Comment finir une histoire ? Comment ne pas verser dans la facilité de clore un cycle à la manière d’un show-runner peu inspiré ? La réponse à l’épineuse question du devenir d’une héroïne emblématique nous est donnée par Jacques Tardi avec Le Bébé des Buttes-Chaumont, ultime épisode des aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec.
BD
Angoulême, janvier, le festival, l’hiver. Après plus de trente romans graphiques et albums dans lesquels Bastien Vivès explore les genres, les styles et les techniques, l’auteur du Goût du chlore (primé à Angoulême), revient avec un livre délicat et volontiers cryptique, Dernier week-end de janvier.
La mort de Spirou. Pour un critique, ça sonne comme le titre d’une chronique acrimonieuse du nouvel opus des aventures du héros plus que septuagénaire de la maison Dupuis. Pour le lecteur, qu’il soit assidu ou peu au fait de l’histoire avec un grand G comme groom du personnage et de ses déclinaisons et auteurs successifs, c’est une promesse intrigante (et quelque peu effrayante).
Parce qu’il est ce Michel Ange à gros nez mâtiné d’enlumineur de fond, Manu Larcenet connaît par cœur et à son grand corps défendant les terribles affres de la création, qui occasionnent par alternance moments de doute, haut débit de parole, bas qui blessent, euphorie et tristesse — un sentiment qui, si l’on en croit l’auteur du troisième tome (que le temps passe vite) de Thérapie de Groupe, durera toujours.
Alors qu’on avait laissé les 7 en pleine crise, leur réputation mise à mal avec la découverte d’une nazie bitch dans leurs rangs et les exactions de leur leader toujours plus psychopathe, les créateurs de The Boys auraient voulu faire oublier une deuxième saison un peu molle du super genou qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement.
Alors que le monde peine à se remettre d’une pandémie mal contenue, que l’Ukraine se réveille chaque matin un peu plus meurtrie sous les bombardements de « l’opération spéciale » russe, l’œuvre d’Enki Bilal résonne tout en achevant d’éteindre tout espoir en une humanité bienveillante qui se projetterait dans un futur qui a appris de ses erreurs ; et qui au contraire se réfugie dans ses passés les plus condamnables.
Depuis 2016, suite à un appel au boycott conduit par le “Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme” réagissant au fait que le Festival d’Angoulême n’avait proposé aucune femme dans la liste des trente prétendants au “Grand Prix” soumise au collège des votants (composé depuis deux ans par l’ensemble des auteurs et autrices francophones – texte / dessin / couleur – de bande dessinée), l’élection se fait selon le protocole suivant, en deux temps.
Dans son dernier livre, Jean-Clet Martin propose une lecture de l’oeuvre de Giraud/Moebius qui est en même temps une analyse de ce qui appartient en propre à l’image de la BD. Ce livre est un livre de philosophie autant qu’il travaille la perception, permettant de penser ce que l’on ne pensait pas et que la BD nous conduit à penser, permettant de percevoir autrement la BD et par la BD, à partir d’elle. Entretien avec Jean-Clet Martin.
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Résumé de la situation (avril 2021–janvier 2022) : au printemps dernier, Fayard a publié un essai du philosophe Dominique Lestel intitulé Machines insurrectionnelles – Une théorie post-biologique du vivant.
Les éditions Dargaud viennent d’annoncer la disparition du dessinateur Jean-Claude Mézières dans la nuit du samedi 22 au dimanche 23 janvier 2022 à l’âge de 83 ans. Celui dont la carrière est indissociable des personnages de Valérian et Laureline qu’il a créés avec son ami d’enfance Pierre Christin fut un acteur majeur la bande dessinée : illustrateur et créateur à l’imaginaire foisonnant, un pionnier dont l’influence s’est étendue bien au-delà du 9ème art aujourd’hui en deuil.
C’est une joie et une souffrance. Un de ces moments où l’on se dit que la vie est à la fois bien faite et un peu cruelle aussi quand on a en mains le premier épisode d’un nouveau diptyque des aventures de Largo Winch. On s’empresse de se le procurer, on le dévore plus qu’on ne le lit et on le referme avec un sentiment de manque immédiat mêlé de satisfaction. L’arrivée de La frontière de la nuit en librairie ne déroge pas à la règle.
Encore la bande dessinée ? Ce n’est pas fini, cette histoire ? On veut bien croire qu’il y a eu, récemment – enfin, il y a environ un demi-siècle – une explosion salutaire, suivie par quelques tentatives, de restauration tout d’abord, puis surtout de récupération, qui auront à leur tour provoqué quelques crises où se seront affirmées une, deux, et même trois générations d’auteurs et d’autrices que l’on aurait pu croire à première vue sans attaches, même si, pour une part non négligeable d’entre elles et d’entre eux, plus que respectueux des grandes figures de l’histoire du genre, ou disons du champ (de ruines) où se dressent encore fièrement quelques pierres à l’effigie de héros increvables, à peine érodées par le vent souvent mauvais de l’air du temps.
Dans le langage courant et dans le jargon technico-commercial, le service après-vente (SAV) est un service qu’une entreprise propose à ses clients pour la mise en marche, l’entretien et la réparation d’un bien que cette entreprise a vendu ou pas. Que se passerait-il si la grande entreprise de Dieu, père et fils avait sous-traité la prestation à des techniciens nommés Gandhi, La Callas, Victor Hugo ou Michel Audiard ?
Corto Maltese : héros, légende, symbole d’un certain âge d’or de la bande dessinée. Grâce à Martin Quenehen au scénario et Bastien Vivès au dessin, la création d’Hugo Pratt renaît pour la deuxième fois avec Océan Noir, roman graphique inspiré qui fait entrer le mythe Corto dans la modernité sans abîmer l’héritage du maître.
Vendredi 20 août 2021, les éditions Dupuis ont annoncé le décès d’un grand nom de la bande dessinée : Raoul Cauvin s’en est allé, après plus de 60 ans d’une carrière qui aura marqué le 9ème art et plusieurs générations de bédéphiles.