Voici un récit pour le moins étrange qui nous relate en 200 pages le parcours que fait un narrateur dans une zone qui a pour singularité de n’appartenir ni à la ville ni à la campagne et qui relève tantôt de l’une et tantôt de l’autre le plus souvent des deux à divers moments. Le randonneur qu’est ce narrateur nous rapporte donc le parcours qu’il fait autour de Paris sans pour autant trop s’écarter de la capitale et sans non plus pénétrer dans des villes et villages clairement identifiables — encore que plusieurs soient nommés.
Jean Rolin
« Jeudi 8 décembre
Avenue Jean-Jaurès, derrière la vitrine éclairée du supermarché Atac, un type en blouse blanche se débat parmi les cartons empilés et les alignements de caddies emboîtés les uns dans les autres.
Avec Crac, qui vient de sortir en poche chez Folio, Jean Rolin publiait son vingt-neuvième livre (le premier, Chemins d’eau, date de 1983). Autant dire qu’une œuvre a largement trouvé à se déployer dans le temps, avec ses constantes, ses évolutions, ses variations et ses reprises qui éclairent aussi la lecture que l’on peut faire de cet opus.
C’est aujourd’hui que sort un important collectif sur une figure centrale de la littérature contemporaine : Jean Rolin. Mené par Marie-Odile André et Anne Sennhauser, le riche et fort volume intitulé Jean Rolin, une écriture in situ examine une œuvre à la croisée de la fiction et du documentaire, du reportage et du romanesque, de la géographie et de l’histoire.
Avec Crac, sorti au mois de janvier (P.O.L), Jean Rolin publie son vingt-neuvième livre (le premier, Chemins d’eau, date de 1983). Autant dire qu’une œuvre a largement trouvé à se déployer dans le temps, avec ses constantes, ses évolutions, ses variations et ses reprises qui éclairent aussi la lecture que l’on peut faire de ce nouvel opus.
Jeune festival qui propose de faire la part belle aux auteurs et à la sérénité, Jardins d’hiver ouvre ses portes aujourd’hui aux Champs Libres à Rennes, seconde édition d’un événement qui entend compter dans le paysage littéraire par sa singularité et son plateau d’écrivains choisis.
Pour la 4e édition de ses rencontres, « Littérature au centre », en partenariat avec Diacritik, organise à Clermont-Ferrand tout au long de la semaine un festival autour des liens entre littérature et villes. Après avoir questionné les années précédentes le cinéma, la musique puis la cuisine, cette année, les rencontres LAC confrontent l’écriture aux représentations de la ville selon que la ville accueille ou rejette, dessine des architectures qui tressent nos vies ou encore déploie comme jamais l’imaginaire romanesque. Écrivains, architectes et sociologues dialogueront ainsi chaque jour autour de la ville.
« Le jour même de mon retour à Savannah, dans les heures qui suivirent je revis le petit homme au parapluie roulé : il était en train de fumer, assis sur un muret faisant face à la grille cadenassée du motel en friche, et dans une position telle qu’il se serait trouvé dans le champ des images faites par Kate le soir de notre installation dans ce motel. »
Les jeudi 17 et vendredi 18 novembre prochains aura lieu à Paris un colloque international sur un de nos contemporains capitaux : Jean Rolin, figure discrète à l’œuvre majeure dont la géographie se tient comme la quête neuve et toujours tenue d’un intense suspense tellurique.
On connaît le tropisme maritime de Jean Rolin avec ses diverses modulations, depuis les espaces portuaires de Terminal Frigo (P.O.L, 2005) jusqu’au projet de traversée à la nage du détroit du même nom dans Ormuz (P.O.L, 2013) en passant par le trajet en cargo entre Europe et Afrique dans L’Explosion de la durite (P.O.L, 2007) – un tropisme dont témoigne d’une autre manière un recueil de textes journalistiques comme Vu sur la mer (La Table Ronde, « La Petite Vermillon », 2012). On sait aussi comment les guerres du xxè siècle et les conflits contemporains disséminés à travers le monde hantent son œuvre, de façon plus ou moins directe ou souterraine (Campagnes, Gallimard, 2000, Un chien mort après lui , P.O.L, 2009 ou L’Explosion de la durite). Avec son dernier texte, Peleliu (P.O.L., 2016), l’écrivain croise d’une façon encore inédite ces deux dimensions en prenant pour objet d’écriture une île du Pacifique qui fut le théâtre d’une terrible bataille pendant la Seconde Guerre mondiale et dont le narrateur va s’employer à arpenter le territoire aussi limité (13 km2) que parfaitement circonscrit du fait de son caractère insulaire.