Toutle monde parle de « l’après ». « Après ne sera plus comme avant », promet-on un peu partout. Comment sera le monde « d’après » ? De quoi sera fait le jour « d’après » ? Tous les médias regorgent de spéculations sur « l’après ». Sera-t-il différent de « l’avant », et en quoi ? Ou sera-t-il la duplication frénétiquement relancée de cet « avant » dont tout le monde semblait pourtant s’accorder pendant un (court) moment à penser qu’il était bien mal parti, et qu’il nous menait tout droit à la catastrophe ?

J‘ai retrouvé aussi, et cela sera le dernier de ces « Retrouver » (dont je change la forme, vous pouvez le constater, pour marquer cette fin), j’ai retrouvé aussi un numéro des Nouvelles Littéraires. En fait un fac-similé, acheté je ne sais quand, et pour je ne sais quelle raison. Enfin si, je crois deviner pourquoi : j’achète systématiquement, une monomanie, tout ce qui concerne Marcel Proust.

Nous sommes nombreux, en ces jours, pour une raison mystérieuse, à retrouver, trier, jeter,     garder, ranger. C’est ainsi que j’ai exhumé, au fin fond de mon appentis, deux numéros spéciaux, datés de Mai 1989 et de Mars 1997, de la Quinzaine Littéraire. Une cinquantaine d’écrivains y répondaient à la même question : Où va la littérature française ?

Alors que les modalités de la mise en œuvre de l’application StopCovid entrent en discussion au Parlement et que les possibilités qu’elle ouvre posent des questions capitales, nous avons voulu donner la parole à un spécialiste des dispositifs numériques modernes. Olivier Tesquet, journaliste à Télérama, est l’auteur du livre À la trace, Enquête sur les nouveaux territoires de la surveillance, disponible aux éditions Premier Parallèle. Cartographe et historien du monde contemporain, son ouvrage comme sa parole tiennent de l’alerte essentielle.

Nous sommes nombreux, en ces jours, pour une raison mystérieuse, à retrouver, trier, jeter, garder, ranger. C’est ainsi que j’ai exhumé, au fin fond de mon appentis, le supplément daté du Vendredi 31 Décembre 1999, d’un quotidien dont le nom suggère qu’il serait capable de nous libérer. Deux-cent-vingt écrivains, intellectuels, artistes et chercheurs y répondaient à la question « A quoi pensez-vous à la veille du passage à l’an 2000 ? »

Le 11 mai n’aura sans doute pas lieu. Chacun s’accorde désormais à le reconnaître. Après avoir fait miroiter la réouverture des écoles le 11 mai 2020, tous se rendent compte de l’impossibilité matérielle de ce scénario catastrophe dont même aucun producteur hollywoodien ne voudrait. A l’absence d’avis sanitaire non plus que scientifique fondé pour appuyer l’injonction présidentielle de réouverture, les sénateurs qui ont auditionné le ministre blanquer ont ajouté un nouvel et important grief : l’absence totale de projet pédagogique.

S’il y a un seul essai à lire en ce moment, c’est bel et bien celui de Mark Alizart : le vif et puissant Coup d’état climatique qui vient de paraître aux PUF. C’est de loin la réflexion la plus remarquable et tonique qu’on a pu tenir sur les questions climatiques, et en particulier sur la question de l’usage politique du réchauffement climatique.

Paolo Giordano a écrit Contagions en quelques jours, entre la fin février et le début du mois de mars, alors que l’Italie entrait dans l’épidémie de Coronavirus et commençait à prendre conscience (et nous avec elle) de l’ampleur sans précédent d’une crise planétaire dont le sens comme les conséquences vont bien au-delà de la seule maladie. Prolongement et amplification d’un article publié par l’écrivain dans le Corriere della Sera le 25 février, le livre a été mis en ligne en accès gratuit par le Seuil, son éditeur français, qui le considère « comme une intervention d’utilité publique ».

Le Journal de Confinement de Leïla Slimani, paru hier dans Le Monde, est proprement indécent. Chacun l’ayant lu, le reconnaît. Il est indécent parce qu’il est déplacé. Il est indécent parce que, par les temps qui courent, il dit l’hébétude non des uns et des autres mais d’une bourgeoisie qui se rêve écrivain, écriture en temps de pandémie mais qui n’exhibe que sa folie de classe à l’heure où les gens meurent, les ouvriers partent travailler au péril de leur vie, où tout s’effondre.

« L’enfant m’a appris à mourir. »
Claire Ponceau, L’enfant, l’étoilement.

« Tous travaillent au son qui tue.
La flèche ouvre une brèche dans l’espace et dans le temps.
La musique ouvre une brèche dans l’espace et dans le temps.
L’une et l’autre font parler la mort, accompagnent la mort. »
Pascal Quignard, Harmoniè Palintropos

Je me suis réveillé à quatre heures cinquante.