Il y a beaucoup de choses en ce moment, des choses superposées, en parallèle, des choses qui se croisent ou se percutent, explosent. Il y a les 130, l’écrasante actualité des 130, ceux qui ne passent pas, ne peuvent pas, ne doivent pas passer. Au courrier de ce matin, une lettre :
Category Archive: Le journal d’Olivier Steiner
Olivier Steiner est l’auteur de Bohème (Gallimard, 2012) et La Vie privée (L’Arpenteur, 2014). Il tient ici un journal dans le journal.
Une petite histoire vraie, j’ai envie de balancer en ce moment, en état d’urgence, comme s’il n’y avait plus de temps à perdre. Une petite histoire vraie, une histoire d’argent. Il y eut une époque dans ma vie où j’ai vécu dans un film, exactement à l’intérieur d’un film. Et c’était génial, le montage était top, jamais de fatigue, pas de temps morts, l’image et la lumière très belles, dialogues réussis, forts, un bon film avec du suspense, des choses économiques, sociales, de beaux décors, du cul et du destin. C’était il y a longtemps, j’étais très jeune, très pauvre et très con.
Le massacre a eu lieu, le massacre a lieu, le sang est à peine séché et le sang coule, la terre au-dessus des cercueils est encore fraîche, remuée, on est toujours dans la sidération quoi qu’on dise, ce qui s’est passé déborde, nous déborde, débordera toujours.
Cent vingt-neuf. Ils sont, ils étaient, ils sont, cent vingt-neuf. Une longue addition, cent vingt-neuf. Admettons que l’on mette deux secondes pour dire chaque nom et chaque prénom, ça fait quatre minutes et des poussières, quatre minutes et des poussières, c’est court, c’est long, trop court, trop long.