Poèmes-documentaires, poèmes-essais, l’ensemble qui compose L’argument du rêve tourne autour du corps : corps social, corps vécu, corps biologique – le corps questionné à partir de l’idéologie comme le corps questionnant l’idéologie. Entretien avec Muriel Pic.
Category Archive: Muriel Pic
« Le vrai est toujours entre deux personnes ou deux choses », écrit Muriel Pic dans Affranchissements paru au Seuil, dans la belle collection « Fiction & Cie » dont le nom offre un prolongement poétique à l’assertion de l’autrice : le vrai est toujours entre réel et fiction, entre vécu et rêve, dans cet entre-deux que seul un récit sous forme de dérive permet d’espérer atteindre, comme on guette une côte ou un bord.
Le titre du livre d’Anne-Lise Broyer, Journal de l’œil, est une référence à Georges Bataille et à son Histoire de l’œil. Pourtant, il ne s’agit pas de la référence d’un écrivain à un autre écrivain. Anne-Lise Broyer est photographe et la référence à l’œuvre de Bataille est d’abord, ici, l’indice d’un écart, d’une séparation entre une œuvre de langage et une œuvre du visible, entre l’écriture et l’image photographique.
Le terme de performance est souvent associé aux arts du spectacle ou aux arts plastiques. Pourtant les écrivains pratiquent de plus en plus ces lectures performées, la richesse du festival Actoral en témoigne chaque année comme celle d’Extra! au Centre Pompidou. Ces lectures-spectacles et mises en espace que proposent désormais de nombreux auteurs sont pour eux une manière autre d’incarner le texte, de mettre en scène le corps et la voix de l’écrivain, de prolonger l’expérience de lecture (ou de la susciter) par une re-présentation qui en éclaire ou en complexifie les enjeux. Un colloque international se tiendra à Montpellier, du 31 janvier au 2 février prochains, pour interroger ces pratiques du champ littéraire contemporain, ce mode singulier de présence des auteurs et en déployer les enjeux : spectacle, stratégie publicitaire ou invention poétique ?
On se souvient du célèbre vers du « Cygne » de Baudelaire : « La forme d’une ville change plus vite hélas que le cœur d’un mortel ».