Y’a plus de littérature, là. Il n’y a plus que cette photo, ce visage de Riley, 12 ans, qui s’est donné la mort par asphyxie le 15 octobre 2019, à Sidmouth, dans le sud-ouest de Angleterre. Une enquête vient de révéler qu’il était martyrisé par ses camarades de classe et subissait au quotidien des insultes homophobes, des bousculades, des intimidations.
12 ans. Un enfant. Des enfants entre eux.
Moi, rien à voir, je suis vivant mais à 12 ans c’était ma cousine, mon modèle, mon exemple. Elle avait 15 ans, elle était une grande, elle m’impressionnait, elle avait déjà couché, elle fumait. Elle avait de gros seins. Elle ressemblait à Béatrice Dalle dans 37’2 et d’ailleurs elle s’appelait Béatrice. Un jour, on était à la piscine, ils étaient tout un groupe, des 15-16-17 ans. Ils étaient tellement supérieurs, beaux, puissants. Je les admirais. Puis elle m’a demandé de marcher. Je n’ai pas compris. « Marche devant nous ». Je l’ai fait. Dans mon corps trop maigre avec mes hanches trop larges, mes épaules trop rentrées. C’est alors que Béatrice a dit : il tort du cul. C’est une tapette. Et ils ont ri, tellement fort. C’est la première fois que j’étais une tapette. J’ai eu envie de mourir ce jour-là. Vraiment mourir. J’ai toujours 12 ans. J’ai pour toujours au fond de moi l’âge de Riley. On a pour toute sa vie l’âge de son traumatisme.
Riley avait peur d’aller à l’école et au parc. Après les vacances d’été, en 2019, sa mère l’a retiré de l’école et lui a fait suivre ses cours à la maison. C’est à ce moment qu’il lui aurait confié qu’il se posait des questions à propos de son orientation amoureuse. Sa mère confirme qu’il lui avait dit qu’il préférait les garçons.
Un des camarades de classe de Riley lui aurait écrit : « Fais-nous une faveur, sacrifie-toi ! »
Il l’a fait.
Et c’est atroce.
Il faut absolument que chacun se mobilise dans son entourage pour traquer et tuer dans l’œuf tout comportement et toute pensée homophobes. Il faut détruire et déconstruire l’homophobie. Il ne suffit plus de dénoncer ou de se scandaliser, il faut agir, essayer, trouver comment, chacun à son endroit. L’homophobie tue, symboliquement, psychiquement, et physiquement.