Troisième mois de l’année et dernier moi de cette série de chroniques prétexte à toutes les inepties sous couvert de culture générale copiée-collée sur Internet, Mars vient du latin Martius en honneur au dieu romain de la guerre. Ce qui en fait donc un mois martial par excellence : ce n’est pas pour rien que la rigueur militaire emprunte à Mars pour commander aux troupes qui s’ébrouent à l’unisson quand le chef de colonne leur crie « en avant, mars ! » pour les faire avancer au pas le 14 juillet sur les Champs Elysées.
Mars est le mois du passage à l’heure d’été, qui tombe logiquement moins de trois semaines après la présentation des collections Automne-Hiver de l’année prochaine et cette année la veille du 1er avril si l’Europe et les citoyens qui en ont marre de courir nuitamment dans toute la maisonnée pour avancer les pendules décident d’en finir avec cette quasi coutume qui permet de gagner en clarté diurne ce que l’on perd en sommeil nocturne.
J’ai déjà parlé du passage à l’heure d’été au mois d’octobre. Il est donc parfaitement justifié que j’aborde encore la question épineuse du changement d’heure. L’idée d’avancer l’heure légale durant l’été a été instituée la première fois en France en mars 1916 et serait d’inspiration britannique. Selon des sources non vérifiées, la mesure en question serait née d’une petite phrase d’un soldat britannique (prénommé Tommy) au cours d’une conférence militaire interalliée, militaire qui se serait exclamé dans un mauvais français : « c’est le moment de passer à l’heure du thé »…
A l’inverse, l’origine de la reculade horaire serait liée à un dialogue historique plus ou moins avéré entre un horloger du canton de Genève et un Hellène, marchand de cadrans solaires à ses heures. Ce dernier, tout en constatant que le soleil se couchait de plus en plus tôt aux abords de la Toussaint, n’arrêtait pas de dire à ses clients potentiels : « c’est encore l’heure d’y voir, c’est encore l’heure d’y voir… ». Le citoyen suisse, voyant le profit qu’il y avait à retirer pour son commerce, commença alors à œuvrer de manière souterraine (c’était un Helvète underground) pour instituer de facto l’heure d’hiver. Coulant ainsi le négoce du marchand grec pour le plus grand bonheur de cette horlogerie qu’on toise aujourd’hui avec raison au vu des prix pratiqués.
Comme tous les mois de l’année, Mars connaît son lot d’expressions imagées souvent agricoles, vaguement prophétiques ou médicales pour le représenter ou lui donner une aura mystique dont les religieux monothéistes ont besoin pour justifier leur existence. On peut citer « arriver comme mars en Carême » qui désigne le fait d’arriver à propos, comme prévu ou de façon opportune ou encore « Pierre qui roule n’a mars pas mousse » pour annoncer qu’il est temps pour Pierre de se mettre au régime s’il veut rentrer dans son maillot de bain avant l’été prochain.
D’un point de vue climatologique et social, mars est réputé pour être le mois des légendaires giboulées qui nous rappellent la fragilité de la condition humaine face aux éléments et le haut sens du ridicule que nous envient les animaux quand il s’agit de porter un imperméable que l’on peut rouler en boule pour se l’accrocher la taille ente deux averses.
Historiquement, et juste pour replacer que l’auteur s’est farci douze mois de recherches intensives sur Internet pour écrire ses chroniques, mars est à peu près aussi intéressant que janvier, février, mai, juin, août, septembre, novembre et décembre : plein de trucs se sont passés en mars. A se demander même si l’histoire se repose de temps en temps… En revanche, le story-telling gouvernemental qui voudrait nous faire croire que c’est entre le 1er et le 31 de ce mois qu’Emmanuel Macron a eu l’idée de son mouvement « La République En Mars » n’est que pure invention.
Enfin, le saviez-vous ? Mars est le mois des amours chez le leporidae, le lièvre popularisé par Lewis Caroll avec son personnage du Lièvre de Mars (March Hare en anglais) et dont la saison des amours débute en mars. Cette période porte le nom de bouquinage et pendant celle-ci, on voit les lièvres sortir de leurs terriers et commencer à courir la hase qui, elles, trouvent ça long. Le mâle reproducteur est appelé bouquin et il n’est pas rare, vers la mi-mars, d’en croiser un certain nombre porte de Versailles qui se presse au salon du Lièvre de Paris (du 15 au 18) dans l’espoir de bouquiner gratuitement.