ce petit film, mais non, le monde n’est pas bien fait et les média ne font que partager la photo de son visage ensanglanté après s’être fait tabasser, lui et son amoureux, en Corse, il y a quelques heures.
Est-ce qu’il faut faire un texte Diacritik de plus ? Ou pleurer en silence, de rage, de désespoir, d’impuissance, de dégoût, de fatigue… pleurer dignement, dans son coin, pudiquement dans sa chambre, c’est mieux ?
Y’a plus de littérature, là. Il n’y a plus que cette photo, ce visage de Riley, 12 ans, qui s’est donné la mort par asphyxie le 15 octobre 2019, à Sidmouth, dans le sud-ouest de Angleterre. Une enquête vient de révéler qu’il était martyrisé par ses camarades de classe et subissait au quotidien des insultes homophobes, des bousculades, des intimidations.
Cher Olivier,
J’ai eu une journée étrange hier. Actuellement je vis un moment difficile, avec de grandes transformations, certaines positives, certaines moins positives, certaines assez insupportablement douloureuses.
La première fois c’était il y a 25 ans, j’avais vingt ans. Je venais d’arriver à Paris, j’étais un cliché ambulant qui venait de sa province pour faire comédien acteur dans la capitale, qui rêvait d’une vie meilleure quoi, obscurément changer de vie.
Au commencement était le verbe, au commencement était un texte, un texte de Paul Maheke, le texte s’appelle « L’année où j’ai arrêté de faire de l’art ». Il a été écrit en 2020 pendant le premier confinement, le seul véritable confinement, celui pendant lequel les animaux sauvages et les oiseaux sont revenus dans les villes.