Au grand dam de ceux qui se verraient bien marigoter en toute impunité, il semble qu’il faille une fois encore convoquer Albert Londres qui, dans Terre d’ébène, La Traite des Noirs (Albin Michel, 1929) écrivait : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ». Pour en rajouter une couche à l’intention des contempteurs du journalisme hexagonal qui regardent en ricanant le président Trump se torcher allègrement le fondement de ses idées torves avec le 1er amendement de la constitution qui l’a élu : on ne peut pas un jour encenser la liberté de la presse et le lendemain fustiger une profession tout entière…

En 1980, dans sa préface à QHS : Quartier de Haute Sécurité (Stock), Michel Foucault écrit : « voici un rude document ». Non « un témoignage de plus sur la vie carcérale » mais une « expérience » depuis « un point névralgique du système pénitentiaire », ce qu’il nomme une «asphyxie cubique ». Rappeler ces mots de Foucault aujourd’hui, c’est dire la force d’un livre, son empreinte sur plusieurs générations, dire l’importance d’un nom, Roger Knobelspiess, à jamais associé à un combat contre l’injustice et l’enfermement.

Écrire de la poésie après Trump est barbare (pour paraphraser un aphorisme souvent cité et que l’on éprouve si profondément, même si certains prétendent que nous ne le comprenons pas encore bien). Theodor Adorno, philosophe et théoricien de la culture allemand, a un jour fait cette remarque célèbre : « Écrire un poème après Auschwitz est barbare ».

Le « Centre humanitaire d’accueil pour réfugiés » situé Porte de la Chapelle a une capacité de 400 places. Ce qui est largement insuffisant si l’on constate le nombre de migrants qui ne sont accueillis nulle part, qui survivent dans les rues de Paris, par exemple à Stalingrad ou, justement, dans la zone de la Porte de la Chapelle, autour du Centre d’accueil. Si celui-ci est « humanitaire », les conditions qui règnent autour ne le sont pas du tout, au contraire. Les personnes sont laissées à elles-mêmes, en tout cas par les pouvoirs publics. Si des associations et des groupes d’individus ne les aidaient pas, ces migrants seraient seuls, sans rien, mis dans la situation de ne pas pouvoir survivre.

Ça n’a échappé à personne, les récentes révélations d’un journal satirique dont la philosophie n’a pas varié d’un bec depuis sa création en 1915, ont fait resurgir des comportements d’un autre temps, d’un autre siècle, quand des journalistes avaient eu à cœur de créer un « espace de liberté » pour « rompre délibérément avec toutes les traditions journalistiques établies » malgré « la menace du ciseau des censeurs ». Le nom de cette gazette tandis que reviennent les imprécations et les invitations au silence ? Le Canard Enchaîné.

Ce vendredi 10 février débute le cycle des « Soirées Diacritik » à la librairie Atout Livre qui devient le partenaire de nos rencontres littéraires et critiques où, régulièrement, un auteur viendra échanger avec la revue et le public autour de son œuvre.
Ce nouveau rendez-vous, animé par Johan Faerber (Diacritik) et David Rey (Atout Livre), s’ouvre vendredi à 19h15 avec Camille de Toledo à l’occasion de la parution de son neuf et fort roman, Le Livre de la Faim et de la Soif (Gallimard).

Depuis son ouverture en novembre dernier, le Salò déploie du jeudi au dimanche ses « 120 nuits » selon son auguste et essentiel modèle pasolinien. Cette semaine, carte blanche pour nuit pareillement blanche est offerte à Christophe Honoré qui, du 9 au 11 février, de 22h à 6h, propose « un jeune homme épris de littérature » ou 3 jours de résidence pour un cinéma imaginaire, un théâtre réel, une lecture rêvée, des concerts vrais et un amour inventé.

Ce mercredi 8 février se déroulera l’épisode 6 de l’histoire du vertige brossée par Camille de Toledo à la Maison de la Poésie de Paris en partenariat avec Diacritik et Remue.net. Dans ce sixième et nouvel épisode, Camille de Toledo nous invite à prendre au sérieux une phrase d’Umberto Eco selon laquelle la langue commune de l’Europe serait la traduction…