On s’était habitué, avec Maylis de Kerangal, aux tambours et aux trompettes, aux incipits de parade, à ces œuvres aux frontispices vibrants, de l’odyssée de Georges Diderot, héros de Naissance d’un pont, à la vague mythique venue du fond des âges lançant le compte à rebours poignant de Réparer les vivants.

La correspondance privée des écrivains a mauvaise presse, tant auprès des éditeurs qui la considèrent, en général, comme peu rentable commercialement, qu’aux yeux du grand public qui n’y voit, au mieux qu’un intérêt anecdotique très relatif, au pire comme une sorte de voyeurisme douteux.

Régis Jauffret a reçu le prix Goncourt de la nouvelle pour Microfictions II qui vient de paraître en poche. Si l’on ne peut que se réjouir qu’un prix littéraire couronne une œuvre fondamentale, on notera cependant combien le jury avait soigneusement contourné la mention « roman » portée sur la couverture en grand format et, ce faisant, décidé de considérer les Microfictions comme un recueil de 500 histoires et non un volume jouant avec maestria d’une tension entre fragment et flux, d’un (dis)continu et d’un (in)fini.

La rentrée effectuée pour grand nombre d’entre nous, il suffit d’ouvrir aujourd’hui n’importe quel magazine, malheureusement surtout féminin – mais c’est un autre débat – pour voir de multiples encadrés, pages conseils, photos suggestives pour nous permettre de garder notre joli teint bronzé encore quelques temps, pour retrouver une « sveltitude » à dénoncer tant elle est imposée et nous inciter à avoir quelques remords quant à notre estivale malbouffe.

La nouvelle traduction française de Notes of a native son (Chroniques d’un enfant du pays) de James Baldwin se trouve dans ma pile depuis un moment, et il m’a fallu plusieurs détours pour y revenir après tant d’années, un peu sous ce poids que Baldwin décrit dans les premières pages : « on a tant écrit sur le problème noir. Les rayonnages gémissent sous le poids de l’information, et tout le monde, par conséquent, se considère informé.

Premier roman nucléaire, La Centrale d’Elisabeth Filhol est un procès verbal dans tous les sens du terme : récit clinique comme aventure du verbe. De ces textes qui happent et hantent, d’une séduction étrange, tout autant romanesque que politique, sociale, de ces objets littéraires qui semblent des évidences, stylistiques, structurelles.

Comment écrire le sexe ? Non pas l’acte sexuel, ou pas seulement, non pas la pornographie, ou pas seulement, mais le sexe masculin, exhibé, fétichisé, débarrassé de tous les oripeaux des récits conventionnels ou déjà écrits, trop lus, des discours qui le narrativisent, l’érotisent, le réduisent ? Tel serait le propos de Nina Leger dans son dernier livre, « romance », dit-elle, mais d’aujourd’hui, Mise en pièces comme on démantèle un attendu, comme « elle construit un palais de mémoire qui, à mesure qu’il se peuple de sexes nouveaux, se complique de couloirs, d’annexes et de dépendances ».

« Faites un geste pour l’environnement », scie de la décennie et arme lourde de publicitaires et d’entreprises, qui, sans conviction profonde, usent de l’écologie comme argumentaire marketing et opportunisme. Soulignons-le d’entrée, L’Écologie en bas de chez moi n’est pas imprimé sur du papier recyclé.