Cher Simon,

Parler à celui ou à celle qui est dedans, qui vomit ou a envie de vomir, qui est là depuis longtemps, qui ne sait pas comment faire, comment sortir, qui ne veut peut-être même pas en sortir, est un exercice un peu vertigineux. Te parler, me parler à moi-même, leur parler de telle façon qu’ils entendent, acceptent d’écouter, ce serait quoi ?

Mélanie Menu, je me souviens très bien, il y a longtemps, je suis au cours Florent en première année, les élèves de dernière année présentent un atelier de fin de cycle, des mises-en-scène sans moyens pour dire au revoir à l’École, bonjour au grand bain de la dure vie réelle des comédiens et comédiennes…

On parle presque toujours des œuvres que l’on voit, que l’on lit, que l’on écoute, dans une sorte de relation unique avec elles, comme si on vivait dans une « mono-réalité », comme s’il n’y avait d’un coup que le livre, le film, la pièce, et soi, comme suspendus dans le vide, sans même le temps qui passe, ou l’espace.

Peter Grimes. Benjamin Britten. Deborah Warner. Allan Clayton. Opéra Garnier. Chef d’œuvre. Phrases disloquées. Brumes marines. La foule. Le public. L’homme seul. Face à tous. Une dia-critique. Un texte. Champ de bataille. Des mots. Souffle coupé. Plus rien à dire. De toute façon. C’est la lutte à mort. L’amour à mort. Amour rêvé, trahi. L’innocence bafouée. Une barque et un garçon. Qui volent. Dans le ciel, dans la mer. Voler, se noyer. En éclat.

Le personnage principal de cette Phèdre des Temples urbains n’est pas cette meuf, cette Queen de Phèdre mais Hippolyte, un gars d’aujourd’hui qui vient de Marseille et vit maintenant à Paris, qui est le batteur de Jul et de Trust. Cet Hippo est assez pur, et il fait ce qu’il peut avec cette vie et ces désirs qu’on nous inflige et qui nous affligent, pour le pire et le meilleur.

Je commence à avoir l’âge où je peux dire de tel jeune homme, fraîchement trentenaire ou sur la fin de sa vingtaine : « je l’ai connu tout bébé » ! Et je suis heureux de le voir là, calme et rayonnant, peintre et artiste désormais reconnu, ou en voie de reconnaissance. Le « bébé » en question, connu il y a quelques années lors de délicieuses soirées chez Sapho, s’appelle Cyril Duret, et sa nouvelle exposition a lieu à la galerie Loeve&Co Marais.

Septembre 1991, j’ai quinze ans et sort le single Smells Like Teen Spirit que je vais écouter en boucle pendant des mois, ainsi commence ma période Nirvana. Le morceau ne touche d’abord que certaines parties des États-Unis, notamment le nord-ouest du pays, dans lequel Nirvana est déjà connu. La véritable montée en puissance du titre sur la scène nationale et internationale se fera par le biais de la diffusion du clip sur MTV le 14 octobre. À partir de cette date, la chanson voit sa popularité croître de manière exponentielle et se propulse au 6e rang du Billboard 100, ainsi que dans la plupart des Top 10 des classements européens.

Dear Dennis, before I talk about your latest book I wished, before I talk about stories of confusion and truth, phone calls and guns, George, loneliness, suicide for those who stay, I would like to say that your book is in my eyes an event and a literary jewel. But since I’m not a real critic, I suggest we talk a little bit, will you?

Cher Dennis, avant de parler de ton dernier livre J’ai fait un vœu (I wished), avant de parler d’histoires de confusion et de vérité, de coups de téléphone et de pistolet, de George, de la solitude, du suicide pour ceux qui restent, je voudrais dire que ton livre est à mes yeux un événement et un bijou littéraire. Mais comme je ne suis pas un vrai critique, je te propose qu’on se parle un peu, veux-tu ?

Le ravissement de Marilyn Monroe, livre publié aux éditions Métropolis, est devenu spectacle, sous le titre « Le Vertige Marilyn ». Chaque fois l’image est au centre, non seulement comme sujet (l’icône Marilyn, la société du spectacle, etc.) mais comme forme. Dès le livre, avec les dessins d’Anne Gorouben, à la Maison de la poésie avec le dispositif scénographique pensé pour le spectacle.

Il est des vêtements qui sont plus que des vêtements, ils sont costumes, personnages, seconde peau, talisman souple, ligne, allure ; ils sont ici avec cette robe Dior portée par Marilyn en juillet 1962 lors du shooting photo avec Bert Stern, les habits du mythe, les habits d’une rencontre si émouvante, parachèvement d’une fin possible, épure, dignité d’une femme solaire et gaie le matin, à bout de souffle le soir. Quand j’ai rêvé de cette rencontre poétique et chamanique entre Isabelle Adjani et Marilyn Monroe, j’ai aussitôt vu cette robe tellement peu Marilyn, tellement Norma Jean, tellement peu Norma Jean, tellement Marilyn.

Près de soixante ans après sa mort, Marilyn Monroe laisse encore et encore fulgurer ses feux. Feux de séduction, feux de détresse, envoûtements d’une étoile perdue dans une galaxie secrète. De décennie en décennie, elle happe certaines âmes qui gravitent autour de sa nébuleuse blond platine. Comme toute passion, la poésie est délinquante. Elle braque les mots pour les couler dans les sensations de l’enfance. Portée par la peintre et plasticienne Anne Gorouben et l’écrivain Olivier Steiner, Le Ravissement de Marilyn Monroe condense une magie en laquelle j’ai perçu l’enfant lointain du Chant d’amour de Jean Genet.