C’est après avoir pris conscience de l’emprise du Temps sur sa personne que Marcel entend se mettre au travail en avouant que son ambition est immense.
Le temps retrouvé
Gilberte présente sa fille de seize ans à Marcel qui la trouve bien belle tout en taisant son prénom.
Rose stérilisée dans sa vieillesse, Odette de Crécy ne désarme pas. Elle est devenue la maîtresse du duc de Guermantes qui ne lui laisse guère de liberté.
Soirée chez la Princesse. Vieillissante mais protégée par une Oriane qui déteste Gilberte, Rachel est invitée à dire des fables de La Fontaine, ce qu’elle fait calamiteusement.
Soit un portrait comme il en est peu dans la Recherche. Un portrait « en pied » mais tout en glissements.
“Le Bal de têtes” est largement une réflexion sur le temps qui passe et sur les souvenirs selon lesquels chacun ordonne son passé, le sien et celui des autres.
Au nombre des invités du « Bal de têtes », Marcel reconnaît un homme politique qui, ministre boulangiste autrefois, fut compromis dans l’affaire des chèques du canal de Suez et fit de la prison.
Au temps de Combray et de la jeunesse de Marcel, le charmant Legrandin fut l’incarnation même du snob.
On vient d’apprendre que Robert de Saint-Loup est mort au front alors qu’il protégeait la retraite de ses hommes.
Au fond d’un amour, il est toujours quelque rêve, nous apprend le narrateur, rattaché à une personne ou à plusieurs ou encore à une représentation.
Une bombe tombe dans le quartier alors que Marcel vient de sortir de la maison de passe de Jupien. La ville est plongée dans l’obscurité.
La présente séquence à la maison de passe de Jupien fait partie de ces scènes fantasmatiques comme il en est plus d’une dans la Recherche.
Tansonville encore. Gilberte y lit une nouvelle de Balzac, La Fille aux yeux d’or, récit d’une passion entre femmes. Avec l’intention, prétend-elle, de se porter à hauteur de la culture de ses oncles Guermantes. Suivra ce commentaire du roman : « “Mais c’est absurde, invraisemblable, un beau cauchemar. D’ailleurs, une femme peut, peut-être, être surveillée ainsi par une autre femme, jamais par un homme” ».
Comme Saint-Loup et Marcel se retrouvent à Tansonville, nous sommes gratifiés d’un ultime portrait de Robert, d’un Robert de plus en plus Guermantes via la sveltesse hautaine de sa mère.
Non content d’enseigner la littérature, d’en être le passeur inlassable sur Diacritik, Johan Faerber la théorise dans ses livres, comme dans son Proust à la plage qui paraît aujourd’hui chez Dunod. Récit intime et passionné de la vie de Marcel Proust, soit « la vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie, par conséquent, réellement vécue » (Contre Sainte-Beuve), en lien constant avec l’écriture et la lente et têtue genèse de la Recherche, ce Proust s’offre comme un « roman critique ».
L’occasion d’inverser les rôles et de soumettre notre initiateur de grands entretiens à la question.