Le mot « élites », prisé par les professionnels de l’information, désigne une catégorie de personnes dotée d’une surface sociale et/ou d’une assise financière lui assurant des positions de pouvoir et un capital d’influence inaccessibles à tout individu dont les mérites et les talents n’ont pas été validés par les instances de cooptation propres à cette catégorie (d’où l’impression de circuit fermé).
Barthes
Après Personne ne disparaît, Catherine Lacey publie Les Réponses, récit tout aussi sidérant de maîtrise, précisant les contours d’un univers romanesque singulier, à la fois barré et totalement familier, dans un entre-deux à l’équilibre miraculeux. Mary s’y retrouve au centre d’une expérience étrange, l’XPC, qui vise à décrypter scientifiquement les mystères du sentiment amoureux.
Pour fêter le trou noir provoqué par notre spécialiste du genre, Aurélien Barrau, avec sa tribune publiée jeudi dernier (plusieurs centaines de milliers de nouveaux lecteurs en quelques heures ou le test grandeur nature des capacités d’accueil de notre serveur, on reconnaît là le scientifique), retour sur les enjeux de notre magazine, trois ans après sa création.
Comment reprendre l’ascendant sur sa propre vie moins parce que l’on a été victime d’un attentat, la tuerie de Charlie, que parce que l’on est devenu un patient ? Telle est la question centrale du Lambeau de Philippe Lançon (Gallimard) qui vient d’être couronné du Prix Femina 2018 (et le 7 novembre prix spécial Renaudot)
« Mon cœur pareil à une flamme renversée
Les rois qui meurent tour à tour naissent au cœur des poètes
Dans ce miroir je suis enclos vivant et vrai comme on imagine les anges et non comme sont les reflets » (Guillaume Apollinaire)
Du 20 au 23 septembre prochain aura lieu à Vincennes la neuvième édition du Festival America, centré sur les littératures et cultures d’Amérique du Nord, avec, pour cette année, un focus sur le Canada.
Diacritik a évoqué nombre des auteurs invités et vous propose de les (re)découvrir en amont du festival. Aujourd’hui, Jeffrey Eugenides.
Par quels mots dire l’absence, le vide et le manque ? Ces derniers peuvent-ils autre chose que célébrer une présence à jamais disparue ? Peut-être pas immortelle de Frédéric Boyer ouvre cette béance, quand il faut admettre que « Oui je vais rester là où tu n’es plus ».
Comment reprendre l’ascendant sur sa propre vie moins parce que l’on a été victime d’un attentat, la tuerie de Charlie, que parce que l’on est devenu un patient ? Telle est la question centrale du Lambeau de Philippe Lançon (Gallimard).
Régis Jauffret vient de recevoir le prix Goncourt de la nouvelle pour Microfictions, paru en janvier dernier. Si l’on ne peut que se réjouir qu’un prix littéraire couronne une œuvre fondamentale, on notera cependant combien le jury a soigneusement contourné la mention « roman » portée sur la couverture et, ce faisant, décidé de considérer les Microfictions comme un recueil de 500 histoires et non un volume jouant avec maestria d’une tension entre fragment et flux, d’un (dis)continu et d’un (in)fini.
Voici un livre étonnant. Il rassemble des auteurs aujourd’hui illustres qui, autrefois, ont commencé une thèse universitaire, l’ont poussée loin, puis n’ont pas abouti — renonçant ou échouant. L’auteur, Charles Coustille, inscrit ce propos qui peut paraître anecdotique dans une perspective plus vaste jusqu’à se demander : qu’est-ce qu’une thèse en fin de compte et quelle fut l’histoire de sa version française ? Ou bien encore : qu’est-ce que le thétique, cette belle notion toute embuée de mystère ?
Des boulots, j’en ai fait des dizaines. Des contrats, j’en ai signé de toutes sortes. Depuis deux mois je travaille au château de Versailles en tant qu’agent de surveillance, sécurité et accueil, avant on disait « gardien de musée ». Je suis vacataire, CDD pour quatre mois et après on verra, je suis « employé stand-by », comme on peut lire dans les pièces de Richter.

Depuis quelques jours en France, se dévoile le théâtre désastreux de la misère impondérable de la Réaction politique qui, chose cependant assez nouvelle dans l’histoire immédiate, s’attache pour une fois à l’usage de la langue et à son renouvèlement par l’écriture inclusive. De fait, depuis bientôt un mois, de Jean-Michel Blanquer en passant par Édouard Philippe, chacun (des hommes) fustige l’usage de cette écriture inclusive en se réclamant d’autorité d’un usage unique et normé de la langue, celui rappelé il y a peu par la toujours déjà moribonde Académie française, toujours prompte à sortir de son cénotaphe de la rive gauche pour venir annuler toute forme d’émancipation.

Benoît Peeters (écrivain, directeur des Impressions Nouvelles) et Laurent Demoulin (auteur du tout récent Robinson chez Gallimard) se sont livrés à un brillant et plaisant exercice : un grand entretien à deux, autour des éditions de Minuit et de Jérôme Lindon, que Diacritik, via Jacques Dubois, a le bonheur de publier, en deux parties.
Une salle entière de l’exposition « Être moderne. Le MoMA à Paris » qui se tient à la Fondation Louis Vuitton jusqu’au 5 mars prochain est dédiée à la série Untitled Film Stills (1977-1980) de Cindy Sherman, artiste de la métamorphose, véritable Circé, dont la quête esthétique et artistique prend la forme d’un portrait toujours inachevé, du je en Autre, davantage (auto)fiction qu’autoportrait.
Le fait divers est image : il l’est parce que l’histoire de la presse le lie à l’iconographie, des toiles peintes accompagnant les feuilles occasionnelles aux images télévisées, en passant par les gravures des canards, les illustrations dans les journaux de la seconde moitié du XIXè siècle, les photographies en noir et blanc puis en couleur dans Détective ; parce que les procès sont croqués par des dessinateurs ; parce que des avis de recherche diffusent la photographie d’un suspect, que la police use de fiches anthropométriques, que l’enquête comme l’identification reposent sur l’image.