La librairie parisienne mythique, Shakespeare and Co, ouvre un café, en octobre. Un espace de 10 à 15 places (et 40 en terrasse), avec café, jus de fruits, bières, vins mais aussi nachos, bagels, cookies et salades ou panier pique-nique Moveable Feast, en référence à Hemingway, parce que, oui, Paris est une fête.
Category Archive: Un livre un lieu
Partir à la découverte d’un livre via les lieux qu’il arpente ; photographier cette cartographie, parfois réelle, parfois imaginaire… Des tentatives d’épuisement de ces lieux romanesques, pour citer l’immense Perec.
Nous voici enfin au seuil de la dernière pièce, la représentation se termine. Avec le lieu le plus intérieur sans doute, le plus intime certainement, le plus chargé, aussi, puisque, dans l’univers de Thomas Clerc, la chambre est indissociable d’un autre Dans ma chambre, signé Guillaume Dustan (et rappelons que Thomas Clerc publie les Œuvres complètes de Dustan aux éditions P.O.L)
Du SALON au BUREAU, à peine une limite, un seuil : une chaise est posée entre les deux pièces, deux pieds dans l’une, deux dans l’autre, allégorie d’un ethos, d’une manière d’être au monde.
Et on ne résiste pas au plaisir d’une dernière brève pour vous signaler un inventaire des villes imaginaires (en littérature, au cinéma) dans Libération, à l’occasion du « Libé des géographes ». Balade de Liberty City à Springfield (et inversement), en passant par Isola et tant d’autres.
Le salon (15 m2) est la pièce à part d’Intérieur, pièce double (triple si l’on compte la CUISINE américaine, voire quadruple puisqu’une chaise rend la frontière avec le BUREAU extrêmement labile) : elle a son « coin repas » et son living. Le livre se fait, plus que jamais, palimpseste.
Xavier de Maistre parlait de son Voyage autour de ma chambre comme d’une « excursion », donnant au verbe « extravaguer » un double sens — souligné par le néologisme : se promener (tout droit, en diagonales, en zigzags) mais aussi errer dans sa tête, au risque de la folie.
Comme le peignoir (SALLE DE BAINS) ou Thomas Clerc, le lecteur « nomadise » et aborde une nouvelle contrée, les toilettes, autre pièce d’eau. Au fond du connu pour trouver du Nouveau, porter un regard autre sur le quotidien, les choses, le prosaïque. Et difficile de faire plus prosaïque que cette « pièce ou non-pièce » (1 m2).
L’exploration Intérieur(e) se poursuit. Après l’entrée, la salle de bains. Les deux pièces sont liées, la salle de bains ayant été « ajoutée, ou plutôt retranchée » à l’entrée… De même, le plan de l’appartement s’édifie sous les yeux du lecteur, les espaces s’additionnent, se font chambre d’échos et espace de correspondances.
Suite de l’exploration d’un Intérieur, parti-pris des choses — cet appartement que Thomas Clerc expose, dévoilement d’une intimité, « possiblement imaginaire, possiblement réelle » : « Quel est celui d’entre nous qui, dans de longues heures de loisirs, n’a pas pris un délicieux plaisir à se construire un appartement modèle, un domicile idéal, un rêvoir ? » (Poe, Philosophie de l’ameublement).
Comment ne pas ouvrir cette rubrique de Diacritik, un livre un lieu, par un texte qui systématise ce principe, en fait la pierre angulaire de la narration, un art poétique ? Intérieur de Thomas Clerc, évidemment.
Dans Flaubert à La Motte-Picquet, Laure Murat souligne le rapport intime et presque consubstantiel entre littérature et déplacement en train. Prenons-la au mot, avec un carnet de voyage et des arrêts dans quelques textes récents, en images.
Septembre 2015. Quatre heures du mat’, air moite, pas de clim, jet lag, insomnie, Glenn Gould, sirènes hurlantes sur Amsterdam Avenue, échafaudages sur l’escalier de secours, une fenêtre sur cour, ma West Side Story commence.