Trente ans après la mort de Serge Gainsbourg le 2 mars 1991, on a tous en tête une chanson, une image, un souvenir qui nous relie à lui. Aimé et détesté de son vivant, mythifié post-mortem, l’artiste n’a pas accédé immédiatement à la gloire qui lui était due, la faute à des prises de positions radicales sur son art et des failles personnelles, intimes, qui l’ont nourri autant qu’elles l’ont consumé — ce dont rend compte avec acuité et sensibilité le magnifique documentaire de Stéphane Benhamou et Sylvain Bergère proposé par France 3 à l’occasion de l’anniversaire de la mort de l’homme à tête de chou.
Auteur : Dominique Bry
La Belle Époque : une période de paix, de gaieté, d’insouciance et de prospérité… En 1899, la presse est libre, la deuxième révolution industrielle est en marche, le monde intellectuel et la création artistique sont en effervescence… le capitaine Dreyfus attend d’être jugé en appel et L’Antijuif paraît chaque semaine. Avec Paris Police 1900, Fabien Nury livre une fiction policière au réalisme cru jusqu’à la violence extrême, traversée de thèmes très actuels : la condition des femmes, l’antisémitisme, la peur du lendemain.
Florence Cestac est une immense artiste. Son humour, sa vision du monde, son talent pour mettre l’intime en images et raconter des histoires drôles, douces-amères et touchantes n’ont d’égal que la constance de ses combats. Un papa, une maman – sous-titré Une famille formidable (la mienne !) – paru chez Dargaud le 29 janvier dernier est une nouvelle preuve de l’importance de la scénariste et dessinatrice dans le monde très masculin de la bande dessinée.
Manu Larcenet va bien. Enfin… mieux. Ou pas plus mal que si c’était pire. La preuve ? Alors qu’on l’avait laissé en pleine Thérapie de groupe en train de danser avec les étoiles, convaincu que le chaos en soi « c’est pas marrant tous les jours », revoilà Manu Larcenet dans un tome où tout se conçoit bien depuis les couloirs de la clinique des petits oiseaux « où si on met de côté quelques suicidaires, en général tout se finit bien. »
C’est la respiration de ce début d’année 2021, une série française qui ne sacrifie rien à l’exigence et fait souffler un vent de surréalisme fou-fou sur le genre de la SF qui en a pourtant vu passer des Envahisseurs, des V et des X (Files).
Ce n’est pas le genre et encore moins l’ambition de Diacritik de juger un livre à sa couverture, un album à sa pochette ou la politique sanitaire française à l’aune des déclarations de Jean-Michel Blanquer sur le taux de transmission du coronavirus dans les salles de classes. C’est donc pour cette raison que j’ai loué Songbird en VOD plutôt que d’en rester à spéculer sur l’intrigante bande annonce diffusée en octobre dernier. Et comme je suis très généreux, je vais vous raconter par le menu ce moyennement long métrage estampillé « premier film écrit et tourné pendant l’actuelle épidémie de coronavirus ». Ne me remerciez pas, ça me fait plaisir.
Et si on arrêtait d’être snob et de s’étonner du succès d’une série Netflix ? Qui plus est française. Personnellement, je n’échangerais pas deux sachets de Marseille ou deux barils de Shooter contre cinq épisodes de Lupin (en attendant la deuxième partie avec une certaine impatience).
On n’a pas pu passer à côté : le Marvel Cinematic Universe est de retour sur Disney+ avec en têtes d’affiche la Sorcière Rouge et la créature d’Ultron dans WandaVision. Après deux épisodes et des commentaires disparates à foison sur les Internets, que penser de ce spin-off mettant en scène le couple androïdo-sokovien interprété sur grand écran par Elizabeth Olsen et Paul Bettany ?
Loin des représentations hollywoodiennes de Walker Texas Ranger ou des Highwaymen, le personnage principal de bluebird, bluebird d’Attica Locke n’a rien à voir avec la mythologie de l’Ouest sauvage et ses images de justiciers droits dans leurs bottes, arborant fièrement l’étoile de Ranger. Enquête sur un double meurtre dans l’est du Lone Star State, bluebird, bluebird est une plongée dans le Texas profond et le récit de la quête identitaire d’un Ranger noir trop porté sur l’alcool dans un État au lourd passé ségrégationniste.
C’est une tradition trentenaire qui perdure malgré les aléas de la vie des médias et les décisions des patrons de chaînes qui ont tour à tour supprimé ou transféré le programme de Patrick Menais, son producteur historique. Toujours le reflet de la télévision, Le VU de l’année 2020 (ex-Zapping) est un grand cru. Un exercice nécessaire pour un visionnage utile.
Le onzième film de David Ficher n’est pas qu’un somptueux hommage à l’âge d’or du cinéma américain. Récit de l’écriture sous contrainte de Citizen Kane, le chef d’œuvre d’Orson Welles, Mank est un film radical qui parle de Hollywood et de l’Amérique, des tournants de l’histoire, du pouvoir de l’image et de la dictature des studios.
Au jeu de l’exorcisme des démons de l’Amérique, le cinéma et la série US ne sont pas les derniers et Aaron Sorkin est devenu, depuis sa pièce de théâtre A Few Good Men jusqu’à ses créations pour la télévision et le cinéma, un des grands ordonnateurs du genre. Deuxième réalisation du scénariste de The West Wing et The Newsroom, Le Procès des 7 de Chicago est l’archétype d’un cinéma militant dont l’Amérique a (ou avait) le secret quand il s’agit de questionner son histoire, d’édifier les spectateurs, de libérer les passions. La définition même de la catharsis, à défaut d’un réel mea culpa.
« Vous ne faites plus dans le cocu ? »
Non. Fort de sa réussite dans le mystère des bijoux de la Bégum, Atom Vercorian a décidé de ne plus prendre que des affaires dans lesquelles le détective n’aurait pas à traquer l’adultère. En attendant des clients prestigieux, les héros de Yann et Schwartz en sont réduits à courir après un boucher indélicat tandis que s’annonce une enquête qui conduira le lecteur de détails méconnus de la seconde guerre mondiale en personnalités du cinéma des années 50, jusqu’à l’arrestation de René la Canne.
Son nom est Bernie, Bernie Gunther. À Berlin à la fin des années 20, l’âge d’or de la République de Weimar touche à sa fin et le jeune enquêteur imaginé par Philip Kerr fait ses premiers pas à la Kriminalpolizei, chargé d’élucider une série de meurtres violents et sordides. Tel est le point de départ d’une intrigue qui mêle adroitement histoire réelle et fiction policière qui convoque des tueurs en série sur fond de montée du nazisme dans le Berlin interlope et doré de la fin des années 20.
La parution de Confinements en œuvre de Manu Larcenet invite aux re-lectures de deux ouvrages d’importance : Peu de gens savent et Nombreux sont ceux qui ignorent, deux sommes graphiques presque encyclopédiques fortes de « révélations fondamentales permettant aux imbéciles d’appréhender le monde avec un minimum de sérieux ».