Les animaux politiques malades de la presse

 

François Fillon, l’ineffable (de La Fontaine, ou à peu près).

 

« Un candidat reconnaissant son erreur,

Erreur qui fut reprise et attisant la fureur

Inventa pour excuser ses crimes pécuniaires,

La Presse (puisqu’il faut l’appeler par son nom)

Capable d’exploiter un jour le filon,

Elle lui faisait aujourd’hui la guerre.

Ils ne le critiquaient pas tous, mais tous étaient frappés :

On n’en voyait point en réchapper

Il était simple de lancer un hallali ;

Nulle qualité il ne trouva à cette lie,

Ni reporters, ni folliculaires n’étaient épargnés

Douces et innocentes proies.

Les rapporteurs de nouvelles étaient visés

Alors qu’ils étaient dans leur droit.

Le candidat tint conseil et leur dit : Mes amis,

Je crois que la presse a permis,

Pour nos péchés cette infortune ;

Qu’elle soit coupable à tout coup

Et doive être sacrifiée aux traits de mon courroux

Peut-être obtiendra-t-elle un jour une amnistie commune.

L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents,

On fait de pareils traitements :

Ne nous blâmons donc point ; traitons sans indulgence

L’état de la presse en France.

Pour moi, satisfaisant mes appétits d’élection

J’ai dépensé force pognon.

Qu’avais-je donc fait ? Nulle offense : il lui est même arrivé quelquefois en tant qu’attachée

De travailler.

Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense

Qu’il est bon que chacun l’accuse ainsi que moi :

Car on doit souhaiter en toute injustice

Que le coupable soit le journaliste.

— Sire, dit un séide, vous êtes trop bon, quoi !

Vos scrupules vous honorent, de cacher votre détresse,

Et c’est bien d’attaquer journaleux, rédacteurs, cette sotte espèce,

Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes, Seigneur

En les attaquant beaucoup d’honneur.

Et quant aux dépenses, l’on peut dire

Qu’elles étaient dignes d’exonération,

Étant de ces affaires privées qui sont

De toutes, pas les pires.

Ainsi dit le rusé, et les flatteurs d’applaudir.

On n’osa trop approfondir

De l’un, de l’une, ni des autres en séance,

Les moins pardonnables offenses.

Tous ces gens querelleurs, jusqu’au petit matin,

Aux dires de tous, les journalistes étaient loin d’être des saints.

Un âne vint à son tour et dit : j’ai souvenance

Qu’en aparté et en passant,

La distraction, l’occasion, sans m’étendre et je pense,

Quelque diable aussi me poussant,

J’ai dû parler de Pénélope sans tenir ma langue.

Je n’avais nul droit, à un plumitif, d’en parler.

A ces mots on cria haro sur le gazetier

Un politique quelque peu clerc prouva par sa harangue

Qu’il fallait dévoyer ce maudit animal,

Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout son mal.

Sa peccadille, qu’il voulait jugée peu pendable,

Dépenser l’argent d’autrui ! Quelque broutille pardonnable !

Rien que la honte n’était capable

D’excuser son forfait : il fit tout pour se faire bien voir.

Il s’en prit donc à ces misérables,

Les prenant de court et s’attachant, de blanc, à les rendre noir. »