Jean-Yves Tadié intitule « Le Moment sacré » sa préface à la publication des soixante-quinze feuillets retrouvés d’À la recherche du temps perdu, feuillets que l’on croyait perdus à jamais. « Un grand mérite de ces pages du livre futur est d’être les premières qui aient été écrites bien que ce soient les dernières qui nous soient parvenues. »
Proust
Rose stérilisée dans sa vieillesse, Odette de Crécy ne désarme pas. Elle est devenue la maîtresse du duc de Guermantes qui ne lui laisse guère de liberté.
Le procès des attentats de janvier 2015 a commencé le mercredi 2 septembre au Palais de justice de Paris. Un procès pour l’histoire lit-on partout. Un procès pour les vivants, pour les victimes et leurs familles ; un procès qui fait resurgir la douleur, le souvenir, l’horreur, l’injustice. Cette semaine, Diacritik vous propose de revenir sur des œuvres qui, frontalement ou en creux, parlent de Charlie avant « Je suis Charlie », des traumatismes, de l’après et de la reconstruction impossible et nécessaire. Parce que ces livres, ces albums, ces dessins, ces entretiens sont à la fois témoignages, traces, mémoire, histoire(s). Aujourd’hui : La Légèreté, de Catherine Meurisse.
Albertine est en colère sur Marcel qui revient d’une soirée chez les Verdurin dont il n’avait dit mot. Voulant réparer, Marcel propose à son amie l’argent qui lui permettrait de convier à un dîner le couple honni.
Charlus se flatte de ne pas connaître la vie de son ami Morel, à ceci près qu’il sait qu’ils « en sont » bien l’un et l’autre — dans le sens commun tout au moins.
Voici, à propos des femmes entrevues au dehors par Marcel, un passage quelque peu ambigu. C’est à l’occasion de la visite — tout aussi équivoque — d’une jeune crémière que Françoise est allée quérir pour tenir compagnie (ou plus ?) à son protégé.
Étonnant morceau de bravoure que la célébration des glaces du Ritz par Albertine Simonet, ces glaces si artistement moulées en monuments :
À l’heure du coucher, le jeune homme entr’ouvre la chemise de son amante, découvrant ainsi les seins, puis le ventre. Voilà donc le corps féminin proposé en toute décence et célébré sur un mode poétique, non loin du sacré.
Albertine s’installe au logis de Marcel — celui des parents de ce dernier.
Tout tourne au mieux pour l’excellent Marcel. C’est que, renonçant à d’autres plaisirs, son Albertine vient habiter chez lui, c’est-à-dire chez ses parents absents de Paris : « chaque soir, fort tard, avant de me quitter, elle glissait dans ma bouche sa langue, comme un pain quotidien, comme un aliment nourrissant et ayant le caractère presque sacré de toute chair à qui les souffrances que nous avons endurées à cause d’elle ont fini par conférer une sorte de douceur morale. »
Le narrateur-héros se flatte ici de n’avoir jamais fait de différence entre ouvriers, bourgeois et grands seigneurs. Sa préférence irait même aux premiers d’entre eux. Ah bon ! Marcel connaîtrait donc des ouvriers et aurait fréquenté largement leur classe…
Fils de valet de pied et amant de cœur de Charlus, le musicien Morel affiche une prescience rare des dispositions sexuelles d’autrui, une prescience charmant le baron.
Au Grand Hôtel, les montées d’ascenseur varient avec le style et la conversation du liftier. Et, à chaque fois, cela donne un petit instantané plaisant.
Familières ou non d’un Marcel très présent, quelques jeunes files se divertissent au petit Casino du bord de mer : l’une officie au piano pendant qu’Andrée et Albertine valsent ensemble sans que s’en inquiète le jeune homme que charme leur aisance.
En retard au rendez-vous, Albertine trouve Marcel écrivant à Gilberte (son “ex” dont la petite Simonet sait bien peu). Façon pour lui de dire qu’il digère mal le retard de son amie et l’attente qui s’ensuit.