Bouchra Khalili est sans doute une des artistes actuelles les plus pertinentes, son travail incluant en lui-même un ensemble de gestes politiques à la fois critiques et créateurs.
Cinéma
Un Top 10 des films de 2018, moins pour faire un classement que pour indiquer des pistes au sujet de ce que le cinéma a proposé, au sujet de ce que les cinéastes ont perçu du monde et ont créé dans le monde, de ce qu’ils et elles donnent à voir et à penser aujourd’hui, de ce que les films – certains films – font au monde et dans le monde.
À l’occasion de la sortie de son film Sophia Antipolis et en écho avec celui-ci, le cinéma l’Archipel donne carte blanche à Virgil Vernier pour une programmation de cinq films rares, cycle mystérieusement appelée « Société secrète », et dont Diacritik est partenaire.
Navet intersidéral, pochade assumée digne d’être programmée le dimanche après-midi après le gigot aux flageolets chez les plus nantis et le jambon coquillettes chez les sans-dents de la résidence Les derniers jours heureux de Trépasse-le-Vieux, Idiocracy est selon certains le nanard culte de ce début de siècle.
Certains films produisent sur nous un effet immédiat : on sort de la salle, secoué, comme bousculé. On aimerait en dire beaucoup de bien, mais, curieusement, le film s’efface, on l’oublie. Quelques mois plus tard, il n’en reste plus grand-chose. A l’inverse, plusieurs mois après l’avoir vu, Une affaire de famille traine encore dans la tête, y a établi ses quartiers, grossit : c’est un de ces films entêtants, marquants, qui s’imposent à nous petit à petit jusqu’à l’évidence : ce que l’on croyait être un très bon film est bien plus encore : une œuvre majeure.
Arborant fièrement des tenues plus flamboyantes les unes que les autres, toujours excessivement parfumé, minutieusement maquillé, rien n’est jamais too much pour Cassandro. Mais il ne faut pas s’y tromper, le personnage haut en couleur est aussi un véritable athlète téméraire s’illustrant depuis 26 ans dans le monde du catch mexicain – la Lucha Libre – comme le champion des Exóticos, ces catcheurs gays ou travestis qui cassent les préjugés dont ils peuvent faire l’objet.
À l’occasion de la sortie de son film Sophia Antipolis et en écho avec celui-ci, le cinéma l’Archipel donne carte blanche à Virgil Vernier pour une programmation de cinq films rares. Ce cycle, dont Diacritik est partenaire, est mystérieusement appelé « Société secrète ».
Début des années 80 : des jeunes filles entrent dans une salle de concert en douce, aidées par les rockeurs qu’elles admirent.
Diacritik l’affirmait haut et fort de la sortie en salles des Garçons sauvages en salles, en février dernier : « l’un des plus beaux films qu’il nous sera donné de voir cette année ». Nous republions notre entretien avec Bertrand Mandico, réalisateur de cette transe spectatorielle érotique, visqueuse, poilue et fantasmagorique alors que le film sort en DVD, aujourd’hui.
Il peut arriver aux spectateurs, et bien entendu à l’auteur de ces lignes, de ne voir dans un film que ce qu’ils ont décidé de voir avant même la première scène. Paolo Sorrentino s’amuse avec l’image que certains critiques et spectateurs peuvent avoir de lui : virtuose pour les uns, artificiel pour les autres (souvent chez ceux qui considèrent que la nouvelle vague est un dogme et toute tentative de faire du cinéma un blasphème).
C’est en ce début octobre, alors que son film concourt dans la sélection des longs métrages du FIFIB (Festival du Film Indépendant de Bordeaux), que je rencontre Virgil Vernier. Si Sophia Antipolis puise sa force dans une certaine multiplicité d’interprétations possibles, dont j’ai d’ailleurs tiré à un instant une lecture dans un cadre critique, certaines questions importantes me semblaient néanmoins devoir être posées.
Avant de revenir avec les très attendus Memorial (avec Tilda Swinton) et 10 ans en Thaïlande, Apichatpong Weerasethakul dévoile Blue, un court métrage enchanteur produit par l’Opéra de Paris dans le cadre de « 3e Scène ».
Un serial killer peut-il faire de la mort une œuvre d’art et donc être lui même un artiste ? Voilà la question censément provocante qui est au cœur du dernier film de l’autoproclamé enfant terrible du cinéma, Lars Von Trier dans son dernier opus The House that Jack built (notons que les distributeurs ont échoué à trouver une traduction française, relevant le défi, j’ai imaginé un truc un peu dingue : « la Maison que Jack a construite »).
Nous ne connaissons que trop bien ces lieux, ces endroits coupés de toute vie, qui veulent nous réduire au rang de consommateurs, où règnent l’ordre et la violence du capitalisme. Des agressions d’un système devenues la norme, ayant largement dépassé les murs des supermarchés et des entreprises.
Il est toujours très agaçant de voir un film réduit à son sujet. Si avoir un grand message humaniste suffisait à réussir une œuvre, Robert Guédiguian serait un plus grand cinéaste que Lars Von Trier, ce qui n’est évidemment pas le cas. L’œuvre dépasse le sujet : Girl mérite sa Caméra d’or, non pas parce que c’est un film bien, mais parce que c’est un bon film.