Encore la bande dessinée ? Ce n’est pas fini, cette histoire ? On veut bien croire qu’il y a eu, récemment – enfin, il y a environ un demi-siècle – une explosion salutaire, suivie par quelques tentatives, de restauration tout d’abord, puis surtout de récupération, qui auront à leur tour provoqué quelques crises où se seront affirmées une, deux, et même trois générations d’auteurs et d’autrices que l’on aurait pu croire à première vue sans attaches, même si, pour une part non négligeable d’entre elles et d’entre eux, plus que respectueux des grandes figures de l’histoire du genre, ou disons du champ (de ruines) où se dressent encore fièrement quelques pierres à l’effigie de héros increvables, à peine érodées par le vent souvent mauvais de l’air du temps.
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Papiers à bulles… Actualité de la bande dessinée. Chroniques et critiques d’albums. Nouveautés et avant-premières. Séries cultes et découvertes. Interviews d’auteurs, scénaristes, dessinateurs et acteurs du 9ème art.
Dans le langage courant et dans le jargon technico-commercial, le service après-vente (SAV) est un service qu’une entreprise propose à ses clients pour la mise en marche, l’entretien et la réparation d’un bien que cette entreprise a vendu ou pas. Que se passerait-il si la grande entreprise de Dieu, père et fils avait sous-traité la prestation à des techniciens nommés Gandhi, La Callas, Victor Hugo ou Michel Audiard ?
Corto Maltese : héros, légende, symbole d’un certain âge d’or de la bande dessinée. Grâce à Martin Quenehen au scénario et Bastien Vivès au dessin, la création d’Hugo Pratt renaît pour la deuxième fois avec Océan Noir, roman graphique inspiré qui fait entrer le mythe Corto dans la modernité sans abîmer l’héritage du maître.
Vendredi 20 août 2021, les éditions Dupuis ont annoncé le décès d’un grand nom de la bande dessinée : Raoul Cauvin s’en est allé, après plus de 60 ans d’une carrière qui aura marqué le 9ème art et plusieurs générations de bédéphiles.
1. L’Art à bras-le-corps est un livre de David Sylvester (1924-2001) dont l’édition a été établie, traduite et […]
Nikita Mandryka nous a quittés, hier. Il était un des derniers “grands” de la bande dessinée française à continuer vaille que vaille, de manière presque clandestine, son chemin. Personnalité marquante de sa génération, associée à Claire Bretécher et Marcel Gotlib, ses complices de l’Écho des Savanes, première mouture, il était le “singulier” de la bande, le seul à pouvoir citer dans la même phrase Jacques Lacan et Placid et Muzo.
1.Dans son Abécédaire, Gilles Deleuze précise qu’“écrire, c’est toujours devenir quelque chose […], c’est témoigner pour la vie, c’est bégayer dans la langue.”
Contrairement à certains auteurs dont on ne cesse de découvrir en librairie de nouveaux albums avant même d’avoir eu le temps de lire les précédents, Jean-Christophe Menu se fait rare, au risque de devoir faire patienter ses lecteurs.
C’est quand le guetteur se surprend à ne plus rien attendre que tout arrive (air connu). Je viens de retrouver ces lignes de Paul Auster dans Moon Palace, recopiées il y a vingt-cinq ans sur une page de carnet : “Avec le temps, je commençais à remarquer que les bonnes choses n’arrivaient que lorsque j’avais renoncé à les espérer. Si c’était vrai, l’inverse devait l’être aussi : trop espérer les empêcherait de se produire.” Être travaillé par l’attente de l’inattendu, c’est avoir l’esprit plus libéré qu’entravé par le sentiment que, vagabondant sur un champ de ruines, nous pourrons ramasser, si la chance nous sourit, quelques vestiges de tentatives en apparence avortées, mais ouvrant certaines voies que le souci de “réussite” interdit de frayer.
Sur la toile, et tout particulièrement sur les réseaux sociaux, il arrive que des voix s’étranglent – d’indignation bien entendu, et à divers sujets. Ces voix, même si on a l’ouïe fine, on ne les entend pas, car elles ne sonnent finalement qu’assez peu, avec en plus quelque chose de creux dans le timbre.
Et une fois de plus, écrivant non au fil de la plume, mais au crayon et à la gomme, le prétendu critique s’aventure du côté de la chronique. Il note en passant que ces deux mots ont six lettres en commun : crique, soit le lieu d’abordage qui ouvre sur les sentiers du terrain vague. Il fait attention de bien écrire crique, et non cirque – ou alors en accordant à ce dernier mot un sens lunaire, notre chroniqueur l’étant forcément un peu (dans la lune), surtout quand il esquisse ses “papiers” en marchant, ou en rêvant.
C’était peu après le premier confinement. La salle de cinéma, pourtant pas du genre “art et essai”, de la petite ville de banlieue où je réside, avait programmé Hôtel by the river d’Hong Sangsoo.
Florence Cestac est une immense artiste. Son humour, sa vision du monde, son talent pour mettre l’intime en images et raconter des histoires drôles, douces-amères et touchantes n’ont d’égal que la constance de ses combats. Un papa, une maman – sous-titré Une famille formidable (la mienne !) – paru chez Dargaud le 29 janvier dernier est une nouvelle preuve de l’importance de la scénariste et dessinatrice dans le monde très masculin de la bande dessinée.
Au sortir d’un bref moment d’absence – entre léthargie et repos forcé – que l’inconscient a aussitôt transformé en temps de méditation (car des bribes de pensées s’y seraient développées avant d’être épinglées comme des papillons dans des cadres étranges : fenêtres ouvrant sur le dehors ; miroirs reflétant le monde intérieur de qui s’y projette), le diariste critique reprend ses lectures. Cette fois, la petite pile qui s’est progressivement accumulée sur sa table de chevet est composée de bandes dessinées.
Manu Larcenet va bien. Enfin… mieux. Ou pas plus mal que si c’était pire. La preuve ? Alors qu’on l’avait laissé en pleine Thérapie de groupe en train de danser avec les étoiles, convaincu que le chaos en soi « c’est pas marrant tous les jours », revoilà Manu Larcenet dans un tome où tout se conçoit bien depuis les couloirs de la clinique des petits oiseaux « où si on met de côté quelques suicidaires, en général tout se finit bien. »