Comme son nom ne l’indique pas, le mois de septembre est le neuvième mois de l’année. Il ne faut donc pas le confondre avec novembre qui, malgré sa racine latine faisant immédiatement penser à autre chose, est le onzième. Le saviez-vous ? Chaque année, septembre commence le même jour de la semaine que décembre. Et après, on s’étonne de ne pas voir le temps passer !
Un peu d’histoire :
Traditionnellement, septembre est le mois des rentrées de toutes sortes : la rentrée des classes, la rentrée parlementaire, la rentrée sociale, le mois du dernier tiers provisionnel, les retours de vacances, le retour des bouchons sur le périphérique parisien, le retour des émissions de télé qu’on aurait souhaité voir disparaître et subséquemment l’arrêt de celles qu’on aurait bien aimé voir survivre au mercato estival.
Il faut dire que dans la religion catholique, le mois de septembre est dédié à Notre-Dame des Douleurs. Il est donc logique que la rentrée fasse un peu souffrir. Nul besoin d’avoir fait Polytechnique pour comprendre que la face de l’automne aurait été tout autre si septembre avait été consacré à Notre Dame des Plaisirs. On n’en serait pas à regretter les soirées infestées de moustiques et autres insectes volants et piquants passées à jouer aux 7 familles avec mémé et les voisins de tente en buvant du mauvais rosé (pléonasme) en cubi sous le haut-vent de la caravane. On ne regretterait pas d’avoir mis huit heures pour rentrer de villégiature, dont quatre entre la porte d’Orléans et la porte d’Italie. On se souviendrait avec une nostalgie certaine, un intense sentiment de soulagement et en hoquetant encore d’un rire franc, quand le motard qui nous a arrêté au péage nous a annoncé qu’une patrouille autoroutière avait retrouvé mémé et son chien enfermés dans une des toilettes d’une aire du centre de la France.
N’ayons pas peur des mots, septembre est un mois pourri. C’est le mois où nous remisons shorts, maillots de bains, Marcels résille et autres espadrilles dépareillées pour nous vêtir à nouveau de nos oripeaux guindés de travailleurs amers qui doivent pointer devant les machines à café de nos entreprises déshumanisantes, souvent sises dans des tours bétonnées ou des zones d’activités perdues et loin de tout bar-tabac-PMU digne de ce nom. Le premier jour de septembre est ainsi et souvent le jour où nous remontons symboliquement de la cave les coupe-vent et les manteaux d’hiver – prévoyants que nous sommes –, pour mieux les avoir sous la main et dans la penderie de l’entrée quand les premiers froids reparaîtront. Septembre est le mois des jours qui raccourcissent et des manches qui rallongent.
Selon le calendrier des Postes qui rappelle que les prochaines vacances sont loin et qu’un trio de chatons dans une corbeille de pelotes de laine est beaucoup photogénique qu’une génisse broutant l’herbe molle d’un pré normand sur fond de piège à touristes médiéval, septembre est le mois de l’équinoxe et Jean-Michel Jarre lui doit beaucoup. C’est le mois qui préfigure l’automne qui ne va manquer de poindre à la ligne, trainant avec lui sa cohorte de sanglots longs et de violons qui blessent les cœurs d’une langueur monotone. Sauf pour les malentendants qui eux, ont les sangles oblongues de leur sonotone qui blessent leur corps d’une longueur morne et atone.
Beaucoup de choses moches sont arrivées en septembre. Il y a eu le septembre noir, le 11 septembre 2001, il y a les journées du patrimoine, le début de la seconde guerre mondiale, la mort de Mère Teresa le 5, la naissance de Cyril Hanouna le 23, l’imminence de la fondation du Front National ou l’annonce de la sélection de la ville de Paris pour organiser les JO en 2024 le 13. Que d’événements funestes comme dirait Louis 2.
Néanmoins, par souci d’honnêteté et de rigueur historiographique, il faut reconnaître que septembre n’a pas tous les défauts de la terre. C’est également le mois des retrouvailles animées dans les cours de récré ou les salles de réunions : on se compare les bronzages quitte à déboutonner le col de sa chemise ou à dénuder une épaule pour montrer comment le soleil a avantageusement caramélisé un épiderme la plupart du temps plus blanc qu’un bidet d’hôtel moscovite, on se montre les selfies pris avec des joueurs de beach-volley en arrière plan sur la plage nudiste où l’on s’était aventuré par mégarde, on se raconte le bal des pompiers quand on a osé embrasser la jeune cheftaine scout sur la piste de danse improvisée sur le boulodrome municipal au son de Destinée de Guy Marchand chanté pour l’occasion par un sosie de Patrick Sébastien… On se rappelle enfin, que c’est en septembre que « nos cœurs résonnaient, que nos âmes chantaient comme nous dansions dans le soir, comment les étoiles avaient remplacé la nuit, dites-le, vous souvenez-vous, danser en septembre ? Ce n’était jamais un jour nuageux. »
Le matin de cet autre septembre, le jour était d’un bleu opaque, la frénésie était quotidienne mais simple, de ces exaltations supportables que l’on regretterait bientôt, une fois le nuage de poussière retombé, une fois la nuit revenue et les étoiles dans le ciel de New York chantant les cœurs et les âmes disparues.
Vivement le moi prochain.