« Or, au temps de ses couches, il y avait des jumeaux dans son sein. Pendant l’accouchement, l’un deux présenta une main que prit la sage-femme ; elle y attacha un fil écarlate en disant : « Celui-ci est sorti le premier. » Puis il rentra sa main et c’est son frère qui sortit. « Qu’est-ce qu’il t’arrivera pour la brèche que tu as faite ! » dit-elle. On l’appela du nom de Pèrèç – c’est-à-dire la Brèche. » (Genèse 38. 27-29)
Georges Perec
Le 24 mai 2022 en partenariat avec Diacritik, a eu lieu une rencontre, animée par Jean-Luc Joly, à la bibliothèque de l’Arsenal, autour de l’édition de Lieux (éditions du Seuil, « La Librairie du XXIe siècle », 2022), avec Pierre Getzler, Sylvia Richardson, petite-cousine de Georges Perec (et son ayant-droit, avec Marianne Saluden), Claude Burgelin (qui a également lu un texte de Maurice Olender), Caroline Scherb, qui a présenté le site de Lieux et toutes ses possibilités de navigation numérique augmentée, et Jean-Luc Joly. Vous pouvez retrouver ici la captation de l’intégralité de la soirée.
« Nous vivons dans l’espace » : c’est cette (paradoxale et fausse) évidence qu’interroge Georges Perec dans Espèces d’espaces (1974), à la demande de Paul Virilio, qui souhaite inaugurer avec ce titre sa collection « L’espace critique » chez Galilée. Le livre de Perec sera, dans son ensemble, cet espace critique, soit le questionnement de nos manières d’habiter et penser des lieux « multipliés, morcelés et diversifiés », proches ou plus lointains et de ce que ces espaces disent d’un lien consubstantiel à l’écriture. Espèces d’espaces vient de paraître dans « La Librairie du XXIe siècle » des éditions du Seuil et cette édition augmentée d’un riche cahier de documents et archives matérielles permet de mesurer combien ce texte est central dans l’œuvre de Perec comme dans nos présents.
Dirigée par Carole Aurouet, la collection « Le cinéma des poètes » (Nouvelles Éditions Place) réunit des études brèves et stimulantes consacrées à de nombreux auteurs et à leurs rapports au cinéma. Desnos, Picabia, Duchamp, Roussel, Duras ou encore Michaux ou Aragon (liste largement non exhaustive) figurent au catalogue du « Cinéma des poètes ». Christelle Reggiani, à laquelle on doit de nombreuses études sur Perec et la direction de ses Œuvres en Pléiade, signe un Perec et le cinéma dans cette foisonnante collection.
Les éditions Joseph K publient un volume regroupant l’intégralité des entretiens et conférences de Georges Perec, de 1965, année de publication des Choses à 1981, accompagnés d’inédits et textes rares.
« Je me souviens que le quatre-quarts doit son nom au fait qu’il est composé d’un quart de lait, d’un quart de sucre, d’un quart de farine et d’un quart de beurre. » (Je me souviens, Hachette, « P.O.L », janvier 1978).
Depuis Les choses, prix Renaudot 1965, on doit à Georges Perec dix-sept ans de production littéraire brillante et extrêmement originale, jusqu’à sa mort, en 1982. Cette magnifique originalité a connu son apogée en 1969 avec la publication, entre autres, du célèbre roman La disparition, puis, en 1971, des Revenentes. Cependant les amis et admirateurs de Perec ont permis une certaine continuité, puisque nombre de ses ouvrages ont été l’objet d’une publication posthume. Ainsi en 2012 parut Le condotierre, dont le manuscrit avait été égaré par Perec en 1966. De la même manière fut imprimée, en 1991, et rééditée en 2003, une véritable perle encore trop méconnue, Cantatrix Sopranica L. et autres écrits scientifiques, par le biais de la fidélité en amitié de Marcel Bénabou, professeur émérite d’histoire romaine à l’Université Paris VII, et, surtout, comme il se définit lui-même « secrétaire provisoirement définitif » de l’OuLiPo.
On se souvient du célèbre vers du « Cygne » de Baudelaire : « La forme d’une ville change plus vite hélas que le cœur d’un mortel ».
