Soirée chez la Princesse. Vieillissante mais protégée par une Oriane qui déteste Gilberte, Rachel est invitée à dire des fables de La Fontaine, ce qu’elle fait calamiteusement.
Jacques Dubois
Vient de paraître aux éditions du CNRS le bilan de ce que furent la vie scientifique et la carrière de Pierre Bourdieu. Soit un énorme volume de 964 pages en forme de dictionnaire rassemblant 646 entrées et un grand nombre de collaborations. Un tel volume qui ouvre en introduction sur un mode d’emploi se dresse devant nous tel un monument ou une stèle. Il vient à son heure alors que Bourdieu est mort au début du XXIe siècle mais qu’il continue à inspirer de nombreux travaux et à être abondamment cité de par le monde.
Soit un portrait comme il en est peu dans la Recherche. Un portrait « en pied » mais tout en glissements.
“Le Bal de têtes” est largement une réflexion sur le temps qui passe et sur les souvenirs selon lesquels chacun ordonne son passé, le sien et celui des autres.
Au nombre des invités du « Bal de têtes », Marcel reconnaît un homme politique qui, ministre boulangiste autrefois, fut compromis dans l’affaire des chèques du canal de Suez et fit de la prison.
Dans la ligne du si réjouissant Peut-on parler des livres qu’on n’a pas lus, voici que nous lisons Comment parler des faits qui ne sont pas produits ? ou, plus justement, « qui ne se sont pas produits sous cette forme ? » C’est défendre là un sacré paradoxe au moment où ce menteur invétéré de Donald Trump tente de se faire réélire Président US à coups de fake news.
Au temps de Combray et de la jeunesse de Marcel, le charmant Legrandin fut l’incarnation même du snob.
On vient d’apprendre que Robert de Saint-Loup est mort au front alors qu’il protégeait la retraite de ses hommes.
Au fond d’un amour, il est toujours quelque rêve, nous apprend le narrateur, rattaché à une personne ou à plusieurs ou encore à une représentation.
Dans l’ouvrage qu’elle publie aujourd’hui, Gisèle Sapiro, grande sociologue de la littérature devant l’éternel, se livre à ce qu’elle nomme une radioscopie des relations entre auteur et œuvre plutôt qu’à une sociologie de la production littéraire.
Une bombe tombe dans le quartier alors que Marcel vient de sortir de la maison de passe de Jupien. La ville est plongée dans l’obscurité.
La présente séquence à la maison de passe de Jupien fait partie de ces scènes fantasmatiques comme il en est plus d’une dans la Recherche.
Au fil des ans, Jean-Pierre Martin nous a donné de beaux essais sur Queneau, Michaux ou Orwell. Il y a peu, c’est au thème stimulant de la curiosité qu’il consacrait un ouvrage régénérateur. Mais changement de cap cette fois avec un propos terriblement d’époque et combien douloureux : la folie dans ses variétés et telle qu’elle semble se répandre tout autour de nous.
Tansonville encore. Gilberte y lit une nouvelle de Balzac, La Fille aux yeux d’or, récit d’une passion entre femmes. Avec l’intention, prétend-elle, de se porter à hauteur de la culture de ses oncles Guermantes. Suivra ce commentaire du roman : « “Mais c’est absurde, invraisemblable, un beau cauchemar. D’ailleurs, une femme peut, peut-être, être surveillée ainsi par une autre femme, jamais par un homme” ».
Comme Saint-Loup et Marcel se retrouvent à Tansonville, nous sommes gratifiés d’un ultime portrait de Robert, d’un Robert de plus en plus Guermantes via la sveltesse hautaine de sa mère.