Paru tout récemment aux éditions Ardemment, Affreville est le récit (ni fiction ni essai historique) jusqu’alors inouï du râle de la défaite qui a résonné sur la génération des familles des militaires français en poste en Algérie pendant la guerre d’indépendance. Ce texte dense, rythmé de séquences et tableaux montés entre eux comme les plans d’un film, dépasse largement le cadre habituellement dévolu au genre du « témoignage » et n’est surtout pas, il faut le dire tout de suite, un énième livre sur la guerre d’Algérie.

Véritable cristal de douleur contenue, De mémoire de Yamina Benahmed Daho constitue un des plus beaux romans de cette rentrée d’hiver. Après le remarquable Poule D, la romancière évoque ici, comme une parenthèse de langage dans les choses, la tentative de viol que subit la jeune Alya et la traîne de douleurs qui l’assaille dès lors chaque jour. C’est le temps d’un grand entretien que Diacritik a voulu revenir avec la jeune romancière sur ce récit à la puissance politique rare. 

De nos frères blessés, premier roman de Joseph Andras, vient de paraître en poche. Le récit est centré sur un homme, Fernand Iveton, un homme dont l’action a marqué l’histoire et les mémoires, un « nom maudit » comme l’énonce la citation de Benjamin Stora et François Malye (François Mitterrand et la guerre d’Algérie) en exergue du roman :

Benoît Peeters (écrivain, directeur des Impressions Nouvelles) et Laurent Demoulin (auteur du tout récent Robinson chez Gallimard) se sont livrés à un brillant et plaisant exercice : un grand entretien à deux, autour des éditions de Minuit et de Jérôme Lindon, que Diacritik, via Jacques Dubois, a le bonheur de publier, en deux parties (retrouvez la première ici).

L’oubli du fascisme. Des millions de morts juifs. L’oubli des millions de morts communistes, tziganes, homosexuels, fous. L’oubli de la mort comme politique. L’oubli des corps battus, brûlés, gazés, fusillés. L’oubli des corps torturés. L’oubli que Jean-Marie Le Pen a commencé sa carrière en éditant des chants nazis. L’oubli que les fondateurs du FN sont des nazis, des collaborateurs, des pétainistes, des négationnistes. L’oubli que les piliers historiques du FN sont toute l’extrême-droite française, les néofascistes et néonazis français et européens. L’oubli du racisme et de l’antisémitisme. L’oubli du fascisme comme politique actuelle. L’oubli que la politique du FN est une politique de mort.

Dans l’Algérie des années 1980, une femme fuit. Marquée d’une étoile au front, elle porte un enfant. Elle court, elle échappe à ses tortionnaires, elle emporte son nouveau né toujours plus loin, elle lutte pour survivre – seule. Zoubida, comme l’était la Nedjma de Kateb Yacine, est l’étoile du nouveau roman de Tierno Monénembo. Critique et entretien avec l’écrivain, réalisé à Conakry, le vendredi 23 décembre 2016.

Le Prix Goncourt du premier roman 2016 a été attribué lundi à Joseph Andras pour De nos frères blessés (Actes Sud). La surprise fut double : le roman n’était pas encore en librairies (il paraît aujourd’hui) et il ne figurait pas dans la sélection de quatre titres dévoilée par le jury le 6 avril dernier. Mais il s’agit d’un choix à saluer tant ce roman semble en effet ouvrir à une œuvre d’importance, littéraire et engagée, profondément politique, donc.