Avec Meta Carpenter, John Jefferson Selve – qui dirige la revue Possession Immédiate à laquelle Diacritik est toujours très attentive – livre un premier roman puissamment lyrique.
John Jefferson Selve
On l’a désormais compris : chaque nouvelle livraison de Possession immédiate est un événement. Ce splendide volume XI ne déroge pas à cette règle qui offre littérairement, esthétiquement et socialement un vif bouquet de la jeune création contemporaine. Rassemblé par John Jefferson Selve sous le titre « Ton Sauvage est ton Sauveur », ce numéro explore notre présent si troublé et effondré en s’inscrivant contre l’altérophobie et contre l’infatigable narcissisme qui saturent le débat public. D’Alexandra Dezzi à Simon Johannin en passant par Damien Jalet ou Louise Chennevière, Possession immédiate pose les jalons de nouveaux territoires esthétiques et politiques qu’il faut impérativement lire et découvrir.
25 février 2019, 22h10, un texto : Mark Hollis RIP. Comme ça. Vitesse et malséance moderne. Rien d’autre. Je n’arrive pas à enregistrer tout de suite l’information. Quelque chose s’y refuse. Il y a un silence, une pause. Je suis au dehors. Quand j’enregistre enfin, j’interromps tout.
Sans doute, parmi les jeunes revues qui, depuis quelques années, apparaissent de manière flamboyante dans le paysage contemporain, Possession immédiate s’impose-t-elle comme l’une des plus riches et des plus vives.
« Nous avons la sensation qu’une limite a été atteinte », écrit John Jefferson Selve, en ouverture du numéro V de Possession immédiate. Le constat est à la fois politique et linguistique, il est celui d’une tentative de dépossession, de mots vidés de leur sens, aplatis, ternis par leur usage politique ou médiatique — ainsi « courage » et résistance » devenus des « identifiants idéologiques propres au pouvoir ».