Les enfants de la télévision sont orphelins. Monsieur Cinéma n’est plus. Avec la disparition de Pierre Tchernia à l’âge de 88 ans, c’est bien plus qu’une figure du patrimoine audiovisuel et culturel français qui s’en va. Né à Paris en 1928 d’un père d’origine russe et d’une mère parisienne, Pierre Tchernia incarne à jamais plus de soixante ans de l’histoire de la télévision, de ses débuts sur les ondes — avec la création du premier journal télévisé en France en 1949 — jusqu’à ses dernières apparitions aux côtés de l’animateur Arthur.
Homme de télévision, de cinéma (acteur chez Yves Robert et Robert Dhéry, réalisateur de quelques fleurons du cinéma de divertissement), de bande dessinée, de radio, de théâtre… On peut sans crainte qualifier Pierre Tchernia de touche-à-tout sans verser dans le raccourci facile. Avec sa voix douce, grave et posée, reconnaissable entre mille (le narrateur de l’Astérix d’Alain Chabat c’est lui), son humour fin, son physique avenant et bonhomme qui le rendait immédiatement sympathique, sa gentillesse naturelle mêlée à une érudition hors norme ont fait de lui un personnage incontournable des médias et de la télévision : consultant hors pair, mémoire de l’âge d’or de la télévision pour les uns, scénariste et réalisateur sous-estimé pour les autres, aucun reproche ne pourra lui être adressé durant sa très longue carrière. Et pour cause. Scénariste avec René Goscinny ou Marcel Bluwal, metteur en scène (Les Gaspards, Le Viager, La Gueule de l’autre), premier adaptateur du mythique dessin animé Astérix et Cléopâtre au cinéma, et emblématique Monsieur Cinéma aux côtés de Jacques Rouland dans l’émission éponyme qui a bercé toute une génération de cinéphiles …
Parce que longtemps il a été l’ami des petits et grands enfants, adorateur de Disney et à l’origine des premiers croisements entre les genres (BD, cinéma, télévision…), absent des écrans depuis plusieurs années il restait néanmoins dans toutes les mémoires. Parce que de son vivant, il était déjà immortel. La vie et la carrière de Pierre Tchernia ressemblent à un long-métrage, à tel point qu’on n’imaginait pas devoir un jour écrire le mot fin.