Les 18, 19 et 20 octobre 1974, Georges Perec, attablé à un café, place Saint-Sulpice, scrute la vie et son mode d’emploi. Il tente d’épuiser un lieu parisien, une espèce d’espace vaguement rectangulaire de 105 m de long sur 80 m de large.
Il note les choses et les êtres.
Depuis quelques livres, Paul Auster infléchit son œuvre vers une dimension (auto)réflexive : on se souvient de son diptyque autobiographique, en 2013 et 2014, Chronique d’hiver, suivi d’Excursions dans la zone intérieure, pendant mental de ce miroir d’encre, non plus le sexe, les cicatrices, la chair pour tenir la chronique d’une vie mais ce qui, dans son enfance, l’a conduit à devenir lui-même, les expériences fondatrices. L’année dernière paraissait La Pipe d’Oppen, désormais disponible en poche chez Babel, un recueil d’essais, discours, préfaces et entretiens, quatorze textes qui forment un nouveau portrait oblique, en éventail, pour définir son propre art poétique à travers l’analyse de Perec (dans son rapport à Truffaut), André du Bouchet, Nathaniel Hawthorne, Jim Jarmusch et d’autres.
Nous avons lu Perec au fil des ans, de 1965 (Les Choses) à 1978 (La Vie mode d’emploi). Puis nous l’avons relu et, plus souvent, nous avons découvert certains recoins de son œuvre. Quelle merveille que Le Voyage d’hiver qui me fut donné à lire récemment ! L’imitant, seul ou entre amis, nous avons aussi versé dans le jeu des Je me souviens ou bien encore nous sommes essayés aux mots croisés inventés par l’écrivain, sans aboutir jamais. Bref, Georges Perec nous a toujours amusés, captivés, envahis, ravis. Et voilà que l’ensemble de son œuvre littéraire paraît en Pléiade en deux forts volumes accompagnés d’un riche Album retraçant, photos et documents à l’appui, une vie et une carrière en zigzag. Une entrée solennelle en littérature.
1 – Mots qui ne sont pas de pure race
2 – Groupe américain auteur de « We Are Young » et « Some Nights »
3 – Il ne quitte jamais sa chemise de nuit jaune
4 – Détective à la mâchoire carrée
5 – Jeu favori de la Sphinge
6 – Acteur qui vendait bien
7 – Auteur qui savait tayloriser
8 – La petite fille de Quino
9 – Auteur dont on peut retourner le nom comme une crêpe
10 – Ses feux évitent d’éblouir ceux qui arrivent en face
(Solution dans l’article)
« J’ai une maladie, je vois le langage ».
L’affection est partagée, et se répand sur Internet comme un virus : taper « Graffiti » dans le moteur de recherche de FlickR ou d’Instagram, ces plateformes de partage de photos sur le Net, c’est risquer la surchauffe du système, l’incendie du hashtag, tant sont nombreux les groupes constitués autour de ce centre d’intérêt. Pourquoi l’univers numérique, dont on se plaît constamment à décrire l’immatérialité supposée, recueille-t-il avec tant de soin, cette écriture à même les murs que sont les graffiti ?
Lydia Flem se souvient. Assumant la référence à Georges Perec et à Joe Brainard — « je me souviens que Joe Brainard écrit dans I remember : « je me souviens que je m’habille complètement avant de mettre mes chaussettes » » —, elle passe en revue 479 fragments de mémoire, tous centrés sur les vêtements et la mode. 479 et non 480 comme chez Perec, auquel le livre est dédié.
Depuis quelques livres, Paul Auster infléchit son œuvre vers une dimension (auto)réflexive : on se souvient de son diptyque autobiographique, en 2013 et 2014, Chronique d’hiver, suivi d’Excursions dans la zone intérieure, pendant mental de ce miroir d’encre, non plus le sexe, les cicatrices, la chair pour tenir la chronique d’une vie mais ce qui, dans son enfance, l’a conduit à devenir lui-même, les expériences fondatrices. Cette année paraît La Pipe d’Oppen, recueil d’essais, discours, préfaces et entretiens, quatorze textes qui forment un nouveau portrait oblique, en éventail, pour définir son propre art poétique à travers l’analyse de Perec (dans son rapport à Truffaut), André du Bouchet, Nathaniel Hawthorne, Jim Jarmusch et d’autres